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NATALISME

Argumentaires nataliste et non nataliste

Aujourd'hui, en France, les natalistes avancent trois arguments :

– Une faible natalité accroît la charge des retraites en déséquilibrant la pyramide des âges.

– Les enquêtes d'opinion montrent avec régularité que les Français désirent plus d'enfants qu'ils n'en font.

– L'enfant représente un investissement pour la nation. Son coût doit être remboursé à la famille.

Ces arguments entraînent une série de propositions politiques qui, au cours du siècle, écoulé ont englobé le maintien de la femme au foyer, le salaire maternel, la bonification des retraites en fonction du nombre d'enfants, la revalorisation des allocations jusqu'à compenser le coût des enfants, le vote familial (le père obtiendrait un suffrage supplémentaire par enfant).

Les non-natalistes répondent par une autre série d'arguments dont les principaux sont :

– L'enfant fait partie du domaine privé de la vie familiale. Sa venue ne regarde pas l'État mais la famille qui le désire. Ce n'est pas l'équivalent d'un investissement pour l'État, mais d'un bien durable pour la famille.

– Le nombre souhaité d'enfants est plus important que le nombre réel, tout comme le salaire désiré, l'habitat désiré et tout l'ensemble de la vie désirée excèdent la vie réelle, presque par tautologie.

– Le financement des retraites est un problème économique qui doit être résolu au moyen de mesures économiques (capitalisation, répartition, durée de l'activité, taux des retraites, âge à la retraite, formation permanente, etc.). Un relèvement de la natalité n'aurait d'effet (très faible d'abord) que dans plus de vingt ans, lorsque les nouvelles générations entreraient en activité.

Pour ces raisons, les non-natalistes défendent l'égalité des hommes et des femmes particulièrement dans l'accès à l'activité économique, et aux moyens d'éviter les enfants non désirés (contraception et en cas d'échec I.V.G.).

Le conflit théorique le plus aigu se situe au niveau du coût des enfants. Les natalistes avancent une distinction entre égalité verticale (à nombre égal d'enfants, même revenu moyen quel que soit le revenu professionnel) et horizontale (à revenu professionnel égal, même revenu moyen par tête quel que soit le nombre d'enfants). Ils demandent la réalisation de l'égalité horizontale au nom d'une indépendance des deux types d'égalité (l'égalité horizontale serait neutre vis-à-vis de l'inégalité verticale). Les non-natalistes font remarquer que l'on donnerait ainsi plus d'argent à un enfant de riche qu'à un enfant de pauvre, ce qui s'apparente à une mesure antisociale qui renforce l'inégalité des chances des enfants.

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques, directeur du laboratoire de démographie historique au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Hervé LE BRAS. NATALISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Simone Veil, 1974 - crédits : Philippe Ledru/ AKG-images

Simone Veil, 1974

Autres références

  • DÉMOGRAPHIE

    • Écrit par
    • 8 983 mots
    ...et la faiblesse des États constituaient des obstacles au volontarisme. Quelques pays, dont la France et les pays sous influence communiste, ont adopté des politiques d'encouragement à la natalité ou politiques natalistes en instaurant des primes pour les naissances à partir du troisième enfant et des...
  • ESTONIE

    • Écrit par , , et
    • 9 133 mots
    • 4 médias
    ...minorités venues d'autres républiques 7 %. La situation démographique, très préoccupante (le taux de natalité étant inférieur au taux de mortalité), a conduit le gouvernement à adopter une mesure tout à fait nouvelle, accordant aux jeunes mères une allocation égale à une année de salaire à la naissance de leur...
  • FAMILLE - Sociologie

    • Écrit par
    • 5 325 mots
    • 3 médias
    ...fractions des classes dominantes antagonistes des premières, notamment au regard du rôle et de l'importance de l'État dans la gestion des affaires civiles. Les animateurs de cette mouvance qu'on appelle habituellement « nataliste » n'étaient pas des patrons d'entreprise, des hommes d'affaires, des chefs d'industrie,...
  • LOGEMENT SOCIAL

    • Écrit par
    • 4 047 mots
    ...municipalités, la loi gardait l'empreinte de la doctrine libérale qui n'admettait la prise en charge publique que dans le domaine de l'assistance. Toutefois, parce qu'elle visait tout spécialement le logement des « familles nombreuses », cette disposition est aussi le résultat de la montée du thème nataliste,...
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