ROYAUME-UNIL'empire britannique
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Le deuxième empire colonial
C'est l'empire paradoxal, développé souvent sous la contrainte de la nécessité, des initiatives locales, de l'acceptation des occasions offertes, de la volonté de ne pas laisser aux autres le bénéfice d'annexions que l'on peut réaliser soi-même. C'est l'empire qui est maintenu ou qui se développe, alors même que la puissance croissante de l'économie et la domination des flottes de commerce britanniques permettraient aisément de conquérir marchés et produits sans coup férir. C'est un empire que l'on gouverne avec autorité, quand les grandes libertés anglaises sont dans toutes les bouches et que le puissant esprit philanthropique en vogue contribue à magnifier un rôle civilisateur et à vouloir améliorer le sort des soumis. C'est un empire de plus en plus mondial, aux territoires immenses. Les Little Englanders, qui se satisferaient pour leur part des bornes de la métropole, constatant que s'écroulent déjà les vastes possessions de l'Espagne et du Portugal en Amérique.
1800 à 1850. Indépendances américaines
Indépendance de l'Amérique ibérique. Puissance de l'Angleterre. Écrasement des révolutions européennes.Le XIXe siècle procède dans une large mesure de la Révolution française et de la diffusion de ses idéaux.C'est d'abord en Amérique latine que cette influence est sensible,...
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Le heurt des doctrines
Jamais on n'a autant discuté des destinées de la colonisation. Au premier rang, les « manchestériens », ainsi nommés parce que leur « école » a recruté ses chantres les plus connus dans les milieux de l'industrie cotonnière, dont la capitale est indéniablement la métropole du Lancashire. Ils sont politiquement représentés par Richard Cobden et John Bright et traduisent les vues dominantes d'une fraction de la grande bourgeoisie industrielle. S'y mêlent des considérations généreuses sur la fraternité des hommes, un pacifisme de principe, mais aussi un pessimisme absolu à l'égard de l'aventure coloniale et de ses lendemains, ainsi qu'un doute considérable quant aux nécessités économiques de la conquête. Propagées dès les années 1830 par Henry Parnell, auteur de On Financial Reform, illustrées par les discours parlementaires d'un Richard Cobden, prophète du libre-échange, et qui ne veut voir dans les colonies et l'effort militaire pour les conquérir et les tenir que le débouché naturel des cadets de familles aristocratiques, leurs convictions trouveront leur exposition la plus claire en 1862 et 1863. The Empire, recueil de lettres adressées au Daily News par un professeur d'histoire d'Oxford, Godwin Smith, devient alors leur bréviaire. Le libre-échange (qui a triomphé en 1846-1849) aurait, selon lui, « rendu inintelligente » la vieille politique coloniale. Celle-ci serait un pur gaspillage de fonds publics. Les colonies s'assoupiraient dans un fallacieux sentiment de sécurité extérieure qui, à l'abri du bras tutélaire de la métropole, retarderait leur maturation. Le Royaume-Uni ferait de son côté un marché de dupes en construisant à grands frais des routes, des canaux, des voies ferrées, des fortifications, sans que jamais les taxes locales compensent totalement les dépenses. Plus : en risquant marins et soldats partout dans le monde, l'Angleterre perdrait les avantages de sa position insulaire. Déjà des droits de douanes frappent les produits anglais à l'entrée des colonies quand on obtiendrait aisément des mêmes territoires, supposés indépendants, des concessions profitables en employant d'efficaces moyens de pression. Allant plus loin que d'autres porte-parole de l'école, Smith va jusqu'à condamner même l'occupation de l'Inde, n'admettant, pour un temps, que le maintien d'une domination militaire à des fins humanitaires et, encore, sous réserve que les vice-rois garantissent la totale autosuffisance budgétaire du sous-continent.
Richard Cobden (1804-1865), industriel et homme d'État anglais, signa en janvier 1860 avec la France le premier traité bilatéral de libre-échange entre les deux pays.
