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WHIGS

Nom donné, à partir des années 1679-1680, à la fraction libérale de la classe politique anglaise. Celle-ci fut baptisée par ses adversaires du nom de révoltés écossais du début de la Restauration ; une nuance péjorative de banditisme et de violence y est attachée. Soupçonnés de nourrir les plus noirs desseins contre la personne royale au temps du conflit de l'exclusion, les whigs reçoivent peu après leurs lettres de noblesse en participant à la révolution de 1688. Adeptes enthousiastes des idées de John Locke, ils proclament leur attachement à l'idée de contrat, à la distinction des pouvoirs, aux principales libertés civiques. Bénéficiant des compromissions de certains de leurs adversaires tories avec les prétendants jacobites, ils deviennent de plus en plus, en particulier sous les premiers Hanovre, les principaux serviteurs et bénéficiaires du pouvoir, sous la direction de Premiers ministres comme Robert Walpole et William Pitt l'aîné (le futur Chatham). Les prétentions autoritaires de George III, après 1760, les écartent du trône et l'affaire américaine creuse le fossé. Divisés et démoralisés, les whigs sont aussi les victimes de l'évolution sociale et idéologique : méfiants à l'égard du peuple, certains se rapprochent volontiers des tories contre le radicalisme, puis contre les risques d'une propagation de l'épidémie révolutionnaire venue de France. Edmund Burke symbolise bien cette évolution après 1789 et au temps de William Pitt le jeune, guide du mouvement tory.

Au début du xixe siècle, le « whiggisme » prend les allures d'un courant aristocratique, qui accepte l'héritage de 1688 mais refuse toute concession aux masses radicales et même à la nouvelle bourgeoisie urbaine. Les whigs contribuent de mauvais gré au succès de la réforme de 1832 et mènent ensuite un long combat de retardement contre toute nouvelle extension du droit de vote. Ils se séparent ainsi de plus en plus des fractions plus audacieuses de leur parti, bientôt ralliées au nouveau nom de libéraux. Constituant une aile droite peu à peu restreinte du mouvement libéral, les whigs seront totalement défaits par les nouvelles réformes parlementaires de 1867 et de 1884-1885, qui permettront le renouvellement décisif des élites politiques, ainsi que par les réformes internes du parti libéral au temps de Gladstone. Le triomphe relatif de l'idée démocratique, en 1885, constitue l'acte de décès véritable du whiggisme. Ensuite, le nom de whigs sera encore parfois employé pour désigner les libéraux, mais il aura perdu son sens originel.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Roland MARX. WHIGS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ADDISON JOSEPH (1672-1719) & STEELE RICHARD (1672-1729)

    • Écrit par Alexandre MAUROCORDATO
    • 2 675 mots
    ...pour les deux hommes la période la plus brillante de leur carrière. Sans doute, sur le plan politique, leur fortune suit-elle les fluctuations du parti whig dans les dernières années du règne d'Anne Stuart. Après la mort du prince Georges, Richard Steele est nommé directeur de la presse du royaume ; il...
  • DURHAM JOHN GEORGE LAMBTON comte de (1792-1840)

    • Écrit par Universalis
    • 567 mots

    Homme politique britannique, whig et réformiste, né le 12 avril 1792 à Londres, mort le 28 juillet 1840 à Cowes, sur l'île de Wight.

    Fils d'un grand propriétaire du comté de Durham, John George Lambton devient député whig à la Chambre des communes en 1813, où il siège jusqu'en 1828. Il...

  • FOX CHARLES JAMES (1749-1806)

    • Écrit par Roland MARX
    • 354 mots

    Fils d'un homme d'État opportuniste et bien en cour, Charles Fox commence sa carrière politique dans les rangs du clan autoritaire de lord North, le plus fidèle soutien du roi d'Angleterre George III. Bien que parvenu aux honneurs ministériels dès 1770, il rompt bientôt avec les ...

  • GREY CHARLES (1764-1845)

    • Écrit par Roland MARX
    • 353 mots

    Originaire d'une grande famille aristocratique anglaise, qui lui vaut d'hériter en 1807 du titre de comte, député du comté de Northumberland à vingt-deux ans, Charles Grey fut pendant toute sa carrière politique un libéral modéré, très réservé à l'égard des courants les plus radicaux au sein du parti...

  • Afficher les 15 références

Voir aussi