SAINT-KITTS-ET-NEVIS ou SAINT-CHRISTOPHE-ET-NIÉVÈS

Colonisation

Lorsque Christophe Colomb débarque à Saint-Kitts lors de sa deuxième expédition dans les Antilles en 1493, l'île est peuplée de Karibs hostiles. Il baptise l'île Saint-Christophe, en l'honneur de son saint patron. Ce nom sera abrégé en Saint-Kitts par les colons à l'époque du gouverneur Thomas Warner, qui, arrivé d'Angleterre en 1623, établit la première véritable colonie anglaise dans les Indes occidentales à Old Road, sur la côte ouest de l'île. Les Français s'installent également à Saint-Christophe en 1627 sous la houlette de Pierre Belain d'Esnambuc. Divisée au xvii^e siècle entre des colons français et anglais en conflit, l'île de Saint-Kitts est attribuée à la Grande-Bretagne par le traité d'Utrecht en 1713 et demeure en sa possession, malgré la prise de Brimstone Hill par les Français en 1782. Ces derniers restituent l'île aux Britanniques lors du traité de Versailles en 1783.

Les Anglais s'installent dans l'île de Nevis, aperçue en 1493 par Colomb, dès 1628 et en font bientôt l'une des colonies les plus prospères des Antilles. Bien qu'elle soit attaquée par les Français et les Espagnols aux xvii^e et xviii^e siècles, l'île conserve une solide économie jusqu'au milieu du xix^e siècle.

Fédération et mouvements indépendantistes

Les îles de Saint-Kitts et de Nevis et leur voisine Anguilla s'unissent en 1882 au sein d'une fédération, avant de devenir un État indépendant associé au Royaume-Uni le 27 février 1967. Elles obtiennent ainsi leur autonomie interne complète, le Royaume-Uni demeurant compétent en matière de défense et de politique étrangère.

Après l'octroi du statut d'État associé, Anguilla se plaint d'être soumise à l'administration de Saint-Kitts. En mai 1967, ses habitants expulsent la police de Saint-Kitts et établissent leur propre conseil, proclamant leur indépendance en juillet de la même année. Après des négociations infructueuses, la loi de juillet 1971 place Anguilla directement sous contrôle britannique. Le 10 février 1976, l'île est dotée d'une Constitution et son union avec ses voisines Saint-Kitts et Nevis est formellement rompue en 1980.

À la suite de la conférence constitutionnelle réunie à Londres en 1982, les îles de Saint-Kitts et de Nevis deviennent indépendantes le 19 septembre 1983, malgré le désaccord initial concernant les dispositions propres à Nevis. La fédération de Saint-Kitts-et-Nevis est depuis lors membre indépendant du Commonwealth. Le monarque britannique, chef de l'État, est représenté par le gouverneur-général qu'il désigne. L'île de Nevis bénéficie d'une large autonomie au sein de la structure fédérale : elle possède ainsi sa propre Assemblée législative et la Constitution prévoit qu'elle puisse faire sécession selon certaines procédures.

Le People's Action Mouvement (P.A.M., centre gauche) a remporté les élections de l'indépendance et conservé le pouvoir jusqu'au scrutin de 1995 enlevé par le parti travailliste, le Saint-Kitts-and-Nevis Labour Party (S.K.N.L.P.). Après l'échec du référendum sur l'indépendance de Nevis en 1998 (la majorité requise des deux tiers n'a pas été atteinte), le S.K.N.L.P. remporte les scrutins nationaux de 2000, 2004 et 2010, confortant sa domination sur la fédération. Les partis contrôlant l'Assemblée de Nevis, à savoir le Nevis Reformation Party (N.R.P.) et le Concerned Citizens Movement (C.C.M.), n'ont pas pour autant renoncé au projet indépendantiste. Le pays continue cependant de jouer un rôle actif sur la scène régionale, ne serait-ce que par l'accueil du sommet du Caricom, la communauté des Caraïbes, en juillet 2006.