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SAINT-OFFICE CONGRÉGATION DU ou CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI

Nom donné par Pie X, lors de sa grande réforme de la curie romaine, en 1908, à un organisme central (Congregatio Sancti Officii) qui se trouve être l'héritier de la Sacrée Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle, créée par Paul III, en 1542, pour lutter contre les progrès du protestantisme (constitution Licet ab initio), mais sans rapport direct avec l'Inquisition médiévale. Cette institution, qui s'appelle désormais Congrégation pour la doctrine de la foi, a subi une nouvelle réforme par Paul VI, qui l'avait annoncée à la veille de la clôture du IIe concile du Vatican ; au cours de celui-ci, en effet, les Pères avaient émis de vives critiques contre les méthodes suivies par le Saint-Office : ils les jugeaient trop autoritaires, voire inquisitoriales (1965). Jean-Paul II a confirmé la réforme de Paul VI.

L'institution, fondée par Paul III (peut-être pour contrebalancer l'Inquisition espagnole et pour soustraire aux évêques la répression des hérésies) et réformée par Pie X, a tenu un grand rôle dans la vie de l'Église en précisant et en défendant la doctrine et la pratique chrétiennes. L'Inquisition romaine, dont les papes successifs ont fait un usage plus ou moins rigoureux, doit à certains de ses actes de passer pour un organisme qui fut particulièrement répressif : exécution de Giordano Bruno (1600), condamnation du système de Copernic (1616), procès de Galilée (1632). La Congrégation du Saint-Office elle-même a porté de nombreuses condamnations ou interdictions, dont certaines sont demeurées célèbres (par exemple l'interdiction pour les catholiques d'entrer au Parti communiste sous peine d'excommunication).

Le secret du Saint-Office est particulièrement rigoureux, et celui qui l'enfreint est puni très sévèrement. De la nouvelle congrégation le pape n'est plus préfet ; elle est dirigée, comme les autres organismes de la curie, par un cardinal-préfet, lequel est assisté d'un secrétaire et d'un sous-secrétaire, ainsi que d'un promoteur de justice chargé de veiller au bien commun à l'instar d'un officier du ministère public. Des consulteurs pris dans le monde entier pour leur compétence doctrinale donnent leur avis aux membres de la congrégation. La Congrégation pour la doctrine de la foi a la même compétence que l'ancien Saint-Office, mais sa procédure (administrative ou judiciaire) tient désormais compte des droits légitimes de l'accusé, qui ne peut être condamné avant d'avoir été entendu.

La congrégation est compétente pour toutes les questions qui regardent la foi et la morale et toutes celles qui sont connexes à la foi ; elle examine les nouvelles doctrines et opinions publiques et condamne celles qui se révèlent contraires aux principes de la foi, après avoir consulté les évêques concernés ; elle examine les livres qui lui sont soumis (mais l'Index n'entraîne plus que des obligations morales, il a perdu son caractère juridique), elle défend la dignité du sacrement de pénitence et doit connaître tout ce qui a trait au privilège de la foi (en matière de mariage). Enfin, elle entretient des relations avec la Commission biblique pontificale et la Commission pontificale de théologie. Son rôle est donc de « garantir la doctrine de la foi et des mœurs dans le monde catholique tout entier ». Cette institution, qui n'a pas d'équivalent parmi les organisations relevant des gouvernements des diverses nations, ne peut se justifier, dans son principe, que par la mission magistérielle de l'Église.

— Jean PASSICOS

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Pour citer cet article

Jean PASSICOS. SAINT-OFFICE CONGRÉGATION DU ou CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BENOÎT XVI JOSEPH RATZINGER (1927-2022) pape (2005-2013)

    • Écrit par Universalis, Raymond WINLING
    • 2 491 mots
    • 1 média
    En 1977, Paul VI promeut Joseph Ratzinger archevêque de Munich-Freising et, la même année, il le crée cardinal. En 1981, Jean-Paul II le nomme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l'ancien Saint-Office.
  • INDEX LIBRORUM PROHIBITORUM

    • Écrit par Hervé LEGRAND
    • 311 mots

    À la fin du xvie siècle, surtout pour contrecarrer l'avancée du protestantisme, la papauté décida d'établir la liste officielle des livres dont la lecture était en principe interdite aux fidèles, à cause des dangers qu'elle pouvait représenter pour la foi ou les mœurs. Elle incluait...

  • JOURNAL D'UN THÉOLOGIEN. 1946-1956 (Y. Congar)

    • Écrit par Christian HERMANSEN
    • 1 047 mots

    Depuis le décès du frère dominicain Yves Congar (1904-1995), le gros livre réalisé avec l'aide de quelques collaborateurs par Étienne Fouilloux, professeur d'histoire contemporaine à l'université Louis-Lumière-Lyon II, doit être considéré comme un témoignage précieux pour l'historiographie catholique...

  • KÜNG HANS (1928-2021)

    • Écrit par Raymond WINLING
    • 1 201 mots

    Théologien catholique né le 19 mars 1928 à Sursee (Suisse), Hans Küng fait ses études de philosophie et de théologie à l'Université grégorienne de Rome. Il est ordonné prêtre en 1954. Tour à tour assistant à Münster (1959-1960), professeur de théologie fondamentale (1960-1963), puis de théologie...

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