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TROUBLES BIPOLAIRES

L’appellation troubles bipolaires est apparue dans la troisième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III), publiée en 1980. Elle a succédé, sans en être un synonyme exact, à psychose maniaco-dépressive définie par le psychiatre allemand Emil Kraepelin.

La première description clinique de ces troubles remonte au xviie siècle. Théophile Bonet, médecin genevois, utilise alors le mot composé manico-melancholicus pour présenter l’alternance entre manie et dépression. Il est le premier à faire le lien entre les deux tableaux extrêmes de la maladie que constituent ces deux troubles. En 1854, Jules Baillarger, médecin aliéniste, élève de Jean-Étienne Esquirol, qui sera pendant trente ans médecin-chef à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris, et président de l’Académie de médecine en 1878, décrit ce qu’il appelle « la folie à double forme ». La même année, Jean-Pierre Falret, également médecin aliéniste au sein de cet hôpital, propose l’expression « folie circulaire ». Il parle ainsi « d’une folie périodique dans laquelle les périodes de manie, de mélancolie et de lucidité se succèdent régulièrement ». Mais c’est le psychiatre allemand Emil Kraepelin qui unifie en 1921 les troubles bipolaires. Ils sont alors regroupés avec les troubles dépressifs dans une même classe, appelée troubles affectifs, lesquels réunissent « un ensemble de troubles consistant en une perturbation de l’humeur associée à un syndrome dépressif ou maniaque, complet ou partiel, qui n’est dû à aucun autre trouble physique ou mental ».

Désormais, les classifications internationales comme la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) et la onzième version de la Classification internationale des maladies (CIM-11) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) distinguent les troubles de l’humeur unipolaires et bipolaires, dont l’évolution et la prise en charge diffèrent. Ainsi, le DSM-5 comprend la catégorie « troubles bipolaires et troubles connexes » qui regroupe : les troubles bipolaires de type 1 ; les troubles bipolaires de type 2 ; la cyclothymie ; le trouble bipolaire associé à une autre affection médicale ; le trouble bipolaire dû à un abus de substance ; le trouble bipolaire non classé ailleurs.

La distinction clinique entre les troubles bipolaires et les autres troubles affectifs repose sur la présence d'épisodes maniaques ou hypomaniaques récurrents qui alternent avec des épisodes dépressifs. Le trouble bipolaire de type 1 est défini par l’existence chez une personne d'épisodes maniaques manifestes couplés à une élation de l’humeur, une réduction du besoin de sommeil, une irritabilité ou encore une désinhibition extrême. Des symptômes psychotiques, tels que des idées délirantes ou des hallucinations, surviennent fréquemment. Du fait de leur gravité, ces épisodes peuvent compromettre le fonctionnement psychosocial au point qu'une hospitalisation est presque toujours nécessaire. L’hospitalisation fait d’ailleurs partie des critères de diagnostic du trouble de type 1. Le trouble bipolaire de type 2 se caractérise principalement par des épisodes de dépression, mais qui alternent avec des périodes d’hypomanie et non pas de manie. La présence d'au moins un épisode hypomaniaque dans une trajectoire de vie est considérée comme cohérente avec le diagnostic de trouble bipolaire de type 2. Le trouble cyclothymique s'exprime, quant à lui, par des états subdépressifs et subhypomaniaques récurrents, d'une durée d'au moins deux ans, qui ne satisfont pas au seuil diagnostique d'un épisode affectif majeur.

À ce jour, il n’existe aucun marqueur biologique permettant de confirmer ce diagnostic. C’est souvent l’analyse clinique fine, combinée à l’étude de l’évolution du trouble, qui le permet.[...]

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Pour citer cet article

Djamila BENNABI et Emmanuel HAFFEN. TROUBLES BIPOLAIRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PSYCHIATRIE DE LA PERSONNE ÂGÉE

    • Écrit par Frédéric LIMOSIN
    • 5 743 mots
    Au niveau mondial, le trouble bipolaire de type I ou II affecte 0,5 à 1 % des sujets âgés de plus de 60 ans. En France, les données issues de l’enquête ESPRIT précédemment évoquée donnent une prévalence ponctuelle du trouble bipolaire de 0,4 %.
  • PSYCHOPHARMACOLOGIE

    • Écrit par Nicolas HOERTEL, Pierre LAVAUD
    • 7 007 mots
    Trois familles de psychotropes ont des effets stabilisateurs de l’humeur et sont indiquées dans le trouble bipolaire : les sels de lithium, les antiépileptiques et les antipsychotiques. Un stabilisateur de l'humeur idéal est efficace dans le traitement des épisodes maniaques et dépressifs survenant...
  • RÉHABILITATION PSYCHOSOCIALE

    • Écrit par Denis MAQUET
    • 6 484 mots
    ...liée à des troubles de l’humeur : « la folie circulaire ». Falret remarque que cette maladie, qu’on nommera plus tard psychose maniaco-dépressive, puis trouble bipolaire, est caractérisée par une phase d’invasion, puis une période d’état maniaque ou dépressif, suivie le plus souvent d’une rémission. Il...
  • TROUBLES DÉPRESSIFS

    • Écrit par Emmanuelle CORRUBLE
    • 4 342 mots

    Les dérèglements de l’humeur ont été décrits dès l’Antiquité. La théorie des humeurs, formalisée par Hippocrate de Cos,puis par Galien, évoque ainsi l’intoxication par la bile noire (en grec, melaskhôlé, d’où, en latin, melancolia). Selon la définition du psychiatre et écrivain...

Voir aussi