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SEFER HA-BAHIR

Traité anonyme, le premier à adopter le langage et les idées symboliques caractéristiques de la littérature kabbalistique qui s'étend du xiiie au xvie siècle. Il est attribué à une autorité connue du Talmud, Rabbi Nehunya ben ha-Kana. Sa forme littéraire est celle d'un midraš, ensemble d'exégèses symboliques de passages bibliques attribués à des personnages talmudiques et aussi à des docteurs qui ne sont pas connus par ailleurs. L'état actuel du traité semble confirmer les traditions d'auteurs du xiiie siècle, selon lesquelles l'ouvrage leur est parvenu en manuscrits fragmentaires. Plusieurs sections semblent incomplètes, et toutes sont juxtaposées sans cadre littéraire ni composition apparente. Sa langue est un mélange d'hébreu et d'araméen, d'une interprétation souvent difficile en raison des formules elliptiques, insolites ou obscures.

L'importance fondamentale de ce traité tient à ce qu'il comporte un vocabulaire symbolique dont seront tributaires tous les écrits relevant de la kabbale. Ce vocabulaire, déduit d'interprétations scripturaires, s'applique en premier lieu aux attributs divins, les dix sefirot, devenues ici les puissances créatrices de Dieu. C'est du domaine des sefirot, appelé symboliquement « l'arbre mystique » ou « l'arbre de la Sagesse », que procède toute la Création. Les spéculations sur les sefirot ont des affinités avec la théorie des gnostiques sur les éons divins. Il n'est pas encore établi si ces affinités reflètent des liens historiques réels entre les sources du Bahir et la littérature gnostique, ou s'il s'agit de phénomènes analogues qui se sont développés parallèlement, d'une façon spontanée, en deux milieux parallèles.

Le livre Bahir est apparu dans le sud de la France au xiie siècle et a peut-être été rédigé sur place à cette époque à partir de sources dont une partie semble être identifiée (Sefer Raza Rabba) ; plusieurs problèmes concernant ses origines restent cependant encore sans solution.

— Gabrielle SED-RAJNA

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Pour citer cet article

Gabrielle SED-RAJNA. SEFER HA-BAHIR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • KABBALE

    • Écrit par François SECRET, Gabrielle SED-RAJNA
    • 7 223 mots
    ...spéculations ésotériques apparaît au xiie siècle, en Europe cette fois, dans plusieurs centres, dont chacun est le foyer d'un courant particulier. L'un des documents les plus importants pour l'évolution de la mystique, et celui dont le transfert en Europe semble être à l'origine du renouveau doctrinal,...
  • LIVRE DE LA SPLENDEUR, KABBALE JUIVE

    • Écrit par Gérard NAHON
    • 220 mots

    À côté de la Torah et du Talmud axés sur les aspects juridiques et moraux, enseignés publiquement dans les académies, un courant mystique réservé à des initiés se développe à partir de la fin du second temple (70) et durant le Moyen Âge : la Kabbale ou tradition. Des cénacles kabbalistes...

Voir aussi