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KENZAN OGATA (1663-1743)

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La période d'Edo

En 1731, Kenzan se rendit à Edo dans la suite d'un membre de l'aristocratie et ouvrit un four à Iriya. Il eut alors la clientèle du shōgun et celle des grands daimyō. Dans les dernières années de sa vie, il s'adonna à la peinture dans une série d'œuvres de format moins ample que celles de son frère. L'influence de ce dernier est visible dans certaines de ces compositions, mais il semble s'en être rapidement dégagé, révélant un tempérament plus sensible et plus poétique dans ses Roses trémières traitées sans cerne à l'encre de Chine ; grâce à des nuances très délicates, ces fleurs semblent être modelées à l'aide de couleurs. Il oppose traits appuyés et touches légères dans Une plante et son fruit ainsi que dans les Saules au printemps (au Yamato Bunka-kan, près de Nara). Dans cette peinture, une moitié de la composition est occupée par le tronc d'un vieux saule aux branches fines et souples mouchetées de bourgeons, l'autre moitié portant un poème que l'on attribue à l'artiste. On retrouve cette alliance intime de la calligraphie et de la peinture dans Paniers de fleurs d'automne, où trois corbeilles en bambous disposées sans apprêt s'organisent avec la longue signature, tracée sur le côté gauche : « Peint par Shisui Shinsei, l'oisif de Kyōto, 1739 ». Cette liberté du pinceau se retrouve dans une boîte à vêtements en bois de paulownia qu'il décora, l'année même de sa mort, d'un panier tressé flottant sur l'onde, au-dessus de laquelle se profilent quelques oiseaux rehaussés d'or, tandis que les bords et le revers sont ornés d'herbes folles tracées en couleurs vives.

En 1737, Kenzan rendit visite à des amis dans le village de Sanō, au nord d'Edo Il y séjourna quelques mois et dut y créer quelques céramiques, car ces œuvres furent longtemps imitées dans cette région. Il laissa aussi des disciples à Edo ainsi qu'à Kyōto, et son style fut ainsi perpétué pendant de longues années. Mais les créations de ces émules ont moins d'élégance et les décors aux tons plus violents ne font plus montre de cette sensibilité poétique et raffinée qui donne une valeur toute particulière à l'art de Kenzan. Son nom fut repris par son fils adoptif Ihachi, connu sous le titre de Kenzan II, et la lignée s'est perpétuée jusqu'à nos jours, avec Tomimoto Kenkichi (1886-1963) et Bernard Leach (potier anglais) qui devaient se partager celui de Kenzan VII.

— Madeleine PAUL-DAVID

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Écrit par

  • : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

Classification

Pour citer cet article

Madeleine PAUL-DAVID. KENZAN OGATA (1663-1743) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • JAPON (Arts et culture) - Les arts

    • Écrit par , , , , , , , , , et
    • 56 170 mots
    • 35 médias
    ...des Kanō ou celles empruntées à l'ancien Yamato-e. À l'imitation des Raku, Ninsei fit usage d'un cachet pour identifier ses œuvres. Il initia à son art Ogata Kenzan (1663-1743), descendant avec son frère Kōrin de riches marchands de soieries. Ses premières pièces, de forme simple – des grès à décor peint...
  • LEACH BERNARD (1887-1979)

    • Écrit par
    • 800 mots

    Fils d'un juge du British Colonial Service, Bernard Leach, né à Hong Kong, fut envoyé en Angleterre pour les besoins de son éducation et, à l'âge de seize ans, entra à la Slade School of Art, où il suivit les leçons de dessin de Tonks. Il fréquenta ensuite la London School of Art ; là, Brangwyn lui...