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SUN YAT-SEN (1866-1925)

Le fondateur de la République

L'initiative de la révolte qui éclate à Wuchang le 10 octobre 1911 appartient non pas à Sun, mais à de jeunes officiers qui sont rapidement amenés à faire appel à la collaboration de notables locaux dont l'opposition au pouvoir impérial traduit surtout des préoccupations conservatrices. Alors que la dissidence s'étend aux provinces centrales et méridionales, Sun et la Ligue jurée réussissent à prendre le contrôle partiel du mouvement. Grâce à l'appui de la grande bourgeoisie shanghaïenne, ils créent un second centre révolutionnaire à Nankin : comme souvent en Chine, la lutte pour le pouvoir se traduit par un déplacement géographique du centre de gravité politique. L'organisation d'un gouvernement national provisoire, inauguré le 1er janvier 1912 et dont Sun reçoit la présidence, marque le début d'une ère nouvelle : l'an I de la République chinoise. Mais cette tentative de régime parlementaire à l'occidentale ne survit guère au départ de Sun, obligé de démissionner dès avril 1912 en faveur de Yuan Shikai. La provocation policière et l'assassinat politique permettent à l'ancien ministre des Mandchous d'écraser rapidement l'opposition constitutionnelle que dressent contre lui Sun et son nouveau parti : le Guomindang ; les fonds étrangers l'aident à vaincre en 1913 le soulèvement armé des provinces centrales et méridionales et à établir sa dictature. Toutefois, l'arrivée au pouvoir de Yuan Shikai ne saurait ramener la révolution de 1911 à un simple changement dynastique conforme au schéma cyclique de l'historiographie chinoise traditionnelle. Sun n'a pas réussi à ancrer dans la réalité le mythe vacillant d'une république dont il a emprunté le modèle à l'Occident. Mais les principes dont s'inspire alors son action se sont assez largement imposés aux esprits pour écarter toute éventualité de restauration impériale, pour faire coïncider la chute de la dynastie avec celle d'un régime millénaire. Le vide ainsi créé provoque à brève échéance une certaine régression et précipite la Chine dans l'âge sombre du militarisme et de la guerre civile ; mais à long terme, il appelle des solutions nouvelles dont Sun le premier semble avoir eu l'intuition.

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Écrit par

  • : maître assistant à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

Marie-Claire BERGERE. SUN YAT-SEN (1866-1925) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Sun Yat-sen - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Sun Yat-sen

Sun Yat-sen et les sépultures des Ming - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Sun Yat-sen et les sépultures des Ming

Autres références

  • PREMIÈRE RÉPUBLIQUE CHINOISE

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 259 mots
    • 1 média

    Élu président de la République chinoise à Nankin le 1er janvier 1912, Sun Yat-sen (1866-1925), fondateur en 1905 de la Ligue jurée (Tongmenghui), mouvement républicain et nationaliste, prend temporairement la tête de la révolte contre la cour impériale et le pouvoir de la dynastie mandchoue qui,...

  • BORODINE MIKHAÏL MARKOVITCH GROUZENBERG dit (1884-1951)

    • Écrit par Georges HAUPT
    • 300 mots

    Principal agent du Komintern en Chine dans les années vingt, Borodine joua un rôle important dans la réorganisation du Guomindang et dans l'application de la politique de la IIIe Internationale en Chine. Borodine avait rejoint les rangs du Parti social-démocrate russe (bolchevik) en 1903....

  • CANTON ou GUANGZHOU [KOUANG-TCHEOU]

    • Écrit par Jean CHESNEAUX, Jean DELVERT
    • 1 140 mots
    • 2 médias

    Canton (Guangzhou), capitale du Guangdong, est située à 60 kilomètres de la mer, au pied d'une colline rocheuse isolée au milieu de la plaine d'alluvions du Xijiang, à l'extrémité de l'estuaire formé par ce fleuve, ainsi que par son affluent le Beijiang et par le Dongjiang. Cet estuaire, le Zhuijiang...

  • CHINE - Histoire jusqu'en 1949

    • Écrit par Jean CHESNEAUX, Jacques GERNET
    • 44 594 mots
    • 50 médias
    ...de progrès, mais manquaient de toute base populaire ; les autres étaient liés au peuple, mais regardaient vers le passé. Le mouvement républicain, avec Sun Yat-sen (Sun Zhongshan), va s'efforcer de dépasser cette contradiction et de donner une assise populaire à la cause du progrès politique et social....
  • HONG KONG

    • Écrit par Jean-Philippe BÉJA, Pierre SIGWALT
    • 12 698 mots
    • 7 médias
    ...propriété et les droits des individus, fut aussi un lieu de liberté d'expression dont le cœur battait au même rythme que celui du peuple chinois. C'est à partir de l'île où il avait fait ses études de médecine que Sun Yat-sen dirigea nombre de soulèvements contre les Mandchous au tournant du ...
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Voir aussi