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ORACLE

Delphes

Un sanctuaire grec est un lieu élu où le sacré s'est manifesté et continue d'agir : ce que Delphes fut dès le milieu du IIe millénaire. Une sédimentation religieuse particulièrement riche et ancienne y est attestée par des fêtes où transparaissent des rituels initiatiques, par des objets sacrés (laurier, sources, trépied, chaudron, omphalos, feu éternel où les temples profanés allaient demander une flamme pure), par la présence de Pan, des nymphes, des muses, de Dionysos sur le Parnasse. Apollon doit y avoir supplanté des cultes de la Terre, de Thémis, de Poséidon, ainsi qu'un oracle par incubation. Brûlé en 548, le temple fut réédifié grâce à une collecte qui s'étendit jusqu'en Égypte et grâce à la munificence des Alcméonides, alors exilés d'Athènes ; un glissement du sol le détruisit en 373. Les fouilles françaises ont révélé le plan et l'entourage de la construction identique qui le remplaça. Apollon, « interprète de son père », ne fait qu'exprimer la volonté de Zeus. À Claros, au Ptoïon, il parle par un prophète ; à Delphes, où les femmes cependant ne sont pas même admises à consulter personnellement, c'est par la bouche d'une simple fille du pays. Un oracle « par les deux fèves », tiré probablement par la pythie elle-même, dont le dieu guidait la main, devait être accessible en tout temps. Les consultations proprement dites eurent lieu d'abord une fois par an, puis une fois par mois. Le consultant, admis dans un local joignant l'adyton, la chapelle oraculaire, prononce à haute voix la question préalablement mise en forme par les prêtres et souvent ramenée à une simple alternative. La pythie articule une réponse que son assistant, le prophète, transmet au consultant. Aucune pythie délirante n'est décrite avant la littérature tardive, mais toute l'Antiquité a cru en une prophétesse inspirée parlant en état de transe. Cette inspiration à jour fixe est pour nous un problème psychologique. Mais l'éminente sainteté du lieu et les rites préliminaires pouvaient mettre la prêtresse dans un état second ; au surplus, elle n'avait en général qu'à choisir entre deux partis et elle conseillait de s'en tenir à la tradition.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de philosophie et lettres de l'université de Liège

Classification

Pour citer cet article

Marie DELCOURT. ORACLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ADYTON

    • Écrit par Martine Hélène FOURMONT
    • 472 mots

    Terme grec qui désigne tout endroit sacré « dont l'accès est interdit ». Par sa nature même, l'adyton est allié aux édifices de type chthonien ou oraculaire.

    En Sicile où les cultes voués aux divinités infernales, telles Déméter et Koré, resteront fortement enracinés, les temples...

  • AMON

    • Écrit par Universalis, Yvan KOENIG
    • 757 mots
    • 3 médias

    D'origine obscure — hermopolitaine ou thébaine —, le dieu égyptien Amon n'est d'abord qu'une divinité tout à fait secondaire, à la fonction mal définie. Son extraordinaire faveur fut liée à l'ascension des princes thébains. Dieu dynastique sous la XIIe dynastie,...

  • APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES

    • Écrit par Jean HADOT, André PAUL
    • 9 934 mots
    Globalement, cette forme est celle du « livre », homologue et supplétif apocalyptiques de l'« oracle » prophétique. On sait comment ce mot fut introduit par Ézéchiel ; il fut largement honoré par la suite jusqu'à l'Apocalypse de Jean, désignée par son auteur comme « livre prophétique » (...
  • APOLLON, religion romaine

    • Écrit par Catherine SALLES
    • 1 049 mots

    Dieu hellénique, Apollon fit son entrée dans la religion romaine comme médecin (fonction attribuée par les Grecs à Apollon Paian) : lors d'une épidémie en ~ 433, les Romains vouent à Apollon Medicus, « pour la santé du peuple », un temple construit aux prés Flaminiens, en bordure du champ de Mars,...

  • Afficher les 18 références

Voir aussi