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TNS (Théâtre national de Strasbourg)

C'est le bâtiment construit entre 1888 et 1892 par les architectes Hartel et Neckelman, pour accueillir les sessions de la Délégation régionale, puis du Parlement d'Alsace-Lorraine en 1911, qui abrite aujourd'hui le seul théâtre national implanté en province. Après la Première Guerre mondiale, le Conservatoire s'installe dans le bâtiment et la salle du Parlement est transformée en salle de concert, jusqu'à sa destruction par un bombardement allié en septembre 1944. Sur son emplacement, l'architecte-scénographe et théoricien Pierre Sonrel construit en 1952 un théâtre de 760 places, en adaptant le concept de la salle à l'italienne. Cette réalisation, qui sera inaugurée sous le nom de Théâtre de comédie en 1957, marque la matérialisation d'un projet culturel régional amorcé depuis 1946.

Dans le contexte de l'après-guerre et pour effacer la germanisation imposée par l'Occupation, des troupes itinérantes participent dans l'est du pays à la réimplantation de la culture et de la langue française. Parmi elles, on retrouve quelques pionniers de la décentralisation comme André Clavé, Léon Chancerel, Louis Ducreux. À l'automme 1946, les municipalités de Colmar, Mulhouse et Strasbourg s'engagent dans la création d'un syndicat intercommunal destiné à la gestion d'un théâtre avec création d'une troupe régionale. Avec le soutien de Jeanne Laurent, sous-directrice des spectacles au secrétariat d'État aux Beaux-Arts, cette structure est promue au rang de Centre dramatique de l'Est (C.D.E.), avant de devenir le premier Centre dramatique national dès 1947, avec pour objectifs des représentations de qualité produites par une troupe stable, et la formation de comédiens. Sous la direction d'André Clavé et en l'absence de lieu adéquat à Strasbourg, le C.D.E. s'installe à Colmar avec un premier spectacle mis en scène par Roland Piétri, le 11 janvier 1947, et ouvre son école d'art dramatique dont la formation est destinée « aux jeunes comédiens qui pourront être appelés à participer à l'effort artistique actuel et futur du C.D.E. ». Cette intitiative sera confortée par Michel Saint-Denis, successeur d'André Clavé en 1953, avec la création de l'École supérieure d'art dramatique en 1954, qui s'installe dans les locaux encore inachevés du théâtre de Strasbourg pour prodiguer un enseignement véritablement professionnel. En juillet 1957, Hubert Gignoux prend la direction du Centre dramatique de l'Est qui s'installe à Strasbourg dans le théâtre construit par Sonrel. Il réalise quelques créations remarquées (dont Mille Francs de récompense de Victor Hugo ou La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt), et développe à travers les Tréteaux du C.D.E. des tournées en milieu rural régional.

À l'ouverture de la saison 1968-1969, sur décision d'André Malraux, ministre des Affaires culturelles, le Centre dramatique de l'Est devient Théâtre national de Strasbourg. En 1971, confronté a des difficultés budgétaires de fonctionnement insuffisamment couvertes par les subventions, Hubert Gignoux démissionne, et laisse place pour une brève période à Jacques Fournier, remplacé en juillet 1972 par André-Louis Périnetti. Ce dernier développe une programmation de spectacles invités et une délocalisation des représentations dans différents lieux de la ville, avant de prendre la direction du Théâtre national de Chaillot en 1974. C'est durant cette période que le T.N.S., par décret du 31 mai 1972, devient établissement public dépendant directement du ministère des Affaires culturelles. Entièrement financé par l'État, ses directeurs sont nommés par le président de la République. Avec l'arrivée en janvier 1975 de Jean-Pierre Vincent entouré d'un collectif artistique (Bernard[...]

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Pour citer cet article

Jean CHOLLET. TNS (Théâtre national de Strasbourg) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • L'ÂGE DES POSSIBLES (P. Ferran)

    • Écrit par Jean COLLET
    • 1 552 mots

    À première vue, voici un film comme tant d'autres ; un film de jeune, sur les jeunes, encore... À la réflexion, il s'agit d'un joyau dont la singularité se révèle inépuisable. On est loin de tout, et pourtant on se sent chez soi, en terrain familier. On dirait que Pascale Ferran...

  • CLÉVENOT PHILIPPE (1942-2001)

    • Écrit par Didier MÉREUZE
    • 769 mots

    L'acteur Philippe Clévenot fut l'une des figures les plus représentatives du théâtre contestataire des années 1960-1970, politique et civique, marqué au double sceau de la création collective et de la conquête d'un nouveau public.

    C'est en applaudissant Jean Vilar et Gérard...

  • ENGEL ANDRÉ (1947- )

    • Écrit par David LESCOT
    • 921 mots

    Philosophe de formation, André Engel abandonne l'enseignement pour rejoindre le Théâtre de l'Espérance de Jean-Pierre Vincent et de Jean Jourdheuil. Il participe à la réalisation de Dans la jungle des villes, de Brecht (1972), puis signe la mise en scène de Don Juan et Faust, de...

  • GIGNOUX HUBERT (1915-2008)

    • Écrit par Didier MÉREUZE
    • 845 mots

    L'histoire d'Hubert Gignoux, c'est celle des Jean Vilar, Jean Dasté, Roger Planchon. Celle des pionniers de la décentralisation, hérauts d'un « théâtre service public » qui, pour se vouloir populaire, s'est toujours montré d'une exigence et d'une éthique exemplaire....

Voir aussi