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SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

Aperçu historique

Mouvement d'une corde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mouvement d'une corde

Quoique certaines sommes de séries trigonométriques aient déjà été calculées par L. Euler (cf. analyse harmonique), on peut considérer que l'histoire des séries trigonométriques remonte à la solution, donnée par D.  Bernoulli, du problème des cordes vibrantes. Le problème est de calculer le mouvement d'une corde, de longueur l, fixée en ses extrémités, et qui est soit écartée de sa position d'équilibre et lâchée (corde de guitare), soit frappée de façon à lui imprimer, en ses différents points, des vitesses de déplacement latéral (corde de piano).

L'équation des cordes vibrantes, qui concerne le déplacement latéral y(x, t ) (supposé petit) au temps t du point x de la corde, est :

les conditions initiales imposent :
et respectivement :
pour la corde pincée, et :
pour la corde frappée. D'Alembert et Euler avaient découvert la solution générale, sous la forme :
f est une fonction périodique et de période 2 l qui, dans le premier cas, est impaire et égale à ϕ/2 sur [0, l]et, dans le second cas, est paire et primitive de ψ/2 ω sur [0, l]. Pour des raisons physiques évidentes, D. Bernoulli pensait pouvoir écrire la solution sous la forme d'une série d'harmoniques solutions de l'équation des cordes vibrantes, c'est-à-dire :
dans le premier cas et, dans le second cas,

Mais cela supposait, par exemple dans le premier cas, que l'on puisse écrire ϕ(x) sous la forme :

Comment une fonction ϕ (x) arbitraire pourrait-elle se résoudre en une somme de fonctions sinus d'arcs multiples ? Les meilleurs mathématiciens de l'époque (1750) ne le croyaient pas possible.

La question ne fut reprise que cinquante ans plus tard, par Fourier, à l'occasion de la théorie analytique de la chaleur (1822). L'équation en cause est ici :

y est la température au temps t et au point x d'une barre maintenue à température fixe (par exemple 0) aux extrémités, et une solution formelle en est :
sorte que :

De nouveau, on est amené à tenter d'écrire une fonction donnée sous forme d'une série trigonométrique. Fourier donne une série d'exemples, fondés sur des formules du type (8). Il conclut, un peu rapidement, que les séries trigonométriques obtenues sont convergentes, qu'elles ont bien pour somme les fonctions données et qu'ainsi sont levées les objections faites à D. Bernoulli.

Il n'en est rien. Mais une bonne part de l'analyse mathématique allait sortir de cette intuition de Fourier.

L'étape décisive est l'admirable mémoire de 1829 où P. G.  Lejeune-Dirichlet donne le premier théorème de convergence de séries de Fourier. Après avoir établi, pour une fonction f monotone et continue entre 0 et h, la formule :

Dirichlet montre que, pour toute fonction f monotone et continue par morceaux sur le tore T, les sommes partielles SN(t ) de la série de Fourier de f convergent, en tout point t, vers :

moyenne des valeurs limites de f à droite et à gauche de t. Cela résulte de (9) et de l'importante formule :
où :

Dans la dernière intégrale (10), DN joue le rôle d'un noyau de convolution. On l'appelle, naturellement, le noyau de Dirichlet.

L'intérêt du travail de Dirichlet n'est pas seulement dans le résultat, ni dans la méthode – qui est fort belle. On peut considérer que le concept moderne de fonction remonte à ce mémoire. Auparavant, une fonction était donnée soit par une expression analytique, soit par une représentation graphique. Au contraire, pour Dirichlet, la fonction n'est qu'une loi qui à chaque valeur x de la variable fait correspondre f (x). Pour expliquer, par exemple, que les intégrales (8) n'ont de sens que pour certaines fonctions, Dirichlet considère une fonction ϕ égale à a pour x rationnel et à b pour x irrationnel, a étant différent de b. Avec le concept[...]

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Pour citer cet article

Jean-Pierre KAHANE. SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Mouvement d'une corde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mouvement d'une corde

Autres références

  • CANTOR GEORG (1845-1918)

    • Écrit par
    • 2 886 mots
    • 1 média
    Une fonction périodique d’une variable réelle s’écrit-elle de manière unique comme série convergente de fonctions trigonométriques ? Heinrich Eduard Heine (1821-1881), collègue de Cantor à Halle, pose cette question. Cantor la résout affirmativement pour le cas des fonctions continues dans son mémoire...
  • FOURIER JOSEPH (1768-1830)

    • Écrit par
    • 1 849 mots
    ..., les résultats sont de deux ordres : d'une part, la résolution des équations aux dérivées partielles en attribuant aux conditions aux bornes l'importance qui leur revient, d'autre part, la représentation d'une «  fonction arbitraire » par unesérie trigonométrique.
  • HARMONIQUE ANALYSE

    • Écrit par
    • 5 540 mots

    Lorsqu'on fait vibrer, dans des conditions idéales, une corde de longueur l, fixée en ses extrémités d'abscisses 0 et l, l'équation aux dérivées partielles :

    est vérifiée, où u(x, t) est une fonction dont la valeur représente, à l'instant t, le déplacement transversal,...

  • LA VALLÉE-POUSSIN CHARLES JOSEPH DE (1866-1962)

    • Écrit par
    • 229 mots

    Mathématicien belge, né à Louvain et mort à Bruxelles. Charles J. de La Vallée-Poussin enseigna à l'université de Louvain de 1891 jusqu'à sa retraite. Il fut membre de l'Académie belge (1909), membre associé étranger de l'Académie des sciences (1945), membre honoraire de la London Mathematical...

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