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TRAITÉ DE PHYSIQUE, Jacques Rohault

Le Traité de physique de Jacques Rohault, dont la parution originale date de 1671, connut un grand succès. Publié à six reprises en français jusqu’en 1730, il paraît pour la première fois en latin à Genève en 1674, puis à cinq autres reprises à Londres, à partir de 1702. Au moment de sa première parution en français, René Descartes est mort depuis plus de vingt ans et Rohault s’est institué le propagateur de la physique cartésienne. Trente ans plus tard en Angleterre, ses éditions en latin, sans doute pour atteindre un plus grand nombre de lecteurs, sont cette fois accompagnées de commentaires d’un ardent défenseur de la physique d’Isaac Newton, Samuel Clarke. Le second ouvrage de Rohault, les Entretiens sur la philosophie, daté également de 1671, développe le Traité sur un mode plus philosophique. Cette seconde vague de publication puis l’arrêt des éditions du Traité de physique après 1730 reflètent la perte d’influence de Rohault au début du xviiie siècle, face à la montée en puissance de la physique newtonienne. La cohabitation de la physique de Descartes et de celle de Newton pendant quelques dizaines d’années, à laquelle l’ouvrage de Rohault a largement contribué, a ainsi alimenté un débat philosophique et scientifique majeur entre ces « deux physiques ».

Le physicien français Jacques Rohault est né à Amiens en 1618, ou en décembre 1617, dans une famille aisée. Après des études classiques chez les jésuites, il se forme lui-même à la physique et aux mathématiques, acquérant une notoriété telle qu’il devient le professeur de mathématiques du Dauphin et des princes de Conti. Son enseignement est très orienté vers la géométrie et tout particulièrement vers les applications civiles et militaires de cette discipline. Autodidacte également en philosophie, il semble y avoir été initié par Claude Clerselier, admirateur de Descartes, dont Rohault a épousé la fille.

Jacques Rohault applique ses talents de pédagogue à l’enseignement des grandes expériences de la physique de son temps, répétant par exemple à Notre-Dame de Paris la démonstration de la pesanteur de l’air réalisée par Blaise Pascal à la tour Saint-Jacques. Cet enseignement expérimental (pour lequel Rohault fabrique lui-même ses instruments) se pérennise sous la forme de réunions hebdomadaires, les « mercredis de Rohault ». Lors de chacune de ces réunions, Rohault réalise une expérience inspirée par la physique de Pascal ou celle de Descartes, ou parfois encore la sienne, et la commente avec ses auditeurs. C’est à cette occasion qu’il devient propagateur de la physique cartésienne, prise de position qui, compte tenu de sa notoriété, contribue à l’importance accordée au cartésianisme. Il meurt à Paris en 1672.

Le Traité de physique est ainsi la continuation de ce travail pédagogique et expérimental, une sorte de mise en forme de cet enseignement. Rohault se montre alors, selon l’expression de Trevor McClaughin, spécialiste de l’œuvre de Rohault, un philosophe expérimentateur au même titre que Gassendi ou Pascal, ou encore de nombreux membres de la toute jeune Académie des sciences. Le Traité de physique dédié à « Son Altesse le duc de Guise » affiche ses intentions dès la préface : « Les expériences sont donc nécessaires pour l’établissement de la physique. » Il développe ensuite quatre parties bien délimitées, chacune marquée par cette volonté de démonstration expérimentale. Il s’y ajoute des données relatives à la circulation du sang et surtout au magnétisme, pour lequel il recourt à une combinaison d’affinités. Il interprète les résultats expérimentaux essentiellement selon les textes de Descartes et de Copernic. Cependant, Rohault ne suit pas rigoureusement les interprétations de Descartes et accentue leur côté mécaniciste. Comme le Traité est facile d’accès, il est probable que sa[...]

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Gabriel GACHELIN. TRAITÉ DE PHYSIQUE, Jacques Rohault [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • THERMODYNAMIQUE - Histoire

    • Écrit par Arthur BIREMBAUT
    • 8 826 mots
    • 3 médias
    ...rejettent les notions du chaud ou du froid en soi et considèrent que les expériences sont nécessaires pour l'établissement de la physique comme science. Jacques Rohault (1620-1671) indique en outre dans son Traité de physique, publié en 1671 : « L'air que nous avons attiré par la respiration peut estre...

Voir aussi