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URBANISME Théories et réalisations

Le terme « urbanisme » est une création récente. Il est apparu dans la langue française au cours des années 1910 pour désigner une discipline nouvelle, née des exigences spécifiques de la société industrielle. L'urbanisme se présente alors comme la science de l'organisation spatiale des villes et comporte une double face théorique et appliquée.

Cette discipline s'est progressivement imposée dans le monde entier. On ne peut cependant en saisir la nature, l'originalité et comprendre les problèmes auxquels elle se heurte qu'en la confrontant aux modes traditionnels de production de l'espace urbain et en retraçant sa généalogie.

Précédé, en Europe, par l'art urbain, nourri par la pensée utopique et par les utopies du xixe siècle, l'urbanisme naît en tant que discipline autonome avec la Teoría general de la urbanización (1867) de l'ingénieur architecte espagnol Ildefonso Cerdá (1816-1876). Il se développe selon deux grands courants issus des utopies du xixe siècle. L'urbanisme progressiste, dont les valeurs sont le progrès social et technique, l'efficacité et l'hygiène, élabore un modèle d'espace classé, standardisé et éclaté. L'urbanisme culturaliste, dont les valeurs sont, à l'opposé, la richesse des relations humaines et la permanence des traditions culturelles, élabore un modèle spatial circonscrit, clos et différencié.

Dans son développement, l'urbanisme a connu deux phases distinctes. La première est marquée par une prédominance de la théorie sur la pratique et par l'élaboration très poussée des trois ouvrages pionniers – bien différents – de Cerdá, Sitte (Der Städtebau, 1889) et Howard, le père de la « cité-jardin » (Garden-Cities of Tomorrow, 1898). La seconde, qui s'étend approximativement jusqu'aux années 1960, vit le triomphe du courant progressiste et de l'influence des C.I.A.M. (congrès internationaux d'architecture moderne) auxquels on doit La Charte d'Athènes (1933). Dans un premier temps, correspondant à l'entre-deux-guerres, l'urbanisme demeure cantonné dans la théorie et dans une expérimentation limitée. En revanche, le processus d' urbanisation intense qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a permis à l'urbanisme d'affirmer son statut de discipline appliquée, à l'échelle planétaire, dans les pays développés comme dans le Tiers Monde.

Aujourd'hui, cependant, l'urbanisme est en crise. D'une part, depuis la fin des années 1960, il a fait l'objet d'une double mise en question, portant d'abord sur ses réalisations, puis, surtout, sur ses fondements théoriques. D'autre part, la société post-industrielle et ses technologies de pointe ont transformé les modes de vie, imposé des formes de planification complexes dont l'échelle n'est plus celle de la ville et consacré une urbanisation généralisée dont les formes ne sont plus pour autant urbaines.

Terminologie

Au seuil de sa Teoría, Cerdá précise : « Je vais initier le lecteur à l'étude d'une matière complètement neuve, intacte et vierge. Comme tout y était nouveau il m'a fallu chercher et inventer des mots nouveaux, pour exprimer des idées nouvelles dont l'explication ne se trouvait dans aucun lexique. » Formé sur la racine latine urbs, le terme urbanización lui sert à désigner à la fois le processus d' aménagement de l' espace, quel qu'il soit, planifié ou non, et les lois dont Cerdá estime qu'elles le sous-tendent : « Le fait, dont on attribue généralement l'origine et le développement au hasard, obéit cependant à des principes immuables, à des règles fixes. » La tâche de l'urbaniste (urbanizador) consiste à découvrir ces lois dont le fonctionnement spontané était jusqu'alors demeuré caché, à les intégrer dans une[...]

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Écrit par

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Pour citer cet article

Françoise CHOAY. URBANISME - Théories et réalisations [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Le Panopticon de Jeremy Bentham - crédits : d'après Jeremy Bentham, The works of Jeremy Bentham vol. IV, 172-3

Le Panopticon de Jeremy Bentham

Brasília - crédits : Atlantide Phototravel/ Corbis/ Getty Images

Brasília

Autres références

  • ALBERTI LEON BATTISTA (1404-1472)

    • Écrit par Frédérique LEMERLE
    • 3 110 mots
    • 8 médias
    ...cité idéale a un plan rationnel, avec des édifices régulièrement disposés de part et d'autre de rues larges et rectilignes. Cette nouvelle conception de l'urbanisme, en rupture avec les pratiques médiévales, est liée sans doute à l'essor sans précédent de la cité-république. Alberti reprend la plupart des...
  • ALPHAND ADOLPHE (1817-1891)

    • Écrit par Universalis, Michel VERNÈS
    • 1 674 mots

    Ouvrir de nouveaux espaces, assainir les anciens, créer des jardins, embellir l'ensemble, tels sont les différents gestes d'une même démarche qui ont conduit à faire de Paris une capitale moderne au xixe siècle. Jean-Charles Adolphe Alphand, paysagiste et administrateur français de...

  • ANGIVILLER CHARLES CLAUDE DE LA BILLARDERIE comte d' (1730-1809)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 607 mots
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    La faveur de Louis XVI vaut à d'Angiviller de remplacer, en 1774, le marquis de Marigny comme surintendant des bâtiments du roi. Ses idées sont plus personnelles que celles de son prédécesseur, mais il reconnaît la valeur de l'œuvre accomplie par lui grâce aux sages conseils dont il a su s'entourer...

  • ANTHROPOLOGIE URBAINE

    • Écrit par Thierry BOISSIÈRE
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    L’autre grande école d’anthropologie urbaine est britannique et voit le jour à la fin des années 1930 en Rhodésie du Nord (auj. Zambie), alors dominée par la Grande-Bretagne. Le Rhodes-Livingstone Institute y est fondé en 1937, avec pour mission d’étudier les changements affectant les sociétés d’Afrique...
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