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RANCH

Dans l'Ouest américain, le caractère fortement contraignant du milieu naturel, la topographie coupée, les rigueurs de climats généralement excessifs, la faiblesse traditionnelle des densités d'occupation se sont conjugués pour développer une forme privilégiée d'activité économique : le grand élevage bovin extensif, le ranching.

La tradition de l'élevage bovin en ranching constitue, en effet, l'élément le plus ancien de la mise en valeur de l'Ouest par les Blancs : les premiers ranches s'y sont implantés à la fin du xviie siècle ; les colons d'origine hispanique remontent, non sans difficultés, le rio Grande del Norte jusqu'à Albuquerque et le pueblo de Taos et, par la dépression de San Luis, encastrée entre les monts de San Juan et ceux de Sagache-Alamosa, atteignent les solitudes du Colorado occidental et du Wyoming. Tout au long des xviiie et xixe siècles, en raison des conditions naturelles, coexistèrent deux grandes formes de ranching : quelles que soient la latitude et l'altitude, en effet, la pratique de la transhumance était une condition sine qua non de rentabilité, du fait de la sécheresse estivale au sud ou de l'extrême rigueur des hivers en haute altitude. De sorte que, jusque vers 1900, la situation des petits ranches, ceux des homesteaders (disposant pourtant de lots plus importants que ceux de leurs compatriotes, à l'est du 100e méridien), est restée très précaire. D'innombrables films soulignent leurs difficultés et leur âpre rivalité avec les puissants « barons de la viande » qui contrôlaient des milliers d'hectares en zones de pâturage hivernal (sur les plateaux ou dans les régions les plus méridionales) et en alpage estival, de haute altitude.

L'importance des courants saisonniers de transhumance était donc primordiale, comme l'était celle des cow-boys hauts en couleur, célébrés par le folklore et la littérature populaire. La pratique parfois abusive de tels courants de migration s'est rapidement heurtée aux intérêts des premiers agriculteurs. En témoignent, sur le strict plan juridique, les difficultés du passage de certains territoires de l'Ouest au statut d'État. La transhumance a surtout subi un sévère coup d'arrêt avec la généralisation des clôtures en barbelé (fin du xixe s.) et, depuis la présidence de Theodore Roosevelt, la constitution de vastes domaines fédéraux.

Le ranch conserve une place de choix dans l'imaginaire collectif des États-Unis, où beaucoup de petites exploitations se sont reconverties vers le folklore et le tourisme.

— Jacques SOPPELSA

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Classification

Pour citer cet article

Jacques SOPPELSA. RANCH [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FAR WEST

    • Écrit par Claude FOHLEN
    • 2 786 mots
    • 4 médias
    ...cow-boys. Ses immenses espaces, sans clôtures, sans propriétaires, sans obstacles autres que ceux du relief, convenaient à merveille aux uns et aux autres. Des ranches s'établirent près des points d'eau, autour desquels rayonnaient les troupeaux et les cow-boys. Le métier n'était pas de tout repos, car il...
  • SAN DIEGO

    • Écrit par Laurent VERMEERSCH
    • 1 102 mots
    • 1 média

    Située à l’extrême sud de la Californie, dans une vaste baie abritée de l’océan Pacifique par la péninsule de North Island, San Diego (3,33 millions d’habitants en 2017, dont 1,4 million dans la ville même), troisième agglomération de l’État et dix-septième à l’échelle du pays, constitue l’un...

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