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MOLNÁR VERA (1924-2023)

L’œuvre de l’artiste française d’origine hongroise Vera Molnár, en dépit de sa parenté avec certains courants de la seconde moitié du xxe siècle – art cinétique, art concret, art minimal, art conceptuel, etc. –, échappe à la classification.

« La chose, explique-t-elle, qui me préoccupe et qui me passionne depuis toujours, c’est l’art de combiner des formes et des couleurs en les disposant sur une surface plane. Les éléments constituants de mon travail sont des formes géométriques des plus simples : carrés, rectangles. […] Il est bien évident que j’éprouve la même fascination à l’égard des mathématiques : ensemble des sciences qui ont pour objet la quantité et l’ordre. On ne peut pas ne pas voir une certaine parenté entre art et mathématiques. Dans le domaine des arts plastiques, la quantité c’est le nombre, la grandeur, les valeurs colorimétriques des éléments constituants, tandis que l’ordre c’est le mode de leur assemblage. » (« L’art et l’ordinateur », 1982)

Née le 5 janvier 1924 à Budapest, Vera Gács entre à l’école des Beaux-Arts de sa ville natale en 1942 avant de séjourner en Italie à la villa Médicis. Elle s’installe définitivement en France en 1947, en compagnie d’un jeune artiste, Ferenc (dit François) Molnár (1922-1993), qui deviendra son époux l’année suivante. Dès ses premières recherches plastiques apparaissent la géométrisation des formes et le recours à des structures élémentaires. À Paris, elle découvre les œuvres de Fernand Léger et de Le Corbusier. Marquée par l’apport théorique des peintres du début du xxe siècle (Kazimir Malevitch, Piet Mondrian), elle radicalise son approche de l’abstraction au profit du minimalisme, de la géométrisation et de l’épure. Elle travaille des formes de papier (demi-cercles, rectangles, tirets, etc.), peintes à la gouache, qu’elle agence de manière variable grâce au collage. Et elle se lie d’amitié avec de nombreux peintres et auteurs tels que Michel Seuphor, Auguste Herbin, Jesús-Rafael Soto, Sonia Delaunay-Terk, Jean Leppien ou François Morellet.

En 1960, Vera Molnár participe, avec notamment Horacio Garcia, Julio Le Parc et François Morellet, au Centre de recherche d’art visuel (futur Groupe de recherche d’art visuel, 1961-1968) dont les travaux portent sur le cinétisme. Cette même année, elle est invitée par l’artiste et architecte suisse Max Bill à participer à l’exposition collective Konkrete Kunst au Helmhaus de Zürich. Elle explore alors, autour des mêmes formes géométriques (cercles, carrés, rectangles), une infinité de variations qui toujours incitent à une réflexion sur les enjeux de la perception. Elle s’intéresse aussi aux possibilités visuelles de la typographie à l’exemple des Deux lettres M (du cycle M comme Malevitch), 1961 (New York, Museum of Modern Art).

Vera Molnár - crédits : Catherine Panchout/ Sygma/ Getty Images

Vera Molnár

La singularité de Vera Molnár dans le paysage de la peinture abstraite réside largement dans sa passion pour les mathématiques et l’invention d’une peinture entièrement contrôlée. Pour y parvenir, elle élabore en premier lieu ce qu’elle appelle la « machine imaginaire » : une suite de procédures conceptuelles – décalages, répétitions, altérations, etc. – qui précèdent la création de l’œuvre. Cette machine imaginaire laisse ensuite place à l’ordinateur, avec l’assistance duquel elle est l’une des premières à travailler à la fin des années 1960. L’apport de la programmation et des algorithmes lui permet de placer, dans un registre souvent ludique, le processus de création au centre de l’œuvre, libérée d’un geste pictural qu’elle estime appartenir au passé. Grâce à l’ordinateur, elle introduit, selon son expression, « 1 % de désordre », un moyen pour elle de déjouer la rigidité de sa propre méthode.

En 1967, Vera Molnár cofonde le groupe Art et Informatique à l’Institut[...]

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Écrit par

  • : docteure en histoire de l'art contemporain, historienne de l'art, auteure

Classification

Média

Vera Molnár - crédits : Catherine Panchout/ Sygma/ Getty Images

Vera Molnár

Autres références

  • CONCRET ART

    • Écrit par
    • 2 723 mots
    • 1 média
    ...Jesús Rafael Soto, dont les tableaux de la première moitié des années 1950 sont fondés sur des répétitions et des progressions, mais aussi les époux Véra et François Molnar dont les travaux visent comme ceux de Morellet à établir les bases d'une « science de l'art ». La dialectique de l'ordre et du...