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NAXOS

La cité grecque (1100 av. J.-C -400 apr. J.-C.)

Après les troubles de la fin du IIe millénaire et la stabilisation du peuplement grec autour de la mer Égée, Naxos présente durant la période géométrique (1100-700) un profil peu différent de celui du IIe millénaire : les vases trouvés dans les tombes du chef-lieu et à Tsicalario (centre de l'île, près de Chalki) reprennent le décor à motifs abstraits élaboré à Athènes : cercles tracés au compas et méandres hachurés sont les motifs principaux pratiqués par les ateliers naxiens, qui ne suivent pas, au viie siècle, l'évolution rapide des ateliers attiques vers un style figuré de plus en plus animé. Un style subgéométrique, qui n'accepte qu'avec réticence les motifs nouveaux (torsades, lions) venus de l'Orient et les intègre dans une mise en page rigoureuse, subsiste à Naxos durant toute la première moitié du viiie siècle, avant de céder la place à un style figuré polychrome qui culmine avec d'ambitieuses scènes mythologiques. La part respective de Naxos et de sa voisine et rivale Paros dans l'élaboration de ce style insulaire sans équivalent sur le continent est encore discutée. En tout cas, il y a là l'affirmation d'une originalité qui va surtout s'épanouir dans le travail du marbre local.

Il semble bien en effet que ce soit à Naxos, où s'était peut-être perpétué un artisanat de petits objets en marbre, qu'a eu lieu depuis le milieu du viie siècle le passage au marbre pour la sculpture, dont les types essentiels – le couros, jeune homme nu, et la corè, jeune fille vêtue – avaient été précédemment établis en Crète : la plus ancienne statue en marbre et de grandeur naturelle est celle, en marbre de Naxos, que dédia à l'Artémis de Délos la Naxienne Nicandrè (Musée national d'Athènes). Jusqu'à la fin du viie siècle, la prédominance des Naxiens semble avoir été presque absolue (quelques œuvres en marbre local sont attestées peut-être à Paros et sûrement à Thasos), dans l'extraction du marbre plus encore que dans la mise en œuvre : certaines statues de Naxos ne sont pas de style naxien, à Samos notamment. Les carrières principales, situées dans le centre de l'île (Mélanès), sont peu spectaculaires : elles n'ont fait que peler la surface de la couche de marbre au lieu de l'attaquer en front de taille.

Sphinx des Naxiens - crédits : Index/  Bridgeman Images

Sphinx des Naxiens

Dès le dernier quart du viie siècle, les Naxiens se sentent assez sûrs d'eux pour relever le défi de l'Égypte en réalisant des colosses : leur statue votive d'Apollon, à Délos (vers 600), avait plus de 8 mètres de hauteur (base inscrite, ventre et torse conservés in situ), et une statue d'une divinité barbue et vêtue (vie siècle) – Dionysos ( ?), patron de l'île, où il sut consoler Ariane abandonnée par Thésée – restée inachevée dans la carrière d'Apollona, mesure 10,45 m. La sphinge colossale, perchée au sommet d'une fine colonne ionique de 10 mètres de hauteur, que les Naxiens dressèrent dans le sanctuaire d'Apollon, à Delphes, vers 570-560, témoigne de ce goût persistant pour le mégalithisme et les prouesses techniques. Lorsque cette mode encore orientalisante eut passé et que la sculpture évolua vers un rendu précis, parfois miniaturiste, des détails, la position dominante de Naxos se trouva compromise : le marbre local à très gros grains ne se prêtait guère à de tels effets. Les ateliers de sculpture naxiens, qui avaient exporté leurs œuvres dans tout le monde grec (deux couroi naxiens ont été retrouvés à Actium, au sud de l'Épire ; musée du Louvre) périclitent durant la seconde moitié du vie siècle, et le dernier sculpteur naxien connu, Alxénor, signe une stèle funéraire en Béotie, vers 490-480 (Musée national d'Athènes).

Temple d'Apollon à Naxos - crédits : Insight Guides

Temple d'Apollon à Naxos

La contribution de Naxos à l'essor de l'architecture[...]

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Bernard HOLTZMANN. NAXOS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Grèce : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grèce : carte administrative

Naxos, Grèce - crédits : Loop Images/Universal Images Group/ Getty Images

Naxos, Grèce

Statuette en marbre, Naxos - crédits :  Bridgeman Images

Statuette en marbre, Naxos

Autres références

  • CYCLADES ART ET ARCHÉOLOGIE DES

    • Écrit par Jean-Claude POURSAT, René TREUIL
    • 4 783 mots
    • 3 médias
    ...promontoire ou une colline, ont en tout cas des dimensions fort modestes, celles de hameaux ou de villages. Mais, comme le montre l'exemple de Panormos à Naxos, ils peuvent être protégés par une épaisse muraille. On ne sait pas très bien si les maisons sont construites en brique crue sur un soubassement...
  • DÉLOS

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    • 4 médias
    Le sanctuaire acquiert un premier faciès monumental vers la fin du viie siècle, à l'initiative de Naxos, qui domine alors les Cyclades. On y saisit la mutation, décisive pour l'essor de l'art grec, que constitue la maîtrise par les Naxiens du travail du marbre, en sculpture comme en architecture....
  • ÉGÉE MER

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    • 13 359 mots
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    ...jouer un rôle dans ce processus : le seul temple du haut archaïsme qui y soit connu à ce jour, l'« Oïcos des Naxiens » (625-575) de Délos, atteste que Naxos a développé très tôt une architecture en pierre, dont les fouilles d'Iria et de Sangri (Naxos) viennent de fournir de précieux exemples du ...

Voir aussi