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ORGANISATIONS THÉORIE DES

La théorie actionniste des organisations

La théorie actionniste est issue des travaux de Talcott Parsons et, plus lointainement, de ceux du grand sociologue allemand Max Weber. Tout système social – et l'organisation en est un – peut être compris à partir de l' action des différents agents qui le composent. Celle-ci est signifiante : l'acteur obéit à des mobiles, à des motifs, poursuit une fin qu'il s'est préalablement fixée, compte tenu des objectifs organisationnels et de ses visées propres. L'auteur auquel il est classique de se référer et qui est le premier à avoir abordé le problème de cette manière est Chester Barnard (1938). Il distingue système coopératif et organisation : dans celui-là, la fin de l'action collective est fixée par les différents acteurs, et ne dépend que d'eux, tandis que, dans celle-ci, elle est préétablie à l'avance et en dehors des agents dont la seule tâche est de la réaliser. Toute organisation est un système coopératif, mais l'inverse n'est pas vrai : tout système coopératif n'est pas une organisation. Des amis qui se réunissent ensemble pour jouer au football constituent un système coopératif ; les employés d'une firme sont les agents d'une organisation dont la structure, les fins et le système des rôles et statuts ont été prédéterminés et dans laquelle ils s'insèrent. Le problème des organisations, pour Barnard, est de constituer un système, c'est-à-dire de réaliser l'intégration de ses membres, et de parvenir à la meilleure adaptation possible à l'environnement. Pour ce faire, il convient, en particulier, de concilier, dans la mesure du possible, efficacité et efficience de l'action. Une action est efficace lorsqu'elle atteint les buts qu'elle s'est fixés ; elle est efficiente si elle donne satisfaction aux mobiles et aux motifs individuels des acteurs. Comme le note Barnard, une action peut être efficace sans être efficiente, mais elle ne peut être efficiente sans être efficace. Dans la lignée des travaux de Barnard s'inscrivent de nombreuses recherches. En France, M. Crozier, dans Le Phénomène bureaucratique et dans L'Acteur et le Système (écrit en collaboration avec E. Friedberg), a également voulu construire une théorie de l'action, appliquée aux organisations. March et Simon, de leur côté, apparaissent encore plus nettement comme des élèves de Barnard : ils insistent sur le fait que les acteurs, individus et organisations, contrairement à ce qu'affirment l'économie et la théorie rationaliste classique de la décision, ne choisissent pas, dans une situation donnée, la solution optimale, mais seulement une solution satisfaisante, c'est-à-dire qui soit telle que les dépenses nécessaires à la mise en œuvre des moyens qu'elle recommande pour atteindre le but soient inférieures aux recettes que celui-ci permet d'obtenir. S'opposant encore à l'économie classique, March et Simon remarquent que les possibilités de choix ne peuvent être déterminées par l'acteur, a priori et d'une manière purement abstraite, car elles varient avec la situation dans laquelle il se trouve. L'organisation, comme l'agent en son sein, ne recherche pas la meilleure adaptation à l'environnement, mais une adaptation satisfaisante à celui-ci. Une fois le but fixé, l'organisation, ou plus généralement l'agent, met en place un « schéma d'exécution » qui décrit les « processus opératoires standards » à mettre en place pour l'efficacité de l'action. Comme MacGregor et Argyris, ils recommandent de laisser aux employés une « latitude discrétionnaire d'action » dans le cadre de ce schéma.

Si March et Simon développent, dans Les Organisations, l'idée d'une « rationalité limitée de l'organisation »,[...]

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Écrit par

  • : agrégé de philosophie, assistant à la faculté des lettres de Reims

Classification

Pour citer cet article

René DAVAL. ORGANISATIONS THÉORIE DES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ADMINISTRATION - La science administrative

    • Écrit par Jacques CHEVALLIER, Danièle LOCHAK
    • 3 208 mots
    ...l'analyse du modèle d'organisation bureaucratique par Max Weber) et aux praticiens de la gestion comme Taylor ou Fayol, précurseurs du management moderne : Taylor cherche à fonder scientifiquement l'organisation du travail dans l'entreprise afin d'obtenir un rendement optimal et un profit maximal, Fayol s'attache...
  • ADMINISTRATIVE BEHAVIOR, Herbert A. Simon - Fiche de lecture

    • Écrit par Catherine QUINET
    • 959 mots

    Au début des années 1940, il existe au sein des sciences administratives américaines un accord sur quatre principes supposés garantir la bonne gestion des affaires publiques ou des entreprises : la spécialisation des tâches ; l'unité de commandement ; la limitation de l'aire de contrôle d'un supérieur...

  • BUREAUCRATIE

    • Écrit par Michel CROZIER
    • 4 267 mots

    Le mot « bureaucratie » est un des termes clefs du vocabulaire des sciences sociales contemporaines. Autour du problème (ou des problèmes) de la bureaucratie se poursuit depuis près d'un siècle un débat des plus animés. Mais le terme lui-même – et c'est peut-être ce qui a fait sa fortune – n'a pas reçu...

  • COASE RONALD HARRY (1910-2013)

    • Écrit par Françoise PICHON-MAMÈRE
    • 1 310 mots

    C'est seulement à l'âge de quatre-vingt-un ans que Ronald H. Coase, professeur émérite de l'université de Chicago, se vit attribuer le prix Nobel d'économie, à la fois pour ses travaux sur la nature des organisations et pour ses analyses sur les modalités de certaines régulations...

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Voir aussi