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OLFACTION ou ODORAT

Les mécanismes de discrimination olfactive

Comment fonctionne le système olfactif ? Comment l'information moléculaire quantitative et qualitative y est-elle captée, codée et transmise dans un message nerveux ?

Nature des récepteurs moléculaires

On connaît depuis 1991 la nature des récepteurs moléculaires des odeurs. Des travaux de biologie moléculaire ont en effet permis d'identifier dans le neuroépithélium olfactif un vaste ensemble de gènes qui appartiennent à la superfamille des gènes codant de nombreux types de récepteurs de neurotransmetteurs et d'hormones. Ces récepteurs moléculaires sont des protéines à sept segments transmembranaires, associés à une catégorie de protéines dites « protéines G ». Les photorécepteurs de la vision appartiennent à la même superfamille. Si l'on se fonde sur la grande diversité des gènes identifiés, on peut chiffrer à plusieurs centaines, voire à un millier, le nombre de types différents de récepteurs que renferme l'épithélium olfactif d'un mammifère. Cette grande diversité des séquences géniques permet à chaque protéine réceptrice de configurer un site récepteur adapté à une molécule odorante particulière ou, le plus souvent, à un petit ensemble de molécules partageant certaines propriétés structurales.

La liaison de la molécule odorante avec le récepteur déclenche la série d'événements moléculaires qui constituent la transduction du signal sensitif par la cellule sensorielle. Il s'agit d'abord de l'activation, au sein de cette cellule, de protéines G, qui stimuleront, à leur tour, l'activité de l'enzyme adénylyl cyclase. Celle-ci contrôle la production d'adénosine monophosphate cyclique (AMPc) à partir de l'adénosine triphosphate (ATP). L'AMPc, second messager intracellulaire, produit alors l'ouverture de canaux ioniques membranaires, perméables aux ions sodium et calcium. Les courants ioniques ainsi engendrés dépolarisent la membrane du neurorécepteur et induisent ainsi dans son axone un train de potentiels d'action qui cheminent vers le bulbe olfactif. La fréquence des influx est fonction de l'intensité du courant générateur qui dépend elle-même du nombre de récepteurs activés par le stimulus. Au cours de la cascade d'événements enzymatiques, le signal originel a été considérablement amplifié.

Il est possible que les neurorécepteurs possèdent d'autres voies de transduction du stimulus que celle qui conduit à la formation d'AMPc. On a montré en effet que la stimulation de l'épithélium olfactif par certaines odeurs provoque une augmentation de la concentration intracellulaire d'un autre second messager intracellulaire potentiel, l'inositol triphosphate (IP3). Par ailleurs, on ignore encore si tous les récepteurs moléculaires exprimés par un même neurorécepteur sont ou non d'un même type. Quoi qu'il en soit, les récepteurs n'étant pas en général étroitement sélectifs, une substance odorante donnée active plusieurs types de récepteurs portés par de nombreuses cellules, de sorte que la représentation de l'odeur de cette substance est distribuée sur un ensemble ou configuration de neurorécepteurs activés. Différentes substances sollicitent en partie les mêmes neurorécepteurs et en partie des neurorécepteurs différents. On parle ainsi d'un codage plurineuronal de l'odeur.

Au sein du neuroépithélium, les récepteurs sont répartis, selon leurs sensibilités respectives, dans des zones distinctes aux frontières précises. Cette disposition est à l'origine des observations électrophysiologiques qui ont conduit à proposer la notion de « chimiotopie » pour caractériser le fait que le neuroépithélium olfactif n'est pas en tous points également sensible aux mêmes substances odorantes. La chimiotopie introduit une dimension spatiale dans le codage[...]

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Écrit par

  • : professeur de neurosciences, directeur du laboratoire neurosciences et olfaction, unité C.N.R.S., université Claude-Bernard
  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de laboratoire à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

André HOLLEY et Jacques LE MAGNEN. OLFACTION ou ODORAT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Sens : odorat - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Sens : odorat

Électro-olfactogramme recueilli à partir de la muqueuse olfactive de grenouille stimulée par le butanol - crédits : Encyclopædia Universalis France

Électro-olfactogramme recueilli à partir de la muqueuse olfactive de grenouille stimulée par le butanol

Autres références

  • ARÔMES

    • Écrit par Gaston VERNIN
    • 1 089 mots
    • 1 média

    Ensemble de composés volatils odorants émanant d'un aliment et perçu par la voie rétronasale lors de son absorption. Les arômes représentent une composante de la saveur, résultant elle-même de l'ensemble des sensations gustatives et olfactives. Ces molécules, dont la proportion globale...

  • COMPORTEMENT ANIMAL - Communication animale

    • Écrit par Dalila BOVET
    • 4 010 mots
    • 7 médias
    ...pas leur temps à les « visiter ». L'odeur dure environ une heure, ce qui correspond au temps nécessaire à la fleur pour se remplir à nouveau de nectar. Les abeilles peuvent détecter d'où vient une odeur grâce à deux récepteurs olfactifs, un au bout de chaque antenne, appelés chémorécepteurs (tout comme...
  • COMPORTEMENT ANIMAL - Comportement reproducteur

    • Écrit par Marc THÉRY
    • 3 843 mots
    • 5 médias
    Elles sont aussi utilisées par certains mammifères et insectes pour sélectionner leur partenaire. Dans la plupart des cas, l'odeur préférée par les femelles est liée au statut de dominance du mâle. Cependant, c'est chez la femelle de bombyx du mûrier, un papillon de nuit originaire du nord de la Chine...
  • MAMMIFÈRES

    • Écrit par Pierre CLAIRAMBAULT, Robert MANARANCHE, Pierre-Antoine SAINT-ANDRÉ, Michel TRANIER
    • 10 795 mots
    • 20 médias
    L' olfaction occupe une place privilégiée dans l'ensemble de la classe : son plus ou moins grand développement conduit à diviser les Mammifères en macrosmatiques, où l'odorat est très développé, microsmatiques, où il l'est moins, et anosmiques, où il a complètement disparu.
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Voir aussi