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ASTURIAS MIGUEL ÁNGEL (1899-1974)

Les romans à thèse

Avec la trilogie de la compagnie « bananière », Asturias porte son engagement aux limites extrêmes. Il avait contribué à la chute du dictateur Estrada Cabrera ; il participera à la lutte contre l'impérialisme des grandes compagnies nord-américaines. Ce combat connaît un moment de triomphe au Guatemala sous la présidence de Juan José Arévalo et surtout de Jacobo Arbenz. Miguel Ángel Asturias s'engage politiquement à côté de celui-ci. Après l'invasion du Guatemala par les marines nord-américains (1954), qui entraîne la chute du gouvernement Arbenz, Asturias part en exil. En 1950, il publie le premier volume de la trilogie, L'Ouragan. En 1954, il publie le deuxième volume, Le Pape vert, et en 1960 le dernier, Les Yeux des enterrés. Entre ces deux livres, il publie Week-end au Guatemala, recueil de nouvelles qui sont plutôt des chroniques sur l'invasion des marines. L'Ouragan est l'épopée des planteurs indépendants. L'action du Pape vert a pour protagoniste Geo Maker Thompson, un contremaître yankee, un exploitant typique. Enfin Les Yeux des enterrés relate la chute de la « bananière » et celle du dictateur Ubico. D'après la légende, les morts ont les yeux ouverts sous la terre jusqu'à ce que la justice arrive. Comme dans le roman, le peuple triomphe de la compagnie et de la dictature, les morts pourront fermer les yeux.

Après Les Yeux des enterrés, Miguel Ángel Asturias a publié Une certaine mulâtresse, dans la ligne des Hommes de maïs, un roman en apparence chaotique, surchargé de symboles mythologiques. Ces ouvrages, par leur richesse, font éclater le cadre du roman traditionnel, tant par leur style imprégné de poésie que par la multiplicité des motifs qui s'entrecroisent. Citons encore La Flaque du mendiant, petit joyau du style poétique et proche des Légendes, et un recueil de nouvelles, Le Miroir de Lida Sal, publié dans la traduction française avant de l'être en espagnol.

La prose d'Asturias est une prose imagée, colorée, rythmée. Cela suffirait à attester le talent poétique de notre auteur. Mais il a composé aussi des recueils de poèmes : Messages indiens et Claireveillée de printemps. Son « surréalisme » de source maya s'épanouit ici en toute liberté.

Miguel Ángel Asturias a écrit deux pièces de théâtre : Soluna, où l'on voit intervenir les thèmes tirés des légendes populaires, et Le Tribunal des frontières, ouvrage inspiré de la vie du père Las Casas, apôtre auprès des Indiens au xvie siècle.

L'œuvre d'Asturias, profondément enracinée dans les traditions indigènes et nationales, s'épanouit bien au-delà de ce régionalisme que l'on est parfois tenté de reprocher à certains écrivains sud-américains et s'inscrit comme un témoignage universel. Le prix Nobel, en 1967, est venu consacrer cette universalité.

— Rubén BAREIRO-SAGUIER

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Écrit par

  • : ambassadeur du Paraguay en France, écrivain
  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'U.E.R. des langues vivantes étrangères de l'université de Caen

Classification

Pour citer cet article

Rubén BAREIRO-SAGUIER et Bernard FOUQUES. ASTURIAS MIGUEL ÁNGEL (1899-1974) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Miguel Ángel Asturias - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Miguel Ángel Asturias

Autres références

  • MONSIEUR LE PRÉSIDENT, Miguel Angel Asturias - Fiche de lecture

    • Écrit par Ève-Marie FELL
    • 1 006 mots

    Né en 1899 dans une famille de la classe moyenne guatémaltèque, Miguel Ángel Asturias est marqué par la longue dictature d'Estrada Cabrera (1898-1920) et par les séismes qui détruisent la capitale en 1917 et 1918. Après des études de droit, il s'installe à Paris en 1924 : années décisives où il...

  • AMÉRIQUE LATINE - Littérature hispano-américaine

    • Écrit par Albert BENSOUSSAN, Michel BERVEILLER, François DELPRAT, Jean-Marie SAINT-LU
    • 16 898 mots
    • 7 médias
    Miguel Ángel Asturias avait transposé au théâtre des légendes du Guatemala dans Cuculcán (1930 ; publié dans Leyendas de Guatemala, Légendes du Guatemala), évocation des cultes mayas, et poétiquement glosé la tradition dans Soluna (1955), hymne à la beauté du Guatemala, à l’union des hommes...

Voir aussi