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SOREL CHARLES (1599 ?-1674)

Bien qu'étant un professionnel de la littérature, Charles Sorel répugne à signer ses livres ou bien les signe de pseudonymes, si bien qu'« aujourd'hui encore il n'est pas possible de dresser un catalogue sûr de ses œuvres » (A. Adam). Grand liseur — ainsi qu'en témoigne, entre autres, sa remarquable Bibliothèque françoise ou le choix et l'examen des livres françois qui traitent de l'éloquence, de la philosophie, de la dévotion et de la conduite des mœurs (et aussi de l'histoire), 1664 —, Sorel est un polygraphe qui publie de nombreux et gros volumes. Historiographe du roi à partir de 1635, compilateur, lié aux cercles précieux (et, à ce titre, auteur de dissertations psychologiques et morales, de guides littéraires, de « récréations galantes »), il est surtout connu comme romancier : après plusieurs récits qui marquent une évolution du romanesque au vraisemblable, il fait paraître Francion (1623-1633), son chef-d'œuvre, Le Berger extravagant (1627), qui est, ou plutôt voudrait être, à la littérature pastorale ce que Don Quichotte est aux romans de chevalerie, et Polyandre (1648), qui caricature un certain nombre de types de la société parisienne, en particulier le financier. L'Histoire comique de Francion en laquelle sont descouvertes les plus subtiles finesses et trompeuses inventions, tant des hommes que des femmes de toutes sortes de conditions et d'aages. Non moins profitables pour s'en garder que plaisantes à la lecture... met en scène un jeune gentilhomme gaillard et aventureux qui tient à la fois de Gil Blas de Santillane et de Fabrice del Dongo, et narre à la première personne ses tribulations. Sorel, qui avait coutume de prendre des notes et de mettre « par escrit toutes les choses remarquables qu'il avait ouyes pendant le jour dans les compagnies », promène son héros à travers les milieux les plus divers. Roman picaresque et roman d'apprentissage, peinture de mœurs et portrait d'une individualité forte, Francion, où la pensée est audacieuse (mais prudemment édulcorée dans les rééditions) et le style savoureux, donne de son temps un tableau âpre et vivant.

— Bernard CROQUETTE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Bernard CROQUETTE. SOREL CHARLES (1599 ?-1674) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HISTOIRE COMIQUE DE FRANCION, Charles Sorel - Fiche de lecture

    • Écrit par Christian BIET
    • 1 273 mots

    Face à L'Astrée d'Honoré d'Urfé et aux grands romans de Gomberville, puis de Mlle de Scudéry, le début du xviie siècle développe le genre de « l'histoire ». À la différence du merveilleux, et contre le principe de la pastorale idéalisante, les histoires comiques et...

  • LE ROMAN BOURGEOIS, Antoine Furetière - Fiche de lecture

    • Écrit par Christian BIET
    • 1 206 mots
    L'esthétique de l'anti-roman est propre au xviie siècle. Sorel, avec Le Berger extravagant (1627), parodie L'Astrée, et fait la part belle aux personnages libertins. De même, son Francion (1623) présente un héros passionné par la lecture des « chevaleries », et qui par la suite les vomit....
  • SCARRON PAUL (1610-1660)

    • Écrit par Antoine ADAM
    • 1 339 mots
    ...de poing, il veut très certainement, comme les burlesques, se moquer des combats héroïques et des formidables coups d'épée de l'épopée chevaleresque. La phrase de Sorel sur Le Roman comique est sans doute celle qui éclaire le mieux le chef-d'œuvre de Scarron. Le style particulier de cet auteur, dit-il,...