Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PARMESAN (1503-1540)

À Rome et à Bologne

Ce n'était pas avec l'ambition de trouver des clients illustres que Corrège était allé à Rome, mais dans le but bien particulier d'étudier de près les œuvres des artistes les plus célèbres de son temps ; Parmesan, pour sa part, s'y rend avec la certitude de bénéficier de la protection du pape, et il apporte avec lui des tableaux, à titre de « carte de visite » et l'espoir de pouvoir décorer les murs de la salle des papes au Vatican, dont la voûte avait déjà été peinte de « grotesques » par Giovanni d'Udine. Cette espérance sera déçue, et l'artiste ne pourra exécuter aucune fresque, ni à Rome ni pendant son séjour ultérieur à Bologne ; en revanche, il recevra commande de nombreux tableaux destinés à décorer des demeures patriciennes ou d'importantes églises – beaucoup plus nombreux, certes, que ceux qu'il peindra effectivement, dans la mesure où il consacre son temps à d'autres travaux. Il étudie les grands cycles peints par Raphaël et Michel-Ange, ainsi que les œuvres des premiers maniéristes, parmi lesquels Rosso, qui exerçait à Rome à ce moment-là, et Giovanni d'Udine, qui recréait les « grotesques » classiques dans les loges vaticanes ; ce dernier l'aurait incité à visiter et à étudier la Domus Aurea, découverte depuis peu, et qui le séduisit par l'harmonie des couleurs, la structure géométrique et l'étude de la nature dans tous ses aspects, et singulièrement dans les « quatre règnes » dont l'homme est le protagoniste et le seigneur.

Le paysage devient alors un élément toujours plus important et une partie intégrante de la représentation humaine, comme dans la Sainte Famille de la galerie Capodimonte de Naples et dans la Vierge de saint Jérôme, de Londres, exécutées pendant la période romaine ; ou dans le Saint Roch et le donateur (Saint-Pétrone, Bologne), dans la Vierge de sainte Marguerite (Pinacothèque de Bologne) et la Vierge de saint Zacharie (les Offices, Florence) exécutés à Bologne, où Parmesan se rend en 1527 à la suite du « sac de Rome ».

<it>Autoportrait dans un miroir convexe</it>, Parmesan - crédits :  Bridgeman Images

Autoportrait dans un miroir convexe, Parmesan

L'impulsion donnée par la contemplation directe des œuvres classiques de Raphaël et de Michel-Ange fait qu'en quelques années l'art de Parmesan atteint à une maîtrise et à une rigueur rares chez un artiste de son âge. La Vierge à la rose de la Gemäldegalerie de Dresde suffit à illustrer ces nouveaux progrès : avec un art consommé, l'artiste a lié le mouvement circulaire de la tenture au déploiement des vêtements de la Vierge, à la courbe que forment les membres de l'Enfant posé sur ses genoux, au globe qu'il tient dans la main, et enfin à la rose qui constitue le pivot de la composition. Cette évolution est sensible aussi dans les portraits où, à la tendresse pudique de l'Autoportraitde Vienne ou de l'effigie de Paola Gonzague à Fontanellato, se substituent la force et l'intensité du Gentilhomme des Offices et la complexe expressivité de Charles V.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : surintendant des galeries et œuvres d'art médiéval et contemporain pour les provinces de Parme et de Plaisance

Classification

Pour citer cet article

Augusta G. QUINTAVALLE. PARMESAN (1503-1540) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>La Sainte Famille</it>, Parmesan - crédits :  Bridgeman Images

La Sainte Famille, Parmesan

<it>Autoportrait dans un miroir convexe</it>, Parmesan - crédits :  Bridgeman Images

Autoportrait dans un miroir convexe, Parmesan

La Vierge au long cou, Parmesan - crédits : 	Hulton Fine Art Collection/ Getty Images

La Vierge au long cou, Parmesan

Autres références

  • MANIÉRISME

    • Écrit par Sylvie BÉGUIN, Marie-Alice DEBOUT
    • 10 161 mots
    • 34 médias
    ...illusionnisme audacieux les décorateurs maniéristes bien avant les baroques. Dans ses madones, l'élégance des gestes, la grâce sont un prélude aux recherches de Parmesan (1503-1540). Il devait en effet exercer sur ce dernier une influence d'abord prépondérante sur les chantiers du Dôme et de San Giovanni Evangelista....

Voir aussi