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PIPELINE

Tiré du latin pipa, tuyau, et linea, ligne, le terme anglo-saxon pipeline — également prononcé à la française — s'applique spécifiquement aux systèmes de canalisations à haute pression (jusqu'à 100 bars) utilisés pour le transport à moyenne et grande distance des hydrocarbures liquides et gazeux.

Les débuts du transport par pipeline ont eu lieu aux États-Unis vers les années 1860, en relation avec les premières découvertes de pétrole brut. Utilisé initialement pour des raisons de commodité, le pipeline s'est rapidement imposé sur le plan économique. Son expansion est marquée non seulement par un accroissement des longueurs de canalisations, en exploitation, mais aussi par une augmentation de leur diamètre. La première cause du développement des transports par pipeline est liée à l'accroissement de la consommation des hydrocarbures et à la part prépondérante qu'ils ont prise dans l'approvisionnement des besoins énergétiques.

La seconde, caractéristique de l'économie du pétrole, tient à des besoins élevés en moyens de transport, car les lieux de production sont généralement très éloignés des centres de consommation.

La troisième cause doit être recherchée dans les avantages spécifiques du transport par conduite :

– forme liquide et gazeuse des hydrocarbures, convenant parfaitement à l'acheminement par canalisation ;

– pertes d'énergie minimales (frottement du liquide sur les parois) et contenant fixe (par de tare ni de retour à vide) ;

– trajet presque rectiligne (raccourcissement des distances par rapport aux moyens classiques : bateau, wagon) ;

– insensibilité pratique au relief et aux conditions géographiques (traversée de montagnes, de fleuves, de déserts, de bras de mer) ;

– emprise au sol quasiment nulle, autorisant les cultures et limitant les servitudes et les nuisances ;

– parfaite continuité de marche (pas d'entrave atmosphérique ni climatique) ;

– adaptation très marquée à l'automatisme (main-d'œuvre réduite par l'emploi de techniques d'automatisation très poussées).

On utilise pour la construction des pipelines des aciers ordinaires à haute limite élastique. Connaissant les caractéristiques de l'ouvrage (diamètre et épaisseur de la conduite, nuance d'acier), on peut déterminer l'énergie de pression à fournir au fluide par pompage ou par compression et définir la puissance des installations. Pour les liquides, une formule simple est P = QH/26.5 ρ, dans laquelle P est la puissance en chevaux-vapeur, H la pression en bars, Q le débit en mètres cubes par heure et ρ le rendement des groupes motopompes. Pour les gaz, les formules sont beaucoup plus complexes, car il faut tenir compte de la compressibilité du fluide transporté.

Le coût du transport par pipeline est inversement proportionnel au diamètre, ce qui met l'industrie correspondante en mesure d'améliorer ses prix de revient et d'accroître sa compétitivité. Les ouvrages modernes de transport de pétrole brut ou de gaz naturel ont des diamètres de l'ordre de 1 mètre à 1,20 m, limite pratique des possibilités actuelles de fabrication des usines à tubes, mais des diamètres atteignant 2 mètres sont envisagés dans un proche avenir, en vue du transport économique de grandes quantités de gaz naturel sur de très longues distances. Le développement de l'automatisme, au sens large du terme, affecte les motorisations des ouvrages, la transmission à distance des informations et des ordres. De plus il faut citer les progrès de la sidérurgie permettant la fourniture d'aciers à plus grande limite élastique, des améliorations dans la technologie des matériels, la simplification dans la concentration des ouvrages, ainsi qu'une spécialisation et une mécanisation toujours plus poussées dans la pose des conduites.

— Raymond CABET[...]

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Écrit par

  • : ingénieur des Arts et Manufactures, directeur de la société des transports pétroliers par pipelines, Paris

Classification

Pour citer cet article

Raymond CABET. PIPELINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BAKOU-TBILISSI-CEYHAN OLÉODUC (BTC)

    • Écrit par Marie KNAPIK
    • 516 mots

    L' oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (B.T.C.), du nom des trois villes clés de son tracé, permet d'acheminer le pétrole de la mer Caspienne, depuis l'Azerbaïdjan vers le grand port du sud-est de la Turquie, Ceyhan, via la Géorgie, puis de l'exporter sur les marchés mondiaux, évitant...

  • CASPIENNE, géopolitique

    • Écrit par Garik GALSTYAN
    • 7 458 mots
    ...La voie russe d'acheminement des hydrocarbures caspiens est actuellement composée de trois oléoducs, dont deux existaient déjà à l'époque soviétique. Le pipeline reliant Bakou à Novorossisk (mer Noire) traversait la Tchétchénie, territoire politiquement instable et théâtre d'affrontements militaires...
  • ÉCONOMIE CIRCULAIRE

    • Écrit par Cécile EZVAN
    • 4 905 mots
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    ...matériaux de construction et une société pharmaceutique. Dans les années 1970, le fabricant de matériaux et la raffinerie ont relié leurs usines à l’aide d’un pipeline pour transporter les excès de gaz de la raffinerie et les utiliser comme source d'énergie pour le processus de séchage du gypse et du plâtre....
  • OUVERTURE DU PIPELINE B.T.C.

    • Écrit par Arnaud BALVAY
    • 302 mots

    Le pipeline B.T.C. (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) est un oléoduc qui a été inauguré le 13 juillet 2006. Il permet d'acheminer le pétrole de la mer Caspienne (troisième réserve mondiale de pétrole), depuis Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, jusqu'au grand port de Ceyhan, au sud-est...

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Voir aussi