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BOURGOGNE-PROVENCE ROYAUME DE

Un premier royaume de Provence-Viennois fut formé en 879 sous l'autorité de Boson, beau-frère de Charles le Chauve. Sa couronne réunissait la Provence, le Bugey, la Bresse, une partie de la Bourgogne cisjurane, une partie du Languedoc et le Dauphiné. Boson dut lutter continuellement contre l'hégémonie des Carolingiens, mais put léguer son patrimoine à son fils. Cependant, à la mort de Charles le Gros naquirent les royaumes de Bourgogne et de Provence. Le Welf Rodolphe, duc de Transjurane, prenait en 888 la couronne à Agaune et à Toul ; mais l'occupation de la Lorraine par Arnoul de Carinthie le cantonna dans la Bourgogne jurane, partie méridionale du royaume de Lothaire II (Sion, Lausanne, Besançon, Genève, peut-être Aoste). Louis l'Aveugle, fils de Boson, releva en 890 le titre royal que son père avait pris à Mantaille en 879 et s'assura du Lyonnais, du Viennois et de la Provence, qui avaient formé de 855 à 863 le royaume de Charles de Provence. Il échoua dans sa tentative d'occuper aussi le trône d'Italie (905). Aveuglé, il régna sous la tutelle de son cousin Hugues et mourut en 928, ne laissant à son bâtard Charles-Constantin que le comté de Vienne. Hugues, proclamé roi d'Italie en 926, céda ses droits sur la Provence, le Viennois et le Lyonnais à Rodolphe II en 932 ; il mourut à Arles après avoir été chassé d'Italie.

Les rois de Bourgogne contrôlaient les cols alpestres ; Rodolphe II fut roi d'Italie de 922 à 926, mais il dut abandonner la sainte lance, insigne relique italienne qu'on paraît avoir ensuite confondue avec la lance de saint Maurice, palladium du royaume bourguignon, à Henri Ier de Germanie, qui lui céda l'évêché de Bâle. Son fils Conrad (937-993) fut emmené pendant sa minorité en Germanie, et c'est Otton Ier qui lui facilita la prise de possession du royaume de Provence, dont une partie était occupée par le roi de France, aidé du duc de Bourgogne Hugues le Noir. Mais il fut incapable de venir à bout des Sarrasins, qui écumaient les vallées alpestres : ce sont les comtes provençaux qui s'emparèrent de leur repaire, la Garde-Freinet.

Le pouvoir royal était en effet fort limité : le roi disposait des sièges épiscopaux, mais la puissance temporelle des évêques rivalisait avec celle des grands laïques, maîtres des comtés de Viennois, de Maurienne et de Savoie, de Bourgogne d'outre-Saône et du marquisat de Provence (comtés d'Avignon et d'Arles). L'abbaye Saint-Maurice d'Agaune elle-même passa sous l'avouerie du comte de Savoie.

Le dernier des Rodolphiens, Rodolphe III, ne put venir à bout de la révolte du comte de Bourgogne, Otte-Guillaume, qu'avec l'appui de l'empereur Henri II (1016). Sans enfants légitimes, il promit sa succession à ce dernier. Après sa mort (1032), et malgré une tentative du comte Eudes de Blois, c'est Conrad II le Salique qui fut reconnu roi de Bourgogne (diète de Soleure, 1038).

— Jean RICHARD

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Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon

Classification

Pour citer cet article

Jean RICHARD. BOURGOGNE-PROVENCE ROYAUME DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CAROLINGIENS - (repères chronologiques)

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    Début du viie siècle Anségisel, fils d'Arnoul, évêque de Metz, épouse Begga, fille de Pépin Ier de Landen dit l'Ancien. Leur couple constitue la souche de la future dynastie carolingienne.

    687 Pépin II de Herstal, leur fils, vainc les Neustriens à Tertry. Il devient maire des...

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Voir aussi