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PHOTOGENÈSE, biologie

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Signification du phénomène

Par sa disparité même, la bioluminescence touche aux problèmes biologiques les plus variés. Elle permet souvent de les aborder d'une manière privilégiée.

Dans le domaine cytologique, les organes lumineux présentent d'extraordinaires particularités : la lentille intracytoplasmique des Euphausiacés, les mitochondries élaboratrices de Platyura, les microtubules paracristallins des élytres de Polynoïnae ont été brièvement évoqués ici parmi bien d'autres exemples remarquables. Les modalités cytologiques d'élaboration, de stockage, de mise en présence de produits réactifs peuvent être directement étudiées sur des photocytes, grâce à leur traduction lumineuse.

Les systèmes photogènes offrent aux biochimistes des possibilités uniques d'analyse de mécanismes d'action enzymatique : la structure et la conformation stérique de l'enzyme associée à la molécule émettrice conditionnent la couleur de la lumière émise.

Actuellement, le dosage de l'ATP est couramment effectué au photomètre, en présence d'extraits de lucioles, et celui du calcium par son action sur l'aequoréine.

Dans le domaine physiologique, les organismes lumineux, encore fort mal exploités, posent avec une netteté exceptionnelle des problèmes de rythmes, lents ou brefs, de contrôle hormonal ou nerveux, et de régulation. L'étude sémantique des signaux lumineux constitue l'un des domaines les plus prometteurs des communications animales.

Ces différentes recherches feront sans doute progresser aussi une conception d'ensemble de la bioluminescence. Actuellement, la disparité des réalisations biolumineuses conduit à admettre leur origine polyphylétique. Et pourtant, le phénomène photogenèse est trop répandu pour qu'on ne s'efforce pas de lui trouver une « raison d'être » fondamentale.

J. W. Hastings insiste sur la possibilité d'une fonction proprement biochimique de la bioluminescence, qui mènerait, dans tous les cas, à la formation d'un oxydant de haute énergie, peut-être un oxygène singulet excité.

W. D. McElroy et H. H. Seliger ont imaginé que les premiers organismes vivants étaient anaérobies. Lorsque des traces d'oxygène apparurent sur Terre, elles furent toxiques ; la bioluminescence fut le moyen de réduire cet oxygène, la lumière n'ayant aucun rôle. Le mécanisme, rendu désuet lorsque les organismes se mirent à participer de l'air autant que de l'eau, n'en fut pas moins inscrit dans les potentialités adaptatives. Il resurgit chez les animaux les plus divers, se maintint et se plia aux contraintes des milieux peu à peu explorés, des cohésions spécifiques et sociales. Conditions et adaptations si variées, si éloignées des impératifs originaux qu'il est sans doute vain de chercher actuellement une signification commune aux phénomènes photogènes.

— Jean-Marie BASSOT

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Pour citer cet article

Jean-Marie BASSOT. PHOTOGENÈSE, biologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Oxydation de la luciférine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Oxydation de la luciférine

Activation et réduction - crédits : Encyclopædia Universalis France

Activation et réduction

Autres références

  • HASTINGS JOHN WOODLAND dit WOODY (1927-2014)

    • Écrit par
    • 368 mots

    Le biochimiste américain Woody Hastings a posé les bases moléculaire et génétique d’une nouvelle discipline, la photobiologie, en étudiant la production de lumière (luminescence) par des bactéries et des protistes. Il a pu ainsi identifier un mécanisme nouveau de contrôle de l’activité...

  • LUMINESCENCE

    • Écrit par
    • 3 913 mots
    • 6 médias
    ...permet la réaction est une enzyme, qualifiée de luciférase. L’énergie nécessaire est apportée la plupart du temps par l’ATP, le « carburant » des cellules. Il existe plus de 700 espèces bioluminescentes, depuis les bactéries jusqu’aux lucioles en passant par les organismes marins (phyto et zooplanctons, méduses,...