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SYMBIOSE

Le terme symbiose (vie en commun) a été créé par le botaniste allemand H. A. de Bary, en 1879, à propos de l'association d'un champignon et d'une algue dans l'organisme des lichens. Au sens large, la notion de symbiose concerne toutes les formes de relations interspécifiques, depuis l'union réciproquement profitable jusqu'à l'antagonisme parasitaire ; certains auteurs (T. C. Cheng) en traitent encore ainsi. Tous les intermédiaires existent en effet entre la symbiose sensu stricto et le parasitisme ; celui-ci peut évoluer vers la symbiose, et vice versa. Les petits crabes du genre Pinnotheres, qui vivent dans la cavité palléale des Lamellibranches Pinna et Mytilus, se nourrissent des organismes entraînés dans cette cavité par le courant d'eau entretenu par l'hôte : les deux partenaires, qui s'alimentent ensemble, à la même source, vivent en un commensalisme qui est une forme de symbiose ; mais il arrive que les crabes attaquent les tissus du mollusque : la symbiose commensale devient parasitisme. Mais, le plus généralement, on réserve l'appellation de symbiose aux cas d'associations plus ou moins régulières, plus ou moins coopératives, dans lesquelles les relations entre les deux partenaires tendent, pour l'un comme pour l'autre, à un équilibre entre les profits et les pertes, ou sont favorables à l'un des partenaires sans nuire sensiblement à l'autre. Toutefois, parmi ces degrés d'association, les zoologistes distinguent deux catégories, bien que leur limite soit parfois difficile à établir : le mutualisme, synonyme de symbiose, et le commensalisme, association beaucoup moins spécifique. Les phénomènes de symbiose présentent des aspects extrêmement variés ; certains ( coopération et commensalisme chez les animaux, ectosymbiose chez les végétaux et les animaux) sont d'une relative simplicité ; d'autres, très complexes (endosymbiose), faisant intervenir des modifications d'organes, d'organites, des associations de fonctions, posent des problèmes fondamentaux.

Les symbioses artificielles

De nature strictement biochimique, les symbioses artificielles sont très simples. En voici un exemple classique (H. I. Muller et W. H. Schopfer, 1937). Rhodotorula rubra est une levure dont le développement, dans un milieu artificiel synthétique, n'est possible que si ce dernier contient de la pyrimidine, facteur de croissance (vitamine) indispensable à toute cellule : or, la levure ne sait pas fabriquer cette molécule. Mucor ramannianus est une moisissure dont le développement sur un milieu de culture synthétique dépend rigoureusement de la présence de thiazol, facteur de croissance également universel : or, la moisissure ne sait pas construire cette molécule. Mais, si l'on cultive ensemble, sur un milieu sans pyrimidine ni thiazol, la levure et la moisissure, celles-ci se développent parfaitement : la levure diffuse dans le milieu du thiazol que la moisissure utilise et, réciproquement, cette dernière produit de la pyrimidine, que la levure utilise. Chacun des organismes vivant en communauté fournit à l'autre la substance nécessaire que celui-ci ne peut élaborer par suite d'une déficience de son pouvoir de synthèse : les deux déficiences se compensent, comme dans l'association de l'aveugle et du paralytique.

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Pour citer cet article

Pierre CACHAN et Georges MANGENOT. SYMBIOSE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Angiospermes mycotrophes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Angiospermes mycotrophes

Poisson-clown à trois bandes - crédits : Westend61/ Getty Images

Poisson-clown à trois bandes

Fourmi <it>Atta sp.</it> - crédits : Tim Flach/ The Image Bank/ Getty Images

Fourmi Atta sp.

Autres références

  • PARASITISME ET SYMBIOSE

    • Écrit par Didier LAVERGNE
    • 281 mots
    • 1 média

    Au xvie siècle, pour Hieronymus Bock (dit Tragus), les champignons, « enfants des dieux », sont des produits engendrés par l'humidité et la moisissure. Cependant, en 1729, Pier Antonio Micheli recueillait des spores et obtenait un développement du mycélium. Un siècle plus tard, Christian...

  • ALGUES

    • Écrit par Bruno DE REVIERS
    • 4 869 mots
    • 9 médias
    ...association à bénéfice réciproque : protection pour la bactérie (environnement stable) et profit des produits de la photosynthèse pour la cellule hôte. Une telle symbiose, où la coévolution a été poussée au point que 90 p. 100 du génome de la bactérie est passé dans le noyau de la cellule hôte, est qualifiée...
  • ANGIOSPERMES

    • Écrit par Sophie NADOT, Hervé SAUQUET
    • 6 132 mots
    • 8 médias
    ...d’Angiospermes vivent de façon totalement autonome, sans interactions avec d’autres êtres vivants au sein de leur écosystème. Ces interactions peuvent être des relations symbiotiques qui impliquent une interaction physique étroite, des relations mutualistes dans lesquelles chaque partenaire tire un bénéfice de...
  • ANTHOZOAIRES

    • Écrit par Pierre CLAIRAMBAULT, Yves TURQUIER
    • 4 382 mots
    • 6 médias
    En outre, de nombreux Anthozoaires hébergent dans leur endoderme des algues microscopiques ( Zooxanthelles) appartenant aux Dinophyceae (Péridiniales) avec lesquelles s'établit une authentique symbiose. L'étude expérimentale de cette association (Muscatine, 1961) a permis de montrer :
  • BACTÉRIES

    • Écrit par Jean-Michel ALONSO, Jacques BEJOT, Patrick FORTERRE
    • 11 052 mots
    • 3 médias
    ...quantitativement, ainsi que du point de vue des interactions entre les différentes bactéries. Divers types d'interaction correspondent à différentes situations : la symbiose (croissance de deux espèces bactériennes dans un même biotope, à leur profit mutuel) ; le commensalisme, situation dans laquelle le produit...
  • Afficher les 28 références

Voir aussi