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LEACH BERNARD (1887-1979)

Fils d'un juge du British Colonial Service, Bernard Leach, né à Hong Kong, fut envoyé en Angleterre pour les besoins de son éducation et, à l'âge de seize ans, entra à la Slade School of Art, où il suivit les leçons de dessin de Tonks. Il fréquenta ensuite la London School of Art ; là, Brangwyn lui enseigna l'eau-forte. En 1909, sous l'influence des écrits de Lafcadio Hearn, il se rendit au Japon avec l'intention de gagner sa vie en enseignant l'art ; pour la première démonstration qui fut jamais faite en ce pays sur la technique de l'eau-forte, il utilisa une presse apportée d'Angleterre. Leach se joignit à un groupe de jeunes artistes et intellectuels ; en 1911, il découvrit la céramiqueraku, ce qui l'orienta vers la poterie. Il entra alors dans l'atelier d'Ogata Kenzan, le sixième d'une lignée de grands artisans, dont le fondateur devait faire l'objet d'un des écrits de Leach, Kenzan and his Tradition (Faber, Londres, 1966) ; il s'y initia aux techniques de la céramique raku et du grès. Un de ses compagnons d'atelier était Kenkichi Tomimoto (mort en 1963). Quant à Hamada Shōji (1894-1978), c'est le spectacle du travail de Leach au four construit pour lui par Kenzan à Abiko qui le persuada de se consacrer à la céramique.

Lorsqu'en 1920 Leach et sa famille retournèrent en Angleterre, après avoir passé onze ans au Japon, en Chine et en Corée, Hamada les accompagna. Les deux potiers trouvèrent un terrain à St. Ives, en Cornouailles, et y construisirent un four à bois de type japonais, à trois chambres. Hamada resta trois ans avec Leach. Un second four fut construit en 1922 par T. Matsubyashi, spécialiste de la poterie Asahi (Uji). Ces fours furent adaptés au chauffage au mazout en 1937. Pendant les premières années, des collectionneurs japonais familiarisés avec l'œuvre de Leach par ses expositions annuelles à Tōkyō, apportèrent une aide substantielle à l'atelier de St. Ives. Leach accueillit des élèves, dont un des premiers fut Michael Cardew, et il mit en train un programme d'apprentissage. Un four fut aussi construit à Dartington Hall dans le Devon, et là aussi Leach enseigna. Son fils aîné David (né en 1911) travailla avec lui pendant vingt ans, date à laquelle il installa son propre atelier de poterie. Un autre fils, Michael (né en 1915), travailla lui aussi à St. Ives et ses deux petits-fils furent également potiers. Leach eut pour troisième femme le potier américain Janet Darnell, qui prit la direction de l'atelier de St. Ives. Il cessa son activité de potier au début des années 1970, en raison de l'affaiblissement de sa vue.

Dans son ouvrage A Potter's Book, dont la première édition date de 1940, Leach nous livre non seulement son expérience technique, mais aussi ses idées sur les connaissances philosophiques et esthétiques nécessaires à l'artiste potier. La poterie des dynasties T'ang et Song représentait pour lui la beauté parfaite en matière de céramique ; mais le philosophe Soyetsu Yanagi (1889-1961), l'un de ses plus anciens et plus proches amis, voyait dans l'art de Leach plus d'affinités naturelles avec les œuvres coréennes qu'avec celles de la Chine et du Japon. Il pratiqua d'abord, de 1911 à 1920, la céramique raku et le grès à la manière de Kenzan, puis, jusqu'en 1935, la céramique à engobe de tradition anglaise, enfin le grès, la porcelaine et un peu la céramique à glaçure, cette dernière en collaboration avec sa femme. Ses récipients offrent des formes de plus en plus sévères et une échelle de couleurs réduite. Le décor, généralement figuratif, est parfois appliqué au pinceau, sous ou sur le vernis, mais plus souvent incisé ; Leach utilise aussi soit une réserve en cire mélangée avec de la paraffine, soit de l'argile incrustée. Il ne cessa jamais de dessiner[...]

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Écrit par

  • : F.S.A., senior lecturer in art and archaeology, School of Oriental and African Studies, University of London

Classification

Pour citer cet article

Anthony CHRISTIE. LEACH BERNARD (1887-1979) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HAMADA SHŌJI (1894-1978)

    • Écrit par Madeleine PAUL-DAVID
    • 875 mots

    Décrété « trésor national vivant » en 1955, Hamada Shōji fut l'un des animateurs les plus actifs du mouvement Mingei (art populaire) qui a redonné vie à l'artisanat nippon au cours des années 1930.

    Né à Kawasaki, non loin de Tōkyō, Hamada, qui voulait devenir peintre, fréquenta,...

Voir aussi