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QUOTIDIENNETÉ

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Systèmes et sous-systèmes

Dans ces conditions, de multiples systèmes ou sous-systèmes se constituent, chacun établissant à sa manière un ensemble plus ou moins cohérent d'objets plus ou moins durables. Par exemple : la variété des architectures (locales, régionales, nationales) a cédé la place à un système architectural-urbanistique, système universel de structures et fonctions dans des formes géométriques prétendûment rationnelles. De même pour la nourriture produite industriellement ; le système groupe les produits autour d'instruments ménagers, fonctionnellement spécifiés : le réfrigérateur, le congélateur, le four électrique, etc. Enfin, autour de l'automobile, un vrai système se constitue, qui sacrifierait la société entière à sa domination. Il arrive d'ailleurs que ces systèmes et sous-systèmes se détériorent ou éclatent.

Quoi qu'il en soit, le logement, la mode, l'alimentation ont tendu et tendent encore à constituer des sous-systèmes clos, autonomes, extérieurs les uns aux autres. Chacun d'eux paraît présenter une diversité aussi grande qu'en présentaient, autrefois, les genres de vie. Or, cette diversité n'est qu'apparente. Elle n'est que combinatoire. Une fois connu le caractère dominant qui fait que des éléments peuvent se combiner, leur ensemble se reconnaît et la diversité factice devient fastidieuse. Alors, le système éclate.

Ces systèmes ont une commune mesure : la fonctionnalité est leur loi générale. Le quotidien se définit donc comme l'ensemble des fonctionnalités qui lient et relient les systèmes en apparence distincts. Ainsi défini, le quotidien est un produit, le plus général dans cette époque où la production engendre la consommation, où la consommation est manipulée par ceux qui produisent : non pas les « travailleurs », mais les gestionnaires et les propriétaires des moyens de production (la technique, les connaissances, les machines). Le quotidien est donc le plus général et le plus singulier, le plus social et le plus individuel, le plus évident et le mieux caché : stipulé dans la lisibilité des formes, prescrit par les fonctions, inscrit dans les structures, il constitue la plate-forme sur laquelle s'érige la société bureaucratique de consommation dirigée.

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Pour citer cet article

Henri LEFEBVRE. QUOTIDIENNETÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • FÊTE

    • Écrit par et
    • 7 010 mots
    • 1 média
    ...ci-dessus oscillaient entre deux pôles, la cérémonie et la festivité. Pour certaines d'entre elles, c'est l'ampleur du rituel qui les distingue des rites quotidiens. Pour d'autres, c'est la densité de la festivité qui tranche sur le banal divertissement. Le divertissement n'est pas essentiel à la cérémonie...
  • HISTOIRE (Histoire et historiens) - Courants et écoles historiques

    • Écrit par
    • 6 837 mots
    • 1 média
    ...historiographiques, notamment sur l'apport des Annales en Italie, a produit en retour des formes inédites à l'étranger. En Allemagne, l'histoire de la vie quotidienne emboîtait le pas aux démarches des microhistoriens. Au début, l'« histoire du quotidien » (Alltagsgeschichte) se proposait...
  • HISTOIRE (Domaines et champs) - Anthropologie historique

    • Écrit par
    • 3 148 mots
    • 1 média
    ...dans sa globalité. La totalité historique est donc largement systémique. C'est à la « civilisation matérielle » que Braudel accorde toute son attention, c'est-à-dire à la signification du quotidien, aux usages par lesquels une société se construit, se reproduit, s'approprie le monde naturel et se confronte...
  • INÉGALITÉS HOMMES-FEMMES, France

    • Écrit par et
    • 5 992 mots
    • 2 médias
    ...vêtements) ; aux hommes, les travaux de force ou supposant la maîtrise d'objets et d'instruments techniques modernes, et plutôt tournés vers l'extérieur. Tandis que les tâches féminines sont plutôt de l'ordre de la reproduction, impliquant la répétition périodique (quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, saisonnière)...