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RÉVOLUTION ANGLAISE SECONDE, dite GLORIEUSE RÉVOLUTION (1688)

Le débarquement de Guillaume d'Orange à Torbay, le 5 novembre 1688, donne le signal d'une révolution aussi remarquable par sa brièveté que par sa portée : le 22 décembre, le roi Jacques II s'enfuit en France, où Louis XIV lui ménage une généreuse hospitalité au château de Saint-Germain. Réuni à partir du 22 janvier 1689, un Parlement Convention règle en moins de cinq mois les principaux problèmes constitutionnels et religieux. Malgré le soulèvement de l'Irlande, qui exige une campagne militaire de plus d'un an, une victoire écrasante sur les rives de la Boyne le 1er juillet 1690 et un traité spécial signé à Limerick en 1691 seulement, la révolution proprement dite a duré moins de sept mois.

Par ses origines, elle rappelle la Grande Rébellion (première révolution anglaise). Comme son père, Charles Ier, Jacques II a cherché à développer son autorité royale, à limiter les interventions du Parlement, à se doter d'une armée permanente de près de 30 000 hommes, à organiser des finances indépendantes de toute sanction extérieure (grâce aux douanes et à l'excise) ; il a prétendu limiter l'autonomie des commissaires locaux et, en particulier, celle des juges de paix ; la crainte d'une évolution absolutiste du régime a contribué fortement à lui susciter des adversaires. Plus que le Stuart exécuté en 1649, Jacques II a justifié le soupçon d'être un suppôt du « papisme » et de favoriser le retour de l'Angleterre dans le giron romain : lui-même catholique avoué, il a favorisé ses coreligionnaires par l'octroi de dispenses individuelles du Test, leur permettant ainsi d'entrer dans l'administration et surtout dans l'armée ; bien plus, le 4 avril 1687, puis le 27 avril 1688, il a promulgué une « déclaration d'indulgence » portant dispense générale, au profit des dissidents protestants comme des catholiques romains, de toutes les mesures discriminatoires existantes et a prétendu imposer la lecture de cette déclaration dans toutes les églises anglicanes. Il a provoqué ainsi la révolte de l'épiscopat — dont sept membres ont été traduits en justice et acquittés par le jury (30 juin 1688) — et a réalisé contre lui l'« impossible » alliance des anglicans et des non-conformistes, ces derniers plus sensibles à l'antipapisme qu'aux espoirs d'une tolérance fallacieuse !

Quelques faits distinguent la Glorieuse Révolution de 1688 de la précédente. La relative prospérité économique limite les antagonismes sociaux et permet aux élites de prendre sans inquiétude la tête d'une grande révolte : l'aristocratie et la gentry sont cette fois très généralement hostiles au souverain. L'intervention de l'étranger s'est révélée décisive : l'appel à Guillaume d'Orange, gendre protestant de Jacques II, a reçu un bon accueil dans les Provinces-Unies, menacées par les ambitions de Louis XIV et désireuses de se ménager l'alliance anglaise et d'écarter tout rapprochement entre deux rois également catholiques et autoritaires. Ayant réalisé contre lui-même l'union de la majorité du peuple et des élites politiques, entre autres des deux partis whig et tory, Jacques II a été abandonné par ses généraux, et la guerre sur le sol anglais a été très brève. Convoqué par Guillaume, le Parlement a délibéré librement et n'a pas été soumis aux intolérables pressions qui s'étaient exercées sur le Long Parlement.

La révolution aboutit à des décisions majeures. En violation de la légitimité dynastique, on confie le trône conjointement à Guillaume III et à son épouse Marie II. Le principe de la foi protestante du souverain sera définitivement confirmé en 1701, ce qui crée, pour près d'un siècle, un conflit entre « jacobites » légitimistes et héritiers de la révolution. Acceptée[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Roland MARX. RÉVOLUTION ANGLAISE SECONDE, dite GLORIEUSE RÉVOLUTION (1688) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JACQUES II (1633-1701) roi d'Angleterre (1685-1688) et roi d'Écosse sous le nom de JACQUES VII (1685-1688)

    • Écrit par Universalis, John P. KENYON
    • 992 mots

    Roi d'Angleterre (1685-1688) et roi d'Écosse sous le nom de Jacques VII (1685-1688), né le 14 octobre 1633 à Londres, mort le 16 septembre 1701 à Saint-Germain-en-Laye.

    Fils de Charles Ier (1600-1649) et d'Henriette Marie de France (1609-1649, fille d'Henri IV et de Marie de Médicis),...

  • RÉVOLUTIONS ANGLAISES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 479 mots

    1629 Charles Ier, roi depuis 1625, dissout son troisième Parlement et inaugure une période de gouvernement personnel. Signature de la paix avec la France et, l'année suivante, avec l'Espagne.

    1637 Tentative d'introduction du Common Prayer Book anglican à Édimbourg. Les troubles...

  • ROYAUME-UNI - Histoire

    • Écrit par Universalis, Bertrand LEMONNIER, Roland MARX
    • 43 835 mots
    • 66 médias
    La « Glorieuse Révolution » naît d'une conspiration d'aristocrates et d'évêques, de leur appel à un prince étranger, Guillaume d'Orange, gendre de Jacques, qui débarque ses troupes à Torbay, dans le Devon, le 7 novembre 1688, et de la prompte désertion de la plupart des soutiens escomptés du roi. Celui-ci,...
  • WHIGS

    • Écrit par Roland MARX
    • 462 mots

    Nom donné, à partir des années 1679-1680, à la fraction libérale de la classe politique anglaise. Celle-ci fut baptisée par ses adversaires du nom de révoltés écossais du début de la Restauration ; une nuance péjorative de banditisme et de violence y est attachée. Soupçonnés de nourrir les plus...

Voir aussi