Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

UTILITÉ PRINCIPE D'

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Le droit naturel, principale doctrine rivale

Le « bonheur », entendu comme une vie agréable, le plus possible remplie de joie, a été récusé comme bien suprême par les philosophes qui pensaient, comme Kant, que « notre existence a un but autre, et bien plus noble, que le bonheur » (Fondements de la métaphysique des mœurs, 1785).

D'autres notions telles que la « volonté de Dieu », la conformité avec la Nature, avec la Raison, etc., ont été proposées comme critères de rectitude morale. L'ensemble des lois morales découlant de ces critères (droits et devoirs, obligations et interdits) est souvent désigné par les expressions « droit naturel », « loi de nature » ou « droits (et devoirs) naturels ». Pour Kant, par exemple, le droit naturel est « celui que la raison de tout homme peut concevoir a priori » (Métaphysique des mœurs : doctrine du droit, 1796). Droits et devoirs doivent, d'après lui, être déterminés par la raison pure, et non d'après les leçons tirées de l'expérience de l'humanité en matière de bonheur général.

Les mêmes clivages se retrouvent chez les économistes. Adam Smith (1723-1790), par exemple, adhérait clairement au principe d'utilité : « Toutes les institutions de la société tirent leur valeur [...] uniquement du degré avec lequel elles tendent à promouvoir le bonheur de ceux qui vivent sous leur juridiction. C'est là leur seul usage et leur unique but » (La Théorie des sentiments moraux, 1759). Pour David Ricardo (1772-1823) aussi, « le seul but légitime de tout gouvernement est le bonheur du peuple qui vit sous sa juridiction »... « La démocratie, l'aristocratie et la monarchie doivent être considérées uniquement comme un moyen pour atteindre ce but » (Œuvres, Correspondance, vol. VII). Turgot (1727-1781), en revanche, était un farouche adversaire du principe d'utilité, soutenant que « tout doit tendre non à la plus grande utilité de la société, principe vague et source profonde de mauvaises lois, mais au maintien de la jouissance des droits naturels » (Condorcet, Vie de Monsieur Turgot, 1786).

C'est cette différence de principe éthique qui explique pourquoi Adam Smith pouvait, lorsque c'était justifié par l'utilité publique, admettre l'octroi d'un monopole, alors qu'une telle idée était absolument inadmissible pour Turgot, aux yeux duquel le critère ultime n'est pas l'utilité publique mais le respect des droits (dont la liberté du commerce fait partie).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : président de l'Association pour la diffusion de l'économie politique

Classification

Pour citer cet article

Francisco VERGARA. UTILITÉ PRINCIPE D' [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009