ROYAUME-UNIL'empire britannique
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Le nouveau Commonwealth
En 1949, sous l'impulsion de Nehru, Premier ministre de l'Inde, devenue indépendante en 1947, malgré le scepticisme déclaré des dirigeants australiens, et grâce à la persévérance de Clement Attlee et Ernest Bevin, un nouveau Commonwealth voit le jour : il s'intitule simplement « des Nations », sans plus de référence au terme « britannique », il n'implique plus l'allégeance à la Couronne et est donc ouvert à des républiques, il admet comme nécessaire la plus grande diversité ethnique et linguistique.
Indépendance de l'Inde et du Pakistan, 1947
Le 15 août 1947, les Indes britanniques cessent d'exister. L'Indian Independance Bill, votée par le Parlement britannique, entre alors en vigueur. Le dernier vice-roi des Indes, lord Mountbatten, reste gouverneur général pendant l'instauration des nouveaux pouvoirs. La loi prévoit la...
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Conférence sur la Palestine, 1946
Le Premier ministre britannique Clement Attlee (1883-1967) et son ministre des Affaires étrangères Ernest Bevin (1881-1951), préoccupés par la décolonisation et l'évolution de l'empire britannique, assistent à la conférence sur la Palestine qui se tient à Londres en septembre 1946.
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Les racines du changement
Avant d'en arriver à cette révolution, on avait connu les effets du conflit. Celui-ci, terminé à l'avantage du Royaume-Uni qui est encore en 1950 l'indiscutable « troisième Grand », n'en a pas moins durablement affaibli ce vainqueur. Son économie a été durement éprouvée, même si une véritable révolution technique et un bond en avant scientifique constituent une consolation ; la livre sterling ne se maintient que par la bonne volonté des détenteurs d'énormes « balances sterling » et grâce à des prêts ou aides des États-Unis et du Canada. La victoire n'a elle-même été rendue possible que grâce à l'aide américaine dès 1940, avant même l'entrée en guerre des États-Unis, et en conjonction avec la puissance soviétique. L'empire a souffert : des territoires ont été un temps perdus en Birmanie, à la frontière égyptienne ; Singapour a été une proie aisée pour les forces terrestres japonaises au grand dam de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande ; la propagande ennemie a cherché à exalter les nationalismes et à s'appuyer sur eux, notamment en Égypte et en Irak où des coups d'État militaires britanniques se sont imposés pour sauver les « alliances ». En Inde, un temps menacée par les succès nippons en Birmanie, en Malaisie et en Chine, seuls les musulmans ont adopté un comportement relativement solidaire, on a dû emprisonner les dirigeants nationalistes hindous : au sortir du conflit, la situation était proche du chaos et, en 1947, le vice-roi Archibald Perceval Wavell recommandait d'évacuer d'urgence la « maison de fous ». Partout, de puissants mouvements mettaient en péril l'emprise coloniale : la cause de la décolonisation bénéficiait de la sympathie des démocrates et, pendant un temps, de la conjonction des efforts soviétiques et américains dans le cadre des jeunes Nations unies ; le panarabisme, le panislamisme s'épaulaient contre le colonisateur, le sionisme bénéficiait d'un énorme apport de sympathies qui avait obligé la Grande-Bretagne à abandonner son mandat en 1948 et à assister à la naissance, dans le sang de la première guerre judéo-arabe, d'un État d'Israël. Le Royaume-Uni, qui devait d'autre part consentir en Europe à la proclamation de la république d'Eire et à la sécession de l'Irlande du Sud du Commonwealth, se trouvait incapable de protéger des positions marginales et, en 1947, avait cédé aux États-Unis la protection de la Grèce et de la Turquie contre l'expansionnisme soviétique et la subversion interne communiste.
Les travaillistes au pouvoir à Londres, par réalisme et non par souci anticolonialiste, se sont trouvés dans la nécessité d'adopter une nouvelle politique. Elle a consisté à faire la part du feu en accédant à la volonté d'indépendance des peuples les mieux organisés : l'exemple de l'Inde, où Mountbatten, le dernier vice-roi, arrive muni de l'étrange ultimatum aux fractions opposées d'avoir à s'entendre sous l'égide anglaise ou de se voir livrées à elles-mêmes, les Anglais partis à une date fixée, est à cet égard particulièrement significatif ; cela aboutit, le 15 août 1947, à l'indépendance de l'Inde et du Pakistan ; Ceylan obtient le même sort en 1948, et la Birmanie accède à la liberté la même année. Par contre, le Royaume-Uni s'efforce encore de retenir ce qui n'est pas immédiatement menacé ou, dans le cas de l'Égypte et de l'Irak, de négocier des liens de type nouveau.
Gandhi (1869-1948), leader nationaliste indien, rencontre lord Mountbatten, vice-roi des Indes, et son épouse, à New Delhi, en 1947.
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Poursuivie par les conservateurs au cours des années 1950, avec l'émancipation de la Côte-de-l'Or, devenue Ghana, en 1957, et la promesse, tenue en 1960, de l'indépendance du Nigeria, avec aussi un accord qu'on croyait alors solide en 1954 avec l'Égypte, cette politique supposait une structure d'accueil pour les nouvelles nations indépendantes qui le désireraient et la mutation progressiv [...]
L'indépendance du Ghana (6 mars 1957)
Depuis le trône réservé aux représentants de la couronne britannique, la duchesse de Kent lit une adresse de la reine d'Angleterre aux membres du nouveau Parlement du Ghana, marquant l'indépendance de l'ancienne Gold Coast britannique.
Crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images
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Écrit par :
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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Pour citer l’article
Roland MARX, « ROYAUME-UNI - L'empire britannique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 24 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/royaume-uni-l-empire-britannique/