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VAUGHAN SARAH (1924-1990)

Sassy Swings Again

Le 18 septembre 1947, Sarah Vaughan épouse George Treadwell – trompette dans le sextette de J. C. Heard –, qui sera le premier de ses trois maris mais restera longtemps son manager. Elle décide alors de voler de ses propres ailes et devient rapidement la vedette des cabarets, concerts et festivals, où l'accompagnent au piano Jimmy Jones (d'octobre 1954 à janvier 1958) puis Ronnell Bright (1958-1960, puis 1963) et Kirk Stuart (1961-1963). La France l'accueille pour la première fois en 1951. Depuis la fin des années 1940, Sarah Vaughan alterne le jazz et un répertoire plus commercial, comme son succès Broken-hearted Melody (1958). Mais, avec elle, la romance populaire la plus fade et la plus convenue retrouve une inattendue noblesse. Ils ne s'y sont pas trompés ces grands musiciens qui se l'arrachent : Quincy Jones, Roy Haynes, Jimmy Cobb, Richard Davis, Count Basie, Miles Davis, Herbie Mann, Paul Quinichette, Cannonball Adderley, Kai Winding, Benny Carter... À partir du début des années 1960, les grands orchestres symphoniques américains – ceux de Boston, de Cleveland, de Los Angeles, de San Francisco – se battent pour jouer avec elle. Sarah Vaughan, qui était apparue au festival d'Antibes en 1963, meurt le 3 avril 1990 dans sa maison de Hidden Hills, dans le comté de Los Angeles.

Ella Fitzgerald est née de la vague du swing, Sarah Vaughan surgit de celle du bop. Dotée d'une stupéfiante technique vocale, elle montre la plus étourdissante virtuosité. Une tessiture exceptionnelle lui permet des sauts de registre d'une rare amplitude. Habitée par le génie de l'improvisation, Sarah Vaughan est capable de toutes les audaces. Le scat le plus acrobatique semble fuser sans effort. Elle se révèle tout aussi admirable dans les ballades sophistiquées. Une extraordinaire maîtrise du volume et de la sonorité de sa voix ouvre devant elle une palette qui va du murmure aux effets de growl. Mais par-dessus tout plane cet inimitable timbre voilé dont la sensualité exercera longtemps encore un charme – au sens fort du terme – contre lequel il serait vain de se défendre.

— Pierre BRETON

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Classification

Pour citer cet article

Pierre BRETON. VAUGHAN SARAH (1924-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Sarah Vaughan, 1957 - crédits : Bob Parent/ Hulton Archive/ Getty Images

Sarah Vaughan, 1957

Autres références

  • JAZZ

    • Écrit par Philippe CARLES, Jean-Louis CHAUTEMPS, Universalis, Michel-Claude JALARD, Eugène LLEDO
    • 10 992 mots
    • 25 médias
    ...maître de la batterie, et Ray Brown reprend, à la contrebasse, la place souveraine qu'avait tenue, à la période précédente, Jimmy Blanton. Une chanteuse, enfin, à la voix sensuelle et étonnamment ductile, tire un profit séduisant des trouvailles du bop :Sarah Vaughan (Sassy's Blues).
  • Lover man, VAUGHAN (Sarah)

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 312 mots

    Née dans un environnement familial qui favorise la musique, Sarah Vaughan (1924-1990) apprend à chanter et à jouer du piano dès son plus jeune âge. En 1943, après avoir remporté le concours pour amateurs organisé par l'Apollo de Harlem, elle est engagée dans le grand orchestre de Earl...

Voir aussi