Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ORGANISME VIVANT

Reproduction, sexualité, multiplication, répétitivité

La reproduction est d'abord une propriété de la cellule, et la division cellulaire est logiquement la clé de voûte de la reproduction des unicellulaires.

La reproduction des pluricellulaires, nécessairement plus complexe, est fondamentalement sexuée chez les Eucaryotes, c'est-à-dire qu'elle comporte un cycle dont une étape est la fécondation, union de deux cellules en une cellule unique ou zygote. Celui-ci se développe soit en un être de la même organisation que le (ou les) parent(s), soit en un organisme apte à assurer le retour à l'état parental en produisant des cellules génératrices appelées spores. Il s'y ajoute éventuellement une multiplication asexuée de modalités variées qui produit des êtres génétiquement identiques à l'individu initial. Au contraire, le cycle sexué contribue puissamment au renouvellement de la diversité génétique et telle est sans doute la signification profonde de la sexualité qui, très répandue chez les Eucaryotes unicellulaires actuels, existait certainement, sans rôle de reproduction, bien avant l'émergence de l'état pluricellulaire.

Il est possible que les individus issus de la multiplication asexuée d'un fondateur restent unis les uns aux autres. Dans le cas des animaux, l'ensemble ainsi formé est dénommé colonie. Dans une colonie simple, les individus sont tous identiques, mais on connaît des colonies dont les membres sont spécialisés soit dans l'alimentation, soit dans la défense de la colonie, soit dans la reproduction sexuée, etc. La colonie est alors la véritable unité biologique, et, du reste, la présence de volumineux tissus communs rend difficile l'appréciation des limites entre individus.

Plus généralement, la séquence répétition-différenciation est une modalité évolutive répandue, tant dans l'acquisition de l'état pluricellulaire lui-même, qu'à d'autres niveaux de complexité. Le ver de terre, par exemple, présente une double répétitivité, longitudinale car il est pour l'essentiel constitué d'une suite de segments analogues, et bilatérale car dans chaque segment à tout organe de droite (vaisseau sanguin, ganglion nerveux, organe excréteur, etc.) correspond un symétrique à gauche.

La complexité des organismes est pour une large part due aux différenciations de tels éléments répétés. Bien que les bourgeons d'une plante aient en principe tous les mêmes aptitudes, leurs destins dépendent étroitement de leurs positions, selon des règles qui définissent l'architecture de l'organisme : beaucoup restent inactifs, d'autres produisent des axes qui porteront ou non des fleurs. Le rôle majeur des altérations de la répétitivité longitudinale (ou métamérie) dans l'évolution animale est bien illustré par l'organisation des Insectes, constitués de segments dont les plus antérieurs ont fusionné en une tête, les trois suivants formant le thorax, et les onze derniers l'abdomen.

On trouve un phénomène comparable si l'on considère l'être non sous le seul aspect anatomique, mais en tant que système chimique. La multiplication-différenciation des gènes a permis d'augmenter le nombre des réactions réalisables par un organisme et par là même d'affiner ses capacités d'intégration et son indépendance vis-à-vis du milieu extérieur.

— Jean GÉNERMONT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean GÉNERMONT. ORGANISME VIVANT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

    • Écrit par Catherine ZILLER
    • 4 447 mots
    • 4 médias

    Tout être vivant tend à se conserver en tant qu'individu et à se perpétuer en tant que membre d'une espèce. Ces deux tendances reposent l'une et l'autre sur une faculté fondamentale de la matière vivante, la faculté de se reproduire. La reproduction a pu être définie par Buffon (1748) comme...

  • AUTOMATES CELLULAIRES

    • Écrit par Philippe COLLARD
    • 2 345 mots

    L'intelligence artificielle (I.A.), en proposant de concevoir des machines dotées de capacités de « raisonnement », constitue la première tentative pour implanter et étudier sur des médias artificiels certaines caractéristiques du monde vivant. Cet objectif trop ambitieux a conduit l'I.A. à un échec...

  • AUTO-ORGANISATION

    • Écrit par Henri ATLAN
    • 6 255 mots
    • 1 média

    Dans les artefacts, par définition construits par l'homme en vue de fins et suivant des plans déjà définis, la signification des structures et des fonctions est définie par rapport à ces fins. C'est dire que, comme ces fins elles-mêmes, extérieures à la machine qu'elles orientent,...

  • BIOLOGIE - L'être vivant

    • Écrit par Universalis, Andrée TÉTRY
    • 5 069 mots
    • 1 média

    Le terme « biologie » (β́ιος, vie, et λ́ογος, science) désigne la science qui étudie les êtres vivants, la vie. Il est utilisé, pour la première fois par le médecin allemand Gottfried R. Treviranus (1776-1832), dans Biologie oder Philosophie der lebendenNatur (Biologie ou Philosophie...

  • Afficher les 27 références

Voir aussi