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CLARKE SAMUEL (1675-1729)

Philosophe et théologien anglais, disciple et ami de Newton, Samuel Clarke joua un rôle important dans la substitution de la physique newtonienne à la physique cartésienne au sein des universités anglaises. Il fut admiré comme prédicateur et il est connu pour ses conférences (les Boyle Lectures, instituées par testament par le physicien Boyle), prononcées à Saint Paul en 1704 et en 1705, ainsi que pour ses échanges de lettres avec Leibniz.

En théologie, Clarke écrivit un Discours sur l'être et les attributs de Dieu, les obligations de la religion naturelle, la vérité et la certitude de la religion chrétienne, en réponse à Hobbes, Spinoza[...] et autres négateurs de la religion naturelle et de la religion révélée (A Demonstration of the Being and Attributes of God[...], 1705). Il y fait usage d'une méthode aussi proche de la méthode mathématique que le permet le sujet. Il reprend à nouveaux frais le problème des preuves de l'existence de Dieu, s'écartant des preuves traditionnelles pour offrir « un seul et même argument dans une chaîne de propositions ». La première se formule ainsi : « Il est absolument et indéniablement certain que quelque chose a existé de toute éternité. » La deuxième : « Un être unique, immuable et indépendant a existé de toute éternité. » La troisième, la plus importante et la plus discutée : « Cet être immuable et indépendant qui a existé de toute éternité sans que son existence ait une cause extérieure doit être existant par lui-même, c'est-à-dire nécessairement existant. » Les difficultés résident, naturellement, dans ce passage de l'« existant par lui-même » à « l'existant nécessairement ».

En philosophie morale, Clarke polémique contre le relativisme et le conventionnalisme de Hobbes. Il estime que les choses ont entre elles des relations nécessaires et éternelles. La morale chrétienne coïncide avec la loi de la nature et l'ordre des choses.

Fervent partisan de Newton, Clarke prend la défense de ce dernier dans plusieurs œuvres. La plus connue est la correspondance avec Leibniz (texte original en français publié par A. Robinet, sous le titre Correspondance Leibniz-Clarke, Paris, 1957). L'occasion en fut une remarque de Leibniz sur la contribution de la physique newtonienne au déclin de la religion naturelle en Angleterre. L'accusation fut prise au sérieux par Newton et ses disciples, fermement convaincus, d'une part, que la physique newtonienne mettait en évidence le rôle de Dieu dans la conservation de l'Univers, d'autre part, que le christianisme tirait une part de sa plausibilité de ses affinités avec la religion naturelle. Leibniz attaquait Newton sur deux points essentiels : la notion d'espace et de temps absolus et la notion de gravité ; il y opposait l'idée de l'espace comme ordre de coexistence des choses et le temps comme ordre de leur succession. Un espace absolu conçu comme séparé de toutes les choses aurait des parties indistinctes, indifférenciées, sans principe d'ordre, sans « principe de raison suffisante » au sens leibnizien du terme. Leibniz attaque aussi le concept de gravité comme étant une survivance de la notion scolastique abhorrée d'action à distance sans intermédiaire. Il soutient que la gravité doit être expliquée soit comme l'opération de quelque qualité dans les corps créés, soit comme l'acte de la volonté de leur créateur (harmonie préétablie) ; sinon, la gravité paraît être un miracle continu. Cet échange a permis à Clarke un exposé philosophique précis des principes de la pensée de Newton.

L'ensemble des œuvres de Clarke a été publié à Londres en quatre volumes sous le titre The Works of Samuel Clarke (1738-1742).

— Françoise ARMENGAUD

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université, docteur en philosophie, maître de conférences à l'université de Rennes

Classification

Pour citer cet article

Françoise ARMENGAUD. CLARKE SAMUEL (1675-1729) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TRAITÉ DE PHYSIQUE, Jacques Rohault

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 742 mots

    Le Traité de physique de Jacques Rohault, dont la parution originale date de 1671, connut un grand succès. Publié à six reprises en français jusqu’en 1730, il paraît pour la première fois en latin à Genève en 1674, puis à cinq autres reprises à Londres, à partir de 1702. Au moment de sa première...

Voir aussi