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TERRITOIRE, éthologie

Dans les différentes classes de Vertébrés, les structures sociales ont évolué sous la pression de deux exigences : d'une part, multiplier les contacts et la coopération entre individus pour la recherche de nourriture, l'utilisation d'abris, la reproduction, l'élevage et la protection des jeunes, ce qui explique la complexité croissante des relations au sein du couple temporaire ou durable, de la cellule mère-petits, de la famille, du groupe multifamilial ; et, d'autre part, assurer la dispersion des individus dans l'habitat, de façon que la population se maintienne à un niveau compatible avec les ressources limitées du milieu.

Au sein des groupes sociaux plus ou moins structurés répondant à ces deux impératifs, les contacts entre individus sont fondés chez les Vertébrés sur le fait que chaque sujet maintient autour de lui un espace de sécurité où aucune intrusion du voisin n'est tolérée. Cette distance individuelle est due à la double tendance à approcher le congénère et à s'en tenir éloigné ; elle détermine l'espacement des sujets. Elle varie selon les espèces, les saisons, l'heure, le lieu, la nature des activités en jeu, les circonstances. Elle diminue en présence d'un danger commun : un banc de poissons ou un vol d'étourneaux se resserrent en présence d'un prédateur ; celui-ci parti, chacun reprend ses distances. Elle est plus grande lorsqu'il y a compétition pour les places au dortoir, le choix d'un perchoir, l'accès au point d'eau ou à une source de nourriture. Plus grande à l'égard d'un étranger que vis-à-vis d'un voisin ou d'un autre membre du groupe, elle dépend donc de la connaissance individuelle des partenaires. Enfin, lorsqu'une composante sexuelle s'ajoute à la double tendance d'approche et d'évitement chez un mâle, la distance individuelle diminue vis-à-vis des femelles et augmente vis-à-vis des mâles concurrents.

Rouge-gorge - crédits : Andrew_Howe/ Getty Images

Rouge-gorge

Ce principe de la distance critique régissant les rapports entre individus s'exprime chez les Vertébrés sous deux formes principales : la hiérarchie et la territorialité. Dans la hiérarchie sociale, système très fréquent chez les Vertébrés nomades, les rapports entre les différents membres du groupe sont réglés par des relations de subordination et dominance, certains sujets dominant les autres, selon des modalités variables (hiérarchies de rang, de classe) chaque fois qu'il y a compétition pour le choix d'un itinéraire, l'accès aux femelles, ou l'utilisation d'une source de nourriture. Cette hiérarchie réduit et canalise l' agressivité entre les membres du groupe, chacun connaissant exactement son rang. Dans la territorialité, un sujet, un couple ou un groupe s'installent en un lieu dont ils défendent l'accès aux individus de même espèce et surtout de même état physiologique. Les modalités en sont extrêmement variées ; certains territoires sont défendus toute l'année, comme chez le rouge-gorge ; la plupart sont temporaires et limités à la période de reproduction. La territorialité présente, sur la hiérarchie, l'avantage que chaque sujet est dominant chez lui. Il est familiarisé avec cet environnement dont il connaît tous les repères ; il en connaît mieux que les voisins toutes les possibilités et ressources. Inversement, dès qu'il s'éloigne de son domaine et pénètre chez le voisin, il perd sa dominance et se met en situation d'infériorité. Hiérarchie et territorialité ainsi que leurs combinaisons (comme la société territoriale hiérarchisée) ont pour effet de réserver à une fraction de la population les meilleures conditions de vie et de reproduction : dans la hiérarchie, celles-ci sont réservées aux individus dominants, qui ne sont d'ailleurs pas nécessairement les mêmes pour les différentes activités ; dans la territorialité, elles sont réservées aux individus cantonnés, par opposition aux individus non[...]

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Pour citer cet article

Jean-Claude RUWET. TERRITOIRE, éthologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Crapauds - crédits : Christoph Burki/ The Image Bank/ Getty Images

Crapauds

Rouge-gorge - crédits : Andrew_Howe/ Getty Images

Rouge-gorge

Caméléon - crédits : Mike Severns/ The Image Bank/ Getty Images

Caméléon

Autres références

  • GRANDS SINGES

    • Écrit par Victor NARAT
    • 6 656 mots
    • 10 médias
    ...sociales proches, des différences majeures existent. Les chimpanzés sont plus territoriaux et patrouillent régulièrement le long des frontières de leur territoire (bien que ce ne soit pas observé chez toutes les communautés) contrairement aux bonobos qui sont plus tolérants et peuvent se nourrir sur un...
  • MAMMIFÈRES

    • Écrit par Pierre CLAIRAMBAULT, Robert MANARANCHE, Pierre-Antoine SAINT-ANDRÉ, Michel TRANIER
    • 10 795 mots
    • 20 médias
    La notion de territoire, qui n'est pas particulière aux Mammifères, est facile à préciser chez ces derniers, où le territoire proprement dit représente la zone défendue par l'occupant contre les congénères ; ses limites font généralement l'objet d'un marquage odorant. Le domaine vital est la zone régulièrement...
  • PHÉROMONES

    • Écrit par Charles DESCOINS
    • 5 572 mots
    Les droits territoriaux, qu'ils appartiennent à un animal solitaire ou à un groupe, sont généralement délimités par des marques odorantes spécifiques déposées grâce à l' urine et aux fèces, ou aux sécrétions de glandes exocrines spécifiques comme les sacs anaux des carnivores...
  • PRIMATES

    • Écrit par Bertrand L. DEPUTTE
    • 22 942 mots
    • 12 médias
    Chez les Prosimiens nocturnes, la socialité est définie par différentes modalités de recouvrements des domaines vitaux,voire des territoires (Bearder, 1987) au sens où un territoire est un domaine vital dont les frontières sont définies et défendues, ce qui ramène aux structures définies précédemment....

Voir aussi