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ROME ET EMPIRE ROMAIN Le Haut-Empire

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Le Ier siècle après J.-C.

Les Julio-Claudiens

Tibère, fils d'un premier lit de Livie, appartenait à la famille des Claudes ; jusqu'en 68 (mort de Néron), les empereurs ont un arbre généalogique compliqué qui les apparente à Auguste, à César, à Drusus, à Germanicus et même au triumvir Marc Antoine, dont les filles, nées de son mariage avec Octavie, sœur d'Auguste, sont les grand-mères de Caligula et de Néron. Tous les Julio-Claudiens sont donc membres de la famille impériale, patriciens de Rome et fiers de leurs origines. Tibère, âgé de cinquante-six ans, aigri par une longue attente et des difficultés familiales (mariage imposé et désastreux avec la fille d'Auguste, Julie), était un homme remarquable et un excellent général, qui avait fait ses preuves. Son caractère était ombrageux et ses idées politiques contradictoires : descendant de vieilles gentes républicaines, il eût aimé gouverner avec le Sénat et la nobilitas, mais il se heurta à l'incapacité des sénateurs qu'il terrorisa, et à la logique même du principat, qui tendait dans l'intérêt de l'Empire à renforcer le pouvoir monarchique. Il se montra fidèle à la pensée d'Auguste, n'acceptant le pouvoir qu'après une investiture en forme, longuement débattue non sans hypocrisie, respectant ses directives en politique extérieure. Cependant, il se montra encore plus conservateur. Le Sénat reçut des pouvoirs judiciaires et le droit de faire des sénatus-consultes en forme de lois. Au début de son règne, la première place était occupée par Germanicus, qu'il avait dû adopter sur l'ordre d'Auguste (bien que lui-même eût un fils) et qui était son successeur prévu. Mais Tibère le jalousait et Agrippine, sa femme, intriguait avec passion. Il mourut en Orient en 19, ce qui fut une grande perte pour le régime. Tibère fut laissé seul, face aux ambitions de Séjan. Ce chevalier sans scrupules donna un lustre nouveau à la préfecture du prétoire et fit encaserner aux portes de Rome tous les prétoriens, parmi lesquels il avait des appuis sûrs. Il manœuvra habilement pour se rapprocher du trône, se rendit indispensable à Tibère, tout en éliminant par le crime la majeure partie de la famille impériale. C'est lui qui conseilla à l'empereur de se retirer à Capri. Dénoncé finalement par Antonia, la mère de Germanicus, il fut arrêté et aussitôt exécuté, sur une simple lettre de Tibère. Ce dernier sombra alors dans la misanthropie et, dit-on, la débauche ; la terreur régna à Rome, où de nombreux sénateurs furent condamnés par la loi de majesté, à l'instigation de délateurs, mais l'Empire continuait à être fermement administré. Tibère avait ménagé les deniers de l'État ; pourtant il laissa se développer dans les classes supérieures un luxe effréné. Bien que son règne marque probablement l'apogée de la grande propriété latifondiaire privée, une crise de crédit avait, en 33, freiné l'expansion : Tibère dut prendre des mesures contre l'endettement et la spéculation et offrit aux débiteurs acculés des prêts gagés sur leurs biens.

Le règne de son jeune successeur, Caligula (37-41), fils de Germanicus, commença favorablement, car la mort de Tibère avait été accueillie avec joie. Mais bientôt une maladie affecta sa raison, ou peut-être ses instincts réprimés reprirent-ils le dessus. Il se montra violent, cruel et déconcertant, se livra à toutes sortes de fantaisies ruineuses, voulant être considéré comme un dieu, ce qui était prématuré. Son entourage d'affranchis orientaux et égyptiens, légués par sa grand-mère Antonia, le poussa à une autocratie de type lagide, qui suscita des haines. Les conspirations déchaînèrent une fois de plus la terreur. Un dernier complot l'assassina.

Les prétoriens découvrirent dans le palais le frère cadet de Germanicus,[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Grenoble
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

Classification

Pour citer cet article

Yann LE BOHEC et Paul PETIT. ROME ET EMPIRE ROMAIN - Le Haut-Empire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

Système impérial romain - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système impérial romain

Détail du décor de l'Ara Pacis Augustae - crédits : Index/  Bridgeman Images

Détail du décor de l'Ara Pacis Augustae

Autres références

  • CIVILISATION ROMAINE (notions de base)

    • Écrit par
    • 4 292 mots
    • 18 médias

    Le destin de Rome est celui d’une obscure bourgade de la péninsule italienne devenue, en l’espace de quatre siècles, une mégapole, capitale d’un immense empire s’étendant de l’Écosse à l’Arabie, des confins sahariens aux rives du Danube. Ce processus historique s’accompagna de la disparition de la ...