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PSYCHOPHARMACOLOGIE

Traitements psychotropes

Données de pharmacologie

Une grande partie des traitements psychotropes sont métabolisés par les enzymes du cytochrome P450 (surtout présent dans le foie). Des interactions médicamenteuses sont possibles en cas d’association de deux molécules métabolisées par ces mêmes enzymes, pouvant entraîner par exemple l’élévation de la concentration plasmatique de l’une d’entre elles au-delà de ce qui est attendu et donc une moins grande efficacité thérapeutique ou un risque majoré d’effets indésirables. L’association d’un médicament inhibiteur et d’un substrat d’un même système enzymatique n’est généralement pas contre-indiquée. Cependant, ce cas de figure doit être anticipé et évité dans la mesure du possible, et il nécessite une surveillance plus rapprochée.

Voie d’élimination et demi-vie

Les psychotropes sont principalement éliminés par le foie et (ou) le rein. L’intégrité du fonctionnement de ces organes est donc nécessaire pour qu’un traitement psychotrope ne s’accumule pas à l’excès dans l’organisme. Un indicateur important, lors de la prescription d’un psychotrope, est sa demi-vie d’élimination, qui correspond au temps nécessaire pour obtenir une diminution de 50 % de la concentration plasmatique de celui-ci. Par exemple, les psychotropes dont la demi-vie est très courte peuvent exposer le patient à un syndrome d’interruption brutale et doivent donc être interrompus progressivement.

Facteurs génétiques et psychotropes

L’absence d’efficacité d’un traitement médicamenteux doit faire rechercher des causes potentielles, telles qu’une inobservance, une pathologie associée, une interaction médicamenteuse, ou une posologie prescrite trop faible. Le rythme d’élimination du psychotrope est également à prendre en compte. En effet, le métabolisme des psychotropes est soumis à une forte variabilité interindividuelle, sous-tendue par des facteurs génétiques. Certains sujets dits « métaboliseurs ultrarapides » ont une capacité plus marquée à éliminer les médicaments, dont la conséquence est la moindre efficacité de ces derniers lorsqu’ils sont prescrits à des posologies usuelles. À l’inverse, les « métaboliseurs lents » ont une moindre capacité à métaboliser les médicaments et sont exposés à un risque de surdosage. Un dosage plasmatique des psychotropes peut être réalisé en cas de suspicion d’un de ces cas de figure.

Action neurobiologique

L’explication de l’efficacité des psychotropes est principalement fondée sur l’hypothèse monoaminergique de ces molécules qui postule qu’il existe, dans les cas de maladies mentales, un dysfonctionnement des voies monoaminergiques. Il y aurait de fait une corrélation entre les mécanismes neurobiologiques et les effets psycho-comportementaux qui rendrait compte de l’efficacité des traitements. Cette hypothèse a longtemps prévalu dans l’explication de l’efficacité des psychotropes. Les progrès dans la compréhension de la neurotransmission cérébrale et des modes d’action des neurotransmetteurs, ces médiateurs chimiques qui assurent la communication interneuronale et avec d’autres cellules, sont d’ailleurs concomitants avec les découvertes des principales molécules psychotropes. La plupart des psychotropes agissent sur la neurotransmission cérébrale, impliquant divers neurotransmetteurs tels que la sérotonine, la noradrénaline, la dopamine, l’acide γ-aminobutyrique (GABA), ou le glutamate. La dénomination des différentes classes d’antidépresseurs est d’ailleurs fondée sur leur action supposée au niveau des récepteurs ou des systèmes enzymatiques qui régissent leur action (ISRS, par exemple). Dans une hypothèse monoaminergique, il est postulé une corrélation entre les mécanismes neurobiologiques et leurs effets psycho-comportementaux. Cette hypothèse qui a longtemps prévalu est désormais discutée à la lumière de certaines découvertes concernant l’implication[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités - praticien hospitalier (PU-PH), psychiatre, groupe hospitalo-universitaire AP-HP.Centre-université Paris Cité, hôpital Corentin-Celton, Institut de psychiatrie et neurosciences, Inserm 1266
  • : praticien hospitalier (PH), psychiatre, groupe hospitalo-universitaire AP-HP.Centre-université Paris Cité, hôpital Corentin-Celton

Classification

Pour citer cet article

Nicolas HOERTEL et Pierre LAVAUD. PSYCHOPHARMACOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABRÉACTION

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 419 mots

    Terme utilisé en psychiatrie et en psychothérapie et qui traduit l'allemand Abreagiren, mot inconnu sans doute avant Breuer et Freud. Dans le sens le plus général, l'abréaction désigne toute décharge émotionnelle qui permet à un sujet d'extérioriser un affect lié à un souvenir traumatique...

  • ANALEPTIQUES

    • Écrit par Marie-Christine STÉRIN
    • 189 mots

    Drogues qui ont une action stimulante sur le fonctionnement des différents appareils de l'organisme. Les plus connus des analeptiques sont ceux qui agissent sur le système cardio-vasculaire et ceux qui agissent sur le système nerveux (psycho-analeptiques).

    Les analeptiques cardio-vasculaires...

  • BARBITURIQUES

    • Écrit par A. M. HAZEBROUCQ
    • 1 036 mots

    Composés organiques dérivant de la malonylurée improprement appelée acide barbiturique en raison de la forme de ses cristaux « semblables à une lyre » (barbitos), les barbituriques constituent un groupe homogène tant sur le plan chimique que sur le plan pharmacologique. Leur action...

  • DELAY JEAN (1907-1987)

    • Écrit par Jean MÉTELLUS
    • 1 038 mots

    De sa naissance à Bayonne le 14 novembre 1907 jusqu'à sa tétralogie généalogique Avant mémoire, en passant par l'Académie de médecine et l'Académie francaise, chaque moment de la vie de Jean Delay a fait l'objet d'enquêtes, de réflexions, et tout n'a suscité qu'admiration. Delay a-t-il pu...

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Voir aussi