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VÉGÉTAL

Les limites à la définition de végétal

Si la photosynthèse est une caractéristique des végétaux, celle-ci est aussi pratiquée par d’autres organismes, comme de nombreuses bactéries. Certaines d’entre elles le font à partir d’eau ou de sulfure d’hydrogène. Dans ce dernier cas, la photosynthèse est dite anoxygénique car elle rejette non pas du dioxygène mais du soufre. D’autres, appelées cyanobactéries, sont à photosynthèse oxygénique comme celle des plantes (car l’eau oxydée donne du dioxygène qui est libéré). Les cyanobactéries présentent de remarquables similarités avec les chloroplastes, ce qui a conduit notamment à l’émergence de la théorie endosymbiotique. Cette théorie postule que les chloroplastes des végétaux (du moins ceux de la lignée verte) proviennent de la transformation de cyanobactéries qui ont été capturées (phagocytées) il y a longtemps par une cellule eucaryote hétérotrophe. La comparaison des génomes de chloroplastes et de cyanobactéries a confirmé cette théorie puisqu’on y retrouve des similitudes de séquences génétiques.

Par ailleurs, certaines espèces végétales ont perdu plus ou moins partiellement leurs capacités photosynthétiques au cours de l’évolution, en devenant parasites d’autres espèces végétales. Ces espèces parasites prélèvent, à l’aide d’organes qualifiés de suçoirs, des molécules organiques et minérales dans la sève de leur hôte. Les exemples de plantes parasites sont nombreux : on peut citer les cuscutes, à tiges grêles et rougeâtres parasitant toutes sortes de plantes herbacées ou d’arbustes, ou encore la néottie nid d’oiseau, orchidée brun jaunâtre parasitant notamment le pin au niveau de ses racines. On rencontre également des algues partiellement parasites, comme une algue rouge Polysiphonialanosa qui vit fixée sur l’algue brune – l’ascophylle – et chez laquelle elle prélève notamment des glucides.

Enfin, certains animaux ou champignons peuvent devenir partiellement autotrophes par association symbiotique avec des espèces végétales. C’est le cas des lichens et des coraux, organismes pour les uns terrestres et les autres marins, à grande importance écologique. Un lichen résulte de l’association étroite et durable entre les filaments d’un champignon et de nombreuses algues vertes unicellulaires. Le corail, quant à lui, correspond à de petits animaux coloniaux fixés sur le fond marin peu profond et qui hébergent des algues unicellulaires dans leurs propres cellules. Dans les deux cas, les algues unicellulaires confèrent par la symbiose, une autotrophie (du moins partielle) au champignon ou à l’animal. Du point de vue de leur métabolisme, on pourrait alors considérer les lichens et les coraux comme des organismes végétaux. Pour aller encore plus loin, un exemple original est sans doute celui de l’élysie émeraude (Elysiachlorotica), une limace de mer qui récupère les chloroplastes des algues dont elle se nourrit. Ceux-ci subsistent dans certaines de ses cellules épithéliales et la nourrissent partiellement en continuant à effectuer la photosynthèse.

Les lignées eucaryotes réellement photosynthétiques possèdent des chloroplastes d’origines différentes. Ainsi les plantes terrestres possèdent des chloroplastes qui proviendraient de l’endosymbiose d’une cyanobactérie (dite endosymbiose primaire) alors que, chez certaines algues, le chloroplaste résulterait de l’endosymbiose d’une cellule végétale contenant déjà un chloroplaste (dite endosymbiose secondaire). Ces hypothèses reposent sur le fait que les chloroplastes des végétaux sont différents, par le nombre de membranes qui les entourent, ou encore par les pigments qu’ils contiennent. Par exemple, les chloroplastes des plantes sont entourés de deux membranes (issues d’une endosymbiose primaire) tandis que ceux des algues brunes sont entourés de quatre membranes (issues d’une endosymbiose secondaire).[...]

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Écrit par

  • : professeure agrégée de sciences de la vie et de la Terre, professeure agrégée de biologie à l'université de Cergy-Pontoise
  • : professeur agrégé de sciences de la vie et de la Terre, université de Paris-XIII

Classification

Pour citer cet article

Marie POTAGE et Arnaud VAN HOLT. VÉGÉTAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Euglènes - crédits : Gerd Guenther/ Science photo Library/ AKG-Images

Euglènes

<em>Ginkgo biloba</em> - crédits : Marie Potage

Ginkgo biloba

Forêt de séquoias - crédits : Vincent Chassany

Forêt de séquoias

Autres références

  • ALCALOÏDES

    • Écrit par Jacques E. POISSON
    • 5 686 mots
    • 5 médias
    C'est au début du xixe siècle que les chimistes se sont aperçus que les plantes renferment des substances à réaction alcaline (jusque-là, seuls des produits acides ou neutres avaient été caractérisés), mises en évidence à l'aide de colorants naturels (tournesol, sirop de violette)....
  • ANIMAUX MODES D'ALIMENTATION DES

    • Écrit par René LAFONT, Martine MAÏBECHE
    • 4 312 mots
    S' alimenter de matière organique d'origine végétale s'accompagne d'adaptations anatomiques, physiologiques et comportementales, comme la capacité de surmonter les défenses physiques et chimiques des plantes. Au sein des phytophages, certains animaux vont présenter une spécialisation plus ou moins...
  • BIODÉPOLLUTION

    • Écrit par Sylvain CHAILLOU, Jérôme COMBRISSON
    • 3 000 mots
    Les plantes peuvent également participer à la biodépollution des sols, méthode appelée phytoremédiation. Les polluants organiques sont en effet plus facilement dégradés dans la rhizosphère (volume de sol au voisinage immédiat des racines) que dans le reste du sol, car les micro-organismes y sont beaucoup...
  • BIODIVERSITÉ URBAINE

    • Écrit par Philippe CLERGEAU
    • 2 378 mots
    Les études consacrées aux plantes et/ou aux animaux dans la ville sont relativement récentes puisque les plus anciennes datent du début du xxe siècle. Les premiers inventaires ont concerné les végétaux, puis ce sont les oiseaux qui ont fait l'objet d'observations et d'analyses. Ce n'est qu'à partir...
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Voir aussi