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CURIE ROMAINE

Née du rôle que l'évêque de Rome a été amené à assumer dans l'ensemble des Églises, la curie s'est développée en même temps que ce rôle et a d'ailleurs contribué à l'augmenter encore. Le terme vient du latin curia (cour), qui désignait le lieu où les sénateurs romains prenaient les décisions concernant l'État. L'Église a gardé ce mot pour l'appliquer à l'ensemble des organismes du gouvernement pontifical, mais aussi au gouvernement d'un diocèse ou d'une congrégation religieuse (curie diocésaine ou généralice). À l'origine composée de secrétaires puis de juges (les auditores, qui constitueront l'auditorium sous Jean XXII au xiiie siècle), la curie romaine a été peu à peu organisée en dicastères correspondant aux divers besoins de l'Église (le plus ancien est la Sacrée Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle, créée par Paul III en 1542). Le pape Sixte Quint en a fait la première réforme générale : quinze congrégations étaient constituées, neuf pour les affaires spirituelles de l'Église, six pour les États pontificaux (1587). Pie X a réduit leur nombre à onze.

Paul VI a promu une nouvelle réforme générale de la curie conformément au souhait exprimé par la majorité des membres du IIe concile du Vatican (1967). Les caractéristiques de cette réforme sont les suivantes : amélioration des relations entre les organismes, parfois sous l'autorité du secrétaire d'État, surtout pour les affaires mixtes ; meilleure détermination de la compétence, en particulier attribution de la compétence judiciaire administrative au suprême tribunal de la Signature apostolique ; création d'organismes d'études et modernisation de l'administration, notamment par l'institution de l'Office général de la statistique ; nomination des principaux officiers pour une période de cinq ans ; suppression du droit à l'avancement ; internationalisation du personnel et participation des évêques diocésains en tant que membres (sept par congrégation) ; introduction de principe d'un nombre plus élevé de prêtres, de religieux et de laïcs.

La compétence de la curie vient d'une délégation par le pape de certaines de ses prérogatives. De ce point de vue, elle n'est pas un gouvernement au sens habituel du terme. Cependant, certains de ses organismes, les congrégations, ont compétence en matière de législation et de réglementation, bien que toute décision majeure suppose l'approbation du pape. Aucune approbation n'est requise pour les décisions des tribunaux, car, pour ceux-ci, la délégation est totale et le principe de l'autorité de la chose jugée est premier. Les membres de la curie obéissent à un statut particulier. On distingue les officiers majeurs (de première et de seconde classe) et les officiers mineurs (secrétaires). Parmi les premiers, tous nommés par le pape, on trouve les membres des dicastères (les cardinaux et, parmi eux, le cardinal-préfet ; le secrétaire, qui est toujours un évêque ; le sous-secrétaire, ainsi que les évêques diocésains nommés à cet effet) et les consulteurs, qui sont pris dans le monde entier en raison de leur compétence. Les autres secrétaires sont choisis par le cardinal-préfet. Toute recommandation est en principe interdite. Les décisions, auxquelles prennent part seulement les membres, sont adoptées collégialement soit en assemblée plénière, soit en assemblée ordinaire, puis elles sont soumises à l'approbation du pape. L'Annuaire pontifical publie chaque année la liste des membres de la curie.

Les organismes de la curie se répartissent en quatre catégories : les congrégations, qui, toutes égales entre elles, traitent des grandes questions de la vie de l'Église et sont en relation constante avec les évêques ou les conférences épiscopales[...]

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Pour citer cet article

Jean PASSICOS. CURIE ROMAINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALFRINK BERNARD JAN (1900-1987)

    • Écrit par Kees MIDDELHOFF
    • 2 120 mots

    Archevêque d'Utrecht pendant les tumultueuses années soixante, le cardinal Bernard Jan Alfrink fut l'initiateur de l'idée de collégialité lors du IIe concile du Vatican. Président international de Pax Christi, il restera celui dont l'élimination par Rome fut, selon Hans...

  • AVIGNON PAPES D'

    • Écrit par Hervé LEGRAND
    • 1 949 mots
    • 3 médias

    Avignon doit sa célébrité, et l'essentiel de sa physionomie, au séjour qu'y fit la papauté au xive siècle. De 1309 à 1367 (ou 1403 si l'on compte les papes du Grand Schisme), la ville devint la capitale de la Chrétienté, principalement à cause de l'insécurité politique de ...

  • CANONIQUE DROIT

    • Écrit par Patrick VALDRINI
    • 8 003 mots
    ...collège des cardinaux, formé de personnes choisies par le pape pour lui porter concours dans des affaires concernant l'Église tout entière, et la curie romaine, constituée de dicastères aux diverses compétences, dont la dernière constitution qui l'a réformée (Pastor bonus, 1988) insiste...
  • CARDINAUX COLLÈGE DES

    • Écrit par Hervé LEGRAND
    • 1 371 mots

    Électeurs exclusifs du pape depuis le IIIe concile du Latran de 1179 (can. 1), les cardinaux (du latin cardo, gond) sont devenus et demeurent, selon le Code actuel de droit canonique, « le sénat du pontife romain : ils l'assistent comme ses principaux conseillers et aides dans le gouvernement...

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Voir aussi