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COMÉDIE DE CAPE ET D'ÉPÉE

Genre dramatique fidèlement adapté de la comedia de capa y espada espagnole qui a connu, de 1640 environ à 1656, une grande vogue en France. Les auteurs français — d'Ouville, l'initiateur du genre (L'Esprit folet, La Dame suivante), Scarron (Jodelet ou le Valet maître, Le Gardien de soy-mesme), Thomas Corneille (L'Amour à la mode, Le Geolier de soy-mesme), Boisrobert (La Jalouse d'elle mesme, La Folle Gageure) — suivent exactement leurs modèles espagnols (Lope de Vega, Tirso de Molina, Rojas, Calderón, Montalván), reprenant titres et intrigues, noms de personnages et de lieux, cadre et couleur locale. Ils satisfont ainsi le goût du public pour l'« espagnolisme » et pour un certain romanesque, celui des amours passionnées et contrariées, des rendez-vous nocturnes et des duels sanglants. Ces pièces pathétiques ne sont donc pas des « comédies » au sens où nous entendons le mot aujourd'hui (il y a certes une part de comique, mais elle est le plus souvent due à la présence d'un valet, le gracioso espagnol, qui fournira le Sganarelle de Don Juan), et on a pu proposer de les définir comme des « drames romantiques » (certaines adaptations de « comédies » espagnoles ont d'ailleurs reçu le nom de tragi-comédies et même — Le Véritable Saint-Genest de Rotrou par exemple — de tragédies). En dépit de la recherche d'une vérité plus grande que dans le théâtre antérieur et de la création de quelques personnages qui annoncent certains héros de Molière, la comédie de cape et d'épée est brusquement passée de mode lors de l'apparition, avec le Timocrate de Thomas Corneille, d'un genre nouveau, la tragédie ou la tragi-comédie galante, et a été écrasée, aux yeux de la postérité, par la comparaison avec la comédie moliéresque. Elle « n'a produit aucun chef-d'œuvre de grande classe. Mais un genre dramatique qui a enchanté les Français pendant quinze ans représente un moment de notre histoire littéraire, et il n'est pas possible de le négliger » (A. Adam).

— Bernard CROQUETTE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Bernard CROQUETTE. COMÉDIE DE CAPE ET D'ÉPÉE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CALDERÓN DE LA BARCA PEDRO (1600-1681)

    • Écrit par Charles Vincent AUBRUN
    • 2 453 mots
    • 1 média
    Lorsqu'il s'agit d'une comédie de cape et d'épée, le sens littéral est doublé d'un sens moral aisément perceptible : les jeunes gens qui jettent leur gourme et les filles à marier créent un désordre dans les familles et dans les rues que le mariage fait cesser, sanction à la fois divine et sociale....
  • COMEDIA, Espagne

    • Écrit par Charles Vincent AUBRUN
    • 2 605 mots
    Philippe IV monte sur le trône en 1621. Il aime le théâtre et surtout les actrices. Au début de son règne s'épanouit la comédie de cape et d'épée, joyeuse avec ses aventures galantes, ses rixes et ses sérénades. Le jeune Calderón de la Barca y affûte une nouvelle dramaturgie, rapide,...
  • DON JUAN TENORIO, José Zorrilla - Fiche de lecture

    • Écrit par Bernard SESÉ
    • 870 mots
    La pièce se compose de deux parties. L'action se situe à Séville au xvie siècle, à la fin du règne de Charles-Quint. La première partie, en quatre actes, a l'allure d'une comédie de cape et d'épée. Don Juan Tenorio et Don Luis Mejía comparent leurs exploits : conquêtes féminines...
  • SCARRON PAUL (1610-1660)

    • Écrit par Antoine ADAM
    • 1 339 mots
    ...tout neuf pièces. Sept d'entre elles parurent de son vivant ; les deux dernières furent publiées au lendemain de sa mort, en 1662. À cette époque, la comédie espagnole triomphait à Paris. Scarron alla donc chercher ses sujets dans la littérature espagnole, chez Tirso de Molina par exemple et chez Francisco...

Voir aussi