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SCHEIDT SAMUEL (1587-1654)

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Une œuvre musicale entre tradition et modernité

L'œuvre de Scheidt – environ sept cents numéros connus – comprend deux tiers de chorals et un tiers d'œuvres liturgiques, ou encore environ 50 p. 100 de musique vocale et 50 p. 100 de musique instrumentale. Plus de cent madrigaux sont perdus.

Sa production assure la synthèse entre les œuvres de musiciens de l'Allemagne du Nord, la science du contrepoint et de la variation codifiée par les musiciens francoflamands et néerlandais – que lui avait enseignée Sweelinck à Amsterdam – et le nouveau style concertant venu d'Italie, développé – entre autres – par Michael Praetorius, mettant l'accent sur l'exégèse du texte religieux, l'emploi des instruments concertants, des madrigalismes et du chant orné. Les Concerti sacri I, avec basse continue – un ensemble instrumental à huit voix dans un style différent pour les ensembles de solistes (concertino) et le chœur (ripieno) – et avec instruments obligés recherchant l'opposition entre les cordes et les vents et la différenciation des coloris, illustrent la transition de la technique du motet vers le style concertant.

Scheidt s'est imposé dans l'histoire de la musique allemande, à côté de Schütz et de Schein, en tant que créateur de la variation pour orgue à partir de thèmes de chorals luthériens (par exemple, avec les chorals de la deuxième partie de sa Tabulatura nova, traités en bicinium, en tricinium, en imitation, avec des combinaisons de thèmes).

Il respecte la tradition dans la technique de la variation à la manière de Sweelinck et avec toute la rigueur polyphonique requise. Il exploite la modernité en empruntant au ricercare italien la construction contrapuntique avec plusieurs thèmes, les formes canoniques, les principes de l'augmentation ou de la diminution, et le style concertant. Son œuvre appartient au patrimoine musical allemand et luthérien.

Il n'a exercé ses activités d'organiste, de maître de chapelle et de compositeur pour ainsi dire qu'à Halle. Ses compositions restent dans le sillage de Sweelinck ; il est d'abord conservateur en restant fidèle au culte latin dans sa ville natale, mais il exploitera le choral rimé, lorsque le culte de la cour sera relayé par le culte paroissial en ville. Il a laissé une musique à usage pratique : Tabulatura nova, Ludi musici, Görlitzer Tabulaturbuch (représentant le pendant du Cantionale de Johann Hermann Schein). Il a eu pour élèves Gottfried Amling, Adam Krieger, Gottfried Scheidt (son frère cadet, qui a aussi été l'élève de Sweelinck) et Christian Scheidt, à Halle. Son œuvre a été largement diffusée en Thuringe et en Saxe.

Tout en acceptant la modernité, Samuel Scheidt respecte la tradition en se considérant comme « dépositaire de la méthode et des anciennes règles de composition ». En ce sens, il occupe une place originale parmi les « trois S ».

— Edith WEBER

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, professeur à l'Institut catholique de Paris, docteur ès lettres et sciences humaines

Classification

Pour citer cet article

Edith WEBER. SCHEIDT SAMUEL (1587-1654) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Autres références

  • SCHEIN JOHANN HERMANN (1586-1630)

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    • 1 694 mots
    ...Cantor und Musicus zu Leipzig » et, en 1618, dans son recueil Opella nova, « Director Musicus » et « Director musici chori ». Depuis Weissenfels, il est lié d'amitié avecSamuel Scheidt, et avec Heinrich Schütz, qui, lors de la mort de Schein, en 1630, composera un motet funèbre.