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CHAPUIS MICHEL (1930-2017)

Michel Chapuis a été, à plus d’un titre, un véritable précurseur. Adversaire déterminé des modernisations mutilantes dont sont victimes les plus beaux instruments de notre patrimoine national, il lutte sans relâche pour que les orgues anciennes soient restaurées dans le strict respect de leur esthétique originelle. Ce faisant, c’est une partie essentielle de la musique française qui sort grâce à lui de l’oubli.

Michel Chapuis naît à Dole (Jura) le 15 janvier 1930. Enfant, il est fasciné par le grand orgue Charles-Joseph Riepp entendu en 1938 dans la collégiale de sa ville natale. En 1943, il s’initie au piano à Dijon avec Émile Poillot. Il commence l’étude de l’orgue en 1945 à Besançon avec Jeanne Marguillard, une ancienne élève de Louis Vierne. De 1947 à 1950, il fréquente à Paris l’école César-Franck où il suit les cours de René Malherbe et Édouard Souberbielle. Il entre en 1950 au Conservatoire de Paris, dans la classe de Marcel Dupré, et en sort, quelques mois plus tard, nanti d’un premier prix d’improvisation et d’exécution. Parallèlement (1949-1951), il est organiste en l’église Saint-Germain-des-Prés. En 1951, il est nommé titulaire du grand orgue de Saint-Germain-l’Auxerrois. Pour parfaire sa connaissance de l’instrument, il travaille pendant deux ans chez le facteur Erwin Müller à Saint-Germain-en-Laye. De 1954 à 1970, il tient l’orgue François-Henri Clicquot de Saint-Nicolas-des-Champs, tout en accompagnant (1954-1963) les offices liturgiques à Notre-Dame de Paris. Titulaire (1964-1995) de l’orgue Alfred Kern de Saint-Séverin dont il suit la restauration, il demande, renouant avec une très ancienne coutume, à partager cette fonction avec Jacques Marichal et Francis Chapelet. De 1995 à 2010, il est titulaire de l’orgue Robert Clicquot de la chapelle royale du château de Versailles.

Dès 1942, Michel Chapuis se plonge dans l’étude des traités anciens – parmi lesquels LInterprétation de la musiquefrançaise (de Lully à la Révolution) d’Eugène Borrel – pour trouver trace des styles pratiqués dans notre passé. Cette quête de l’authenticité lui fait redécouvrir l’usage des notes inégales ainsi que l’art des ornementations et des registrations qui font le charme si particulier de la musique française des xviie et xviiie siècles. À la fois musicologue rigoureux, éblouissant improvisateur et coloriste inspiré, Michel Chapuis ressuscite tout un répertoire délaissé et – sur des instruments appropriés comme ceux dont il a été titulaire ou encore ceux d’Auch, Poitiers, Manosque, Malaucène, Dole, Saint-Maximin et, à Paris, Saint-Louis-en-l’Île ou Saint-Roch – se fait le champion de Balbastre, Boyvin, Clérambault, Corrette, Couperin, Dandrieu, Daquin, Grigny et Roberday, entre autres. Ce qui ne l’empêche nullement de s’illustrer dans des pages écrites par Dietrich Buxtehude et surtout de signer, en interprétant l’œuvre de Jean-Sébastien Bach, l’une des plus remarquables intégrales d’orgue de toute la discographie. Membre de la Commission nationale des monuments historiques (section des orgues), il porte un regard attentif à l’évolution de la facture contemporaine. Il fonde en 1967 l’Association pour la sauvegarde des orgues anciens pour poursuivre et amplifier le combat de toute une vie.

Michel Chapuis a également mené une longue carrière d’enseignant aux conservatoires de Strasbourg (1956-1979), Besançon (1979-1995) et Paris (1986-1995). À compter de 1963, il donne des masterclass très suivies à l’académie d’orgue de Bourgogne et à celle de Saint-Maximin. Il a ainsi transmis son savoir et sa passion à de nombreux disciples, parmi lesquels on peut citer Henri-Franck Beaupérin, Yves Castagnet, Sylvain Ciaravolo, Thierry Escaich, Marina Tchebourkina ou encore Vincent Warnier. Michel Chapuis meurt à Dole le 12 novembre 2017.

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. CHAPUIS MICHEL (1930-2017) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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