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GID RAYMOND (1905-2000)

L'affichiste Raymond Gid est né à Paris en 1905. Fils d'un ingénieur de l'École centrale, il suit d'abord une formation d'architecte à l'école des Beaux-Arts, mais il n'exercera jamais ce métier. Il préfère le dessin : croquis humoristiques et caricatures sont ses genres de prédilection.

En 1930, Raymond Gid fait la connaissance de Guy Lévis-Mano (GLM), l'éditeur et le typographe de nombre de poètes et d'écrivains, en particulier des surréalistes, avec lequel il publie son premier livre ; il illustra plusieurs de ses poésies. Entre-temps, il s'était lancé dès 1926 dans l'affiche publicitaire : Cinzano, Monte Carlo, Vermouth... figurent parmi les principales marques qu'il mettra en images. La carrière de Gid se déroule désormais entre livre et publicité, avec un goût prononcé pour la photographie. Devenu éditeur au cours des années 1930, Raymond Gid publiera ainsi sous la marque O.E.T. plusieurs livres de photographies préfacés par Paul Léautaud, Jules Supervielle, Marcel Aymé...

Son intérêt pour le cinéma s'exprima notamment à travers l'affiche : c'est en 1932 qu'il fait sa première réalisation dans ce domaine pour Vampyr, de Carl Dreyer. Suivront de nombreuses autres affiches pour René Clair (La Beauté du diable), Marcel Carné (La Marie du port), Henri-Georges Clouzot (Les Diaboliques), André Cayatte (Le Dossier noir), Jean-Pierre Melville (Le Silence de la mer), Werner Herzog (La Ballade de Bruno), Hitchcock (Les Oiseaux)... À l'inverse de ses confrères, Gid ne choisit pas d'illustrer telle ou telle scène mais préfère évoquer l'atmosphère d'un film, par le biais du dessin et de la photographie. Ses affiches de cinéma se caractérisent par une grande liberté gestuelle qui s'exprime sur un important fond blanc ou noir.

Dessins et articles pour le Tour de France, programmes de galas – notamment celui pour les cinquante ans de la tour Eiffel – sont également commandés à ce talentueux graphiste. Les années d'Occupation le verront exercer alternativement le métier d'imprimeur-typographe et de graveur taille-doucier. C'est au cours de cette période qu'il publiera deux ouvrages importants : 12 Dizains de Maurice Scève poète lyonnais extraits des 149 dizains de La Délie qu'il accompagnera de 12 dessins, et le texte biblique de saint Jean Apocalypse Six qu'il orne de 12 lithographies saisissantes sur le thème des quatre cavaliers. Il abordera aussi la typographie des textes liturgiques : notamment un Pater publié par la Revue des jeunes, un Livre d'Heures bilingue français-latin, un Évangile selon saint Luc chez Jacques Blanc, l'Apocalypse dans sa version intégrale. Le livre deviendra très vite pour Gid un laboratoire d'expérimentations multiples et variées. Il remettra ainsi à l'honneur les gloses des manuscrits du Moyen Âge. Gid s'efforce toutefois de laisser « respirer » le texte par des blancs généreux dont la structure s'accorde au rythme des phrases.

Pour l'édition bibliophilique, Gid fut sollicité à plusieurs reprises : un Cantique du soleil de saint François d'Assise commandé par Louis Vuitton pour une société de bibliophiles, et les Dialogues des carmélites de Georges Bernanos pour les Cent Femmes amies des livres, deux ouvrages dont il signera à la fois la mise en page et l'illustration. Autres livres, autres aventures : le Mémorial de Pascal pour lequel il expérimente pour la première fois, composteur en main, le caractère antique olive, nouvellement créé par Roger Excoffon ; la Bibliothèque de Babel, édition qu'admira Borges ; La Ballade de la geôle de Reading d'Oscar Wilde que Gid n'hésita pas à traduire et à typographier lui-même. Catalogues, revues de prestige, programmes et affiches de théâtre (pour Silvia Monfort notamment),[...]

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Écrit par

  • : journaliste, chargé de cours à l'École supérieure Estienne

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Pour citer cet article

Pascal FULACHER. GID RAYMOND (1905-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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