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ALEXANDRE III, ROLANDO BANDINELLI (1105?-1181) pape (1159-1181)

Élu pape en 1159 sous le nom d'Alexandre III, Roland Bandinelli, originaire de Sienne, étudia dans sa jeunesse le droit canonique aux écoles de Bologne, où il fut l'élève de Gratien. Il enseigna ensuite dans cette ville, puis à Pise. En novembre 1150, Eugène III l'appela à la curie et le nomma cardinal, puis, en 1153, chancelier de l'Église romaine, poste qu'il conserva sous les pontificats d'Anastase IV (1153-1154) et d'Adrien IV (1154-1159). Il devint alors l'un des principaux inspirateurs du clan anti-impérial à la curie.

Frédéric Barberousse, élu en 1152, avait, en effet, entrepris d'étendre son pouvoir sur l'Italie. Il comptait pour cela sur la collaboration du Saint-Siège. Mais Roland et ses amis parvinrent à faire rompre l'entente conclue entre l'Église et l'Empire à Constance et à rapprocher la papauté de la Sicile et des villes de Lombardie. Ils adoptèrent une attitude très raide, dont la manifestation la plus spectaculaire fut l'incident provoqué à la diète de Besançon par Roland et un autre cardinal, qui déclarèrent que l'empereur tenait l'Empire comme un « bénéfice » du pape. Il en résulta une division au sein du Sacré Collège, qui aboutit à une double élection après la mort d'Adrien IV. Roland devint pape sous le nom d'Alexandre III ; le cardinal Octavien, élu de la minorité pro-germanique, prit le nom de Victor IV (1159). Aussitôt, Barberousse fit réunir un concile à Pavie, qui groupa des évêques allemands et italiens et soutint Victor. Alexandre III, reconnu par la France, l'Angleterre, la Sicile, les royaumes ibériques, excommunia l'empereur (mars 1160).

C'est alors que se déroule la première phase violente de la lutte du Sacerdoce et de l'Empire. Alexandre III doit fuir l'Italie et se réfugie en France, tandis que la puissance impériale s'abat sur la Péninsule. Il y rentre cependant en 1165 et subit les nouveaux assauts de son adversaire (1166-1167). Puis la victoire change de camp. Les cités lombardes se soulèvent et s'unissent contre l'Allemand pour former la Ligue lombarde. Elles résistent militairement et infligent à Barberousse une sévère défaite à Legnano. L'empereur cède alors. En 1177, au traité de Venise, il reconnaît Alexandre III.

Pendant tout ce temps, ce dernier n'a cessé d'accroître l'autorité du Saint-Siège sur le clergé, multipliant les légations pour régler les problèmes les plus divers, accordant aux monastères des exemptions de plus en plus nombreuses et légiférant en toutes matières par ses décrétales. Il dut aussi prendre, avec prudence, la défense de l'archevêque de Canterbury, Thomas Becket, contre le roi d'Angleterre Henri II et jeta l'interdit sur celui-ci après le meurtre du prélat.

En 1179, il réunit le IIIe concile œcuménique du Latran, qui reprend ses principales décisions, institue que désormais le pape sera élu par les cardinaux à la majorité des deux tiers et condamne les hérésies naissantes. Il meurt deux ans plus tard, alors qu'il entreprend de lancer une nouvelle croisade pour secourir la Terre sainte.

— Marcel PACAUT

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Écrit par

  • : professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Lyon-II-Lumière

Classification

Pour citer cet article

Marcel PACAUT. ALEXANDRE III, ROLANDO BANDINELLI (1105?-1181) pape (1159-1181) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

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