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SCARRON PAUL (1610-1660)

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« Le roman comique »

En 1648, Scarron décida d'écrire un roman. La première partie de l'œuvre parut en 1651, la deuxième en 1657. Intitulée Le Roman comique, elle demeurait inachevée. Une troisième partie aurait dû s'y ajouter. Scarron mourut avant de l'avoir écrite.

L'interprétation de cette œuvre singulière exige des distinctions précises. Il est trop simple de dire que Le Roman comique est réaliste. Il ne décrit pas la réalité avec le souci d'objectivité qui est essentiel au réalisme. Il est vrai que Scarron se plaît à présenter des scènes triviales, qu'il brosse des tableaux étonnants de couleur, que ses personnages sont peints avec un souci admirable du concret. Mais son roman n'est pas réaliste comme l'étaient certaines parties de La Vraye Histoire comique de Francionde Charles Sorel, la Chrysolite d'André Mareschal.

Il serait moins inexact de le définir comme un roman « burlesque ». Les peintures de Scarron laissent souvent deviner des intentions parodiques, et c'est par une parodie en style burlesque que son roman commence. Il tourne en ridicule les vieilles épopées et les romans chevaleresques. Quand il s'attarde à des scènes de coups de poing, il veut très certainement, comme les burlesques, se moquer des combats héroïques et des formidables coups d'épée de l'épopée chevaleresque. La phrase de Sorel sur Le Roman comique est sans doute celle qui éclaire le mieux le chef-d'œuvre de Scarron. Le style particulier de cet auteur, dit-il, « est de faire raillerie de tout », ce qui est proprement le burlesque plutôt que le comique.

Encore convient-il d'y ajouter une remarque sans doute essentielle. Comme beaucoup d'écrivains de son temps, comme Saint-Amant, comme Scudéry, Scarron portait à la peinture contemporaine un intérêt passionné, et nous savons qu'il aimait particulièrement le Bamboche. Le meilleur commentaire de certaines scènes du Roman comique, ce sont les rixes, les déluges de coups de poing, dont le Bamboche avait donné la savoureuse représentation.

Scarron avait inséré dans le Roman comique quatre nouvelles adaptées d'auteurs espagnols. Cinq autres également empruntées à l'Espagne furent publiées en 1655 et 1656. Il portait au genre de la nouvelle une attention toute particulière et en a défini lui-même le caractère. Ces « petites histoires », a-t-il écrit, « sont bien plus près de notre usage et plus à la portée de l'humanité que ces héros de l'Antiquité qui sont quelquefois incommodes à force d'être honnêtes gens ». Ces nouvelles, où le lecteur moderne a souvent le tort de remarquer surtout l'élément romanesque, marquent en fait un effort vers la réalité.

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Écrit par

  • : professeur honoraire à la faculté des sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Antoine ADAM. SCARRON PAUL (1610-1660) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • LE ROMAN COMIQUE, Paul Scarron - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 1 124 mots

    Ex-abbé galant devenu libertin parisien difforme (une tuberculose osseuse eut raison de son apparence), Paul Scarron (1610-1660) cultive le genre burlesque. Proche de la Fronde, puis protégé de Fouquet, enfin époux de Françoise d'Aubigné – future marquise de Maintenon, épouse morganatique de Louis...

  • BURLESQUE, esthétique

    • Écrit par
    • 805 mots

    Mode littéraire qui a fait fureur en France au xviie siècle pendant une dizaine d'années (env. 1643-1653). À genre nouveau, mot nouveau : le terme lui-même est emprunté à l'italien et introduit dans la langue (ou plutôt réintroduit, car il avait déjà été employé, mais avec un sens différent)...

  • COMÉDIE DE CAPE ET D'ÉPÉE

    • Écrit par
    • 358 mots

    Genre dramatique fidèlement adapté de la comedia de capa y espada espagnole qui a connu, de 1640 environ à 1656, une grande vogue en France. Les auteurs français — d'Ouville, l'initiateur du genre (L'Esprit folet, La Dame suivante), Scarron (Jodelet ou le Valet maître...

  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIe s.

    • Écrit par
    • 7 270 mots
    ...peines de cœur pour (sou)rire. Mais voici que la veine bouffonne, celle des comédies visant le rire franc, va trouver sa revanche au milieu du siècle avec Scarron, imitateur infidèle des Espagnols. Dans la comedia ibérique du Siècle d’or, les amants tenaient le devant de la scène et maintenaient le fil...
  • MAINTENON FRANÇOISE D'AUBIGNÉ marquise de (1635-1719)

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