Crédits : Hulton Getty
Les « benthamites » ne vont pas aussi loin. Comme leur maître, Jeremy Bentham, mort en 1832, ils sont sensibles à l'absurdité de bien des situations coloniales, mais souhaitent des réformes et la préservation de l'essentiel. Parmi eux, des bourgeois et des aristocrates libéraux, J. A. Roebuck, lord Durham, sir William Molesworth, Charles Buller, Edward Gibbon Wakefield, John Stuart Mill, lord Elgin, lord Grey. Ils sont connus comme les « réformistes coloniaux » et ont fait parler d'eux surtout dans les années 1830-1850. Selon eux, la prospérité future du pays dépendrait de l'acquisition de vastes zones de développement, qui offriraient aussi l'avantage de constituer des lieux d'accueil pour des émigrants, et d [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 33 pages
Écrit par :
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Autres références
« ROYAUME-UNI » est également traité dans :
ROYAUME-UNI - Géologie des îles Britanniques
Les îles Britanniques sont constituées de roches dont l'âge s'échelonne du Précambrien ancien (le plus ancien identifié à ce jour en Europe occidentale) jusqu'au Néogène récent et au Quaternaire. Cette succession comporte peu de lacunes : les sédiments de l'époque miocène, bien que largement développés dans les fonds sous-marins adjacents, manquent sur la terre ferme ; dans le Précambrien moyen d' […] Lire la suite
ROYAUME-UNI - Géographie
La Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord constituent le Royaume-Uni, qui s'étend sur 244 030 km2 et abrite, selon les estimations de 2011, 62,6 millions d'habitants. La Grande-Bretagne est elle-même formée de l'Angleterre, du pays de Galles et de l'Écosse, tandis que l' […] Lire la suite
ROYAUME-UNI - Histoire
L'espace géographique britannique n'a pas coïncidé, pendant longtemps, avec une réalité politique. Seuls l'Angleterre et le pays de Galles réalisèrent leur unité au cours du Moyen Âge (bien que l'intégration totale soit le fait de Henri VIII Tudor) ; l'Écosse ne fut unie à sa voisine du Sud, au x […] Lire la suite
ROYAUME-UNI - Le système politique
Beaucoup de bons esprits, en France, estimaient autrefois que le Royaume-Uni « n'avait pas de Constitution ». Ce n'était pas faux en ce sens qu'il n'y a pas de texte fondamental unique décrivant en détail les institutions politiques et la façon dont elles fonctionnent. Il existe néanmoins un cadre constitutionnel général qu'on appelle le « modèle de Wes […] Lire la suite
ROYAUME-UNI - La société britannique contemporaine
Depuis 1945 et les grandes réformes socio-économiques d'après-guerre, la société britannique n'a cessé d'évoluer à vive allure. On peut distinguer dans cette époque contemporaine deux grandes périodes à peu près égales mais contrastées. La première, avec l'épanouissement de l'État-providence (Welfare State), correspond à une évolution vers plus d'égalité et à un gommage des dif […] Lire la suite
ROYAUME-UNI - Économie
Le Royaume-Uni est l'un des rares pays de l'OCDE, avec les États-Unis et le Canada, à bénéficier de ressources énergétiques importantes, ressources sur lesquelles il a pu fonder son développement et sa puissance industrielle. Le charbon au xixe siècle, l'énergie nucléaire dans les années 1950, le pétrole et le gaz dès 1975 lui ont longtemps donné l'im […] Lire la suite
Voir aussi
- AFRIQUE NOIRE histoire période coloniale
- EMPIRE BRITANNIQUE Afrique
- EMPIRE BRITANNIQUE Asie
- EMPIRE BRITANNIQUE Australie et Nouvelle-Zélande
- CANADA histoire jusqu'en 1968
- CHINE histoire : l'Empire des Yuan à la Révolution de 1911
- DARWINISME SOCIAL
- POLITIQUE DOUANIÈRE
- UNION DOUANIÈRE
- ÉGYPTE histoire : de 1805 à 1952
- ÉVANGÉLISATION
- GRANDE-BRETAGNE histoire de 1801 à 1914
- GREY sir GEORGE
- IMPÉRIALISME & ANTI-IMPÉRIALISME
- INDE histoire : l'époque coloniale
- INDES ORIENTALES COMPAGNIE ANGLAISE DES ou EAST INDIA COMPANY
- LIBRE-ÉCHANGE
- MAORIS
- HISTOIRE DES MIGRATIONS
- MUTINERIE
Les derniers événements
3-5 décembre 1991 Royaume-Uni. Effondrement du groupe Maxwell après la mort de son fondateur
Le 3, Kevin et Ian Maxwell démissionnent de leur fonction respective de président de Maxwell Communications Corporation (M.C.C.) et de Mirror Group Newspaper (M.G.N.), les deux principales composantes de l'empire de presse international fondé par leur père Robert, mystérieusement mort en mer, le 5 novembre, au cours d'une croisière au large des îles Canaries. […] Lire la suite
Pour citer l’article
Roland MARX, « ROYAUME-UNI - L'empire britannique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 08 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/royaume-uni-l-empire-britannique/