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GORKI MAXIME (1868-1936)

Le second exil

Cette conception volontariste et collectiviste de la vie et de l'histoire explique aussi le ralliement de Gorki aux bolcheviks, auxquels il reprocha d'abord violemment (Pensées intempestives, articles de 1917-1918) d'avoir déclenché prématurément la révolution dans un pays arriéré. Ainsi il accuse le « tandem Lénine-Trotski » de faire une « expérience cruelle » sur le peuple russe, et s'effraie du déchaînement des « instincts zoologiques ». Il s'efforce de sauver de la faim ou de l'arrestation écrivains et savants, défend le patrimoine culturel contre le vandalisme, lance d'ambitieux projets éditoriaux. Excédé par sa « vaine agitation », Lénine lui conseille d'aller soigner sa santé à l'étranger. Gorki finit par partir, le 16 octobre 1921, pour un long exil, d'abord en Allemagne et en Tchécoslovaquie, puis à Sorrente à partir de 1924. Il suit attentivement la vie littéraire soviétique, distribuant conseils et critiques. Ses souvenirs et l'étude du passé nourrissent son œuvre : il écrit La Maison Artamonov (1925), un roman de famille sur l'origine et la dégénérescence d'une dynastie de manufacturiers, et s'attelle en 1925 à un roman-fleuve qu'il ne terminera pas, La Vie de Klim Samguine, dédié à Maria Zakrevskaïa, sa secrétaire et nouvelle compagne. Sur fond d'événements historiques vus à travers le prisme d'un antihéros – un avocat raisonneur – Gorki suit la dissolution de l'intelligentsia libérale de 1879 à 1917.

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Écrit par

  • : professeur de langues et littératures slaves à l'université de Caen

Classification

Pour citer cet article

Michel NIQUEUX. GORKI MAXIME (1868-1936) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Les Estivants</em> de M. Gorki, mise en scène de Gérard Desarthe - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Les Estivants de M. Gorki, mise en scène de Gérard Desarthe

Gorki - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Gorki

Autres références

  • DONSKOÏ MARK SEMENOVITCH (1901-1981)

    • Écrit par Gérard LEGRAND
    • 665 mots

    L'un des plus originaux parmi les cinéastes soviétiques est né à Odessa, où son père était ouvrier (la date exacte de sa naissance est inconnue à une ou deux années près). En 1917, la révolution lui « permet de faire des études », comme il le dira plus tard. Après deux années de médecine pendant...

  • ENFANCE, Maxime Gorki - Fiche de lecture

    • Écrit par Michel NIQUEUX
    • 1 063 mots
    • 1 média

    Enfance (1913) est le premier volet de la trilogie autobiographique de Gorki (1868-1936), poursuivie avec En gagnant mon pain (1916) et Mes Universités (1923). Déjà célèbre pour ses Récits et croquis (1898), ses pièces de théâtre (Les Bas-Fonds, 1903), ses romans (La Mère, 1907) et d'autres...

  • LA FABRIQUE DE L'ÉCRIVAIN NATIONAL (A.-M. Thiesse) - Fiche de lecture

    • Écrit par Marie-Ève THÉRENTY
    • 1 358 mots
    • 2 médias
    ...disparaissent des programmes scolaires. Certains sont exécutés (Isaac Babel) ou marginalisés (Mikhaïl Boulgakov), tandis que d’autres, à l’instar de Maxime Gorki, sont glorifiés comme écrivains soviétiques. Dans l’Allemagne nazie, la mise au pas de la culture passe par la destruction des livres, la...
  • RUSSIE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Michel AUCOUTURIER, Marie-Christine AUTANT-MATHIEU, Hélène HENRY, Hélène MÉLAT, Georges NIVAT
    • 23 999 mots
    • 7 médias
    ...publiciste ; il prend chez Bounine la forme d'une vision tragique du bonheur de vivre dont l'acuité n'est jamais mieux ressentie qu'en présence de la mort. La réaction contre le pessimisme s'esquisse dans l'œuvre de Korolenko, et surtout de Maxime Gorki qui prend pour héros, dans ses premiers récits, des vagabonds...

Voir aussi