Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DELMORE BROTHERS THE

Par leurs idées musicales constamment en avance sur leur temps, les Delmore Brothers occupent une place centrale dans l'histoire de la musique américaine : leur influence a été énorme sur le cours de la country music à partir des années 1930 et ils ont contribué de manière décisive à façonner le bluegrass et le rock'n'roll. Ils laissent une œuvre considérable et originale qui sera reprise par des artistes aussi divers que les Boswell Sisters, Bob Dylan, Lonnie Johnson ou B. B. King.

Les deux frères Delmore naissent à Elkmont, au cœur de l'Alabama profond (Alton le 25 décembre 1908, Rabon le 3 décembre 1916), dans une famille très pauvre mais férue de musique ; leur mère compose des hymnes religieux. Alton et Rabon sont aussi influencés par un bluesman noir habitant près de chez eux et qui les initie à la guitare et au fiddle. Ils vont ainsi mélanger avec audace mais bonheur l'influence d'éléments venus du gospel des petites communautés chrétiennes blanches du Sud avec le blues et le ragtime. Les parties de guitare qui s'entremêlent, se séparent, s'écartent et se retrouvent sont remarquables et confèrent à leur musique une fraîcheur et une modernité étonnantes, toujours sensibles aujourd'hui. Cette formule fera leur succès. Alton, qui travaille beaucoup la guitare, adopte le jeu en flatpicking des jazzmen (c'est-à-dire note après note, avec l'aide d'un plectre), qui n'est alors pas très répandu, et devient rapidement un remarquable guitariste dans ce style. Il prend avec lui son cadet Rabon et lui fait jouer de la guitare ténor à quatre cordes, l'ancêtre de la basse électrique.

En 1931, les Delmore Brothers entament une fructueuse carrière discographique qui leur permet d'animer des émissions de radio à travers tous les États-Unis ; la plus célèbre est celle du Grand Ole Opry de Nashville. Leur popularité est vite considérable. Avec son approche très moderne, mariant le blues aux variétés de l'époque, ses harmonies vocales parfaites et l'interaction très originale des guitares, le duo égrène les succès : Brown's Ferry Blues ; Gonna Lay Down My Old Guitar ; Blow Yo' Whistle Freight Train... Après la Seconde Guerre mondiale, les Delmore sont aussi parmi les tout premiers à saisir les changements de goût des jeunes sudistes et, contrairement à tous leurs concurrents, leur carrière va connaître un second souffle spectaculaire. Avec le puissant Hillbilly Boogie en 1945, que suivront une kyrielle d'autres boogie-woogies à la guitare, ils lancent véritablement le country boogie, un genre qui annonce et inspirera le rock'n'roll sudiste. Leur association avec l'harmoniciste Wayne Raney donnera un caractère encore plus bluesy à tous leurs disques de la période 1945-1952, qui culmine en 1949 avec Blues Stay Away From Me, qui connaît un gigantesque succès dans tous les États-Unis.

Les Delmore Brothers auraient sans nul doute trouvé leur place dans le panthéon des pionniers du rock'n'roll – auprès d'Elvis Presley, de Carl Perkins ou de Wanda Jackson – si les années sur la route n'avaient pesé si lourd : les deux frères sont des alcooliques invétérés, leurs disputes sont incessantes. Quand Rabon meurt le 4 décembre 1952 (à Athens, en Alabama), vétéran tout juste âgé de trente-six ans, Alton décide d'abandonner la musique et de s'acheter un bar au Texas. Mais la musique des Delmore Brothers demeure populaire ; elle est interprétée par nombre d'artistes de tous les horizons et trouve encore un second souffle avec le folk boom du début des années 1960. Pressé de remonter sur scène, Alton va se produire et enregistrer brièvement avec son fils Lionel. Il se consacrera surtout à la rédaction de son autobiographie, restée inachevée et qui ne sera publiée, éditée par l'historien Charles K.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Gérard HERZHAFT. DELMORE BROTHERS THE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi