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NE WIN MAUNG SHU MAUNG (1911-2002)

Né le 24 mai 1911 à Paungdale dans une famille sino-birmane de petit fonctionnaire, Shu Maung fait des études de médecine mais quitte l'université, en 1931, sans diplôme. Employé des postes à Rangoon, il milite au sein du mouvement anticolonial Nous les Birmans (Dobama Asi Ayone). Il y fait la connaissance d'Aung San et le suit avec le groupe des Trente Camarades sur l'île de Hainan, pour bénéficier d'une formation militaire japonaise et constituer l'embryon d'une armée. Il rentre dans son pays avec l'armée nippone quand celle-ci l'envahit, en décembre 1941. C'est pendant la guerre qu'il prend le nom de guerre de Bo Ne Win (Brillant comme le Soleil). Bien que commandant en chef, depuis 1943, de l'Armée nationale birmane mise sur pied par et pour l'Empire du Soleil levant, il rejoint, en mars 1945, avec Aung San, les rangs des Alliés. Alors que les Britanniques restaurent leur autorité, à la différence de nombre de ses camarades entrés en politique, Ne Win reste dans l'armée et commande le 4e régiment des fusiliers, une unité qu'il utilisera plus tard comme noyau de l'armée du nouvel État indépendant. En attendant, il collabore avec le pouvoir colonial.

À l'heure de l'indépendance, le général de brigade Ne Win est adjoint au commandant en chef de l'armée, le général de corps d'armée Smith-Dun, un officier karen qui se retire quelques mois plus tard. D'avril 1949 à septembre 1950, devenu vice-Premier ministre, Ne Win est en charge des Affaires intérieures et de la Défense, tout en continuant d'exercer les fonctions de chef d'état-major, charge qu'il n'abandonnera qu'en 1972. Il exploite les conflits ethniques pour renforcer ses positions et son influence. Il se montre néanmoins à même de contenir les révoltes karen, môn et les ambitions du Parti communiste, soutenu par la république populaire de Chine.

Appelé à diriger le gouvernement d'octobre 1958 à avril 1960 par U Nu qui estime que « c'est le seul moyen de sauver la Birmanie de l'insurrection civile et de l'anarchie », Ne Win tente de moderniser l'administration et de faire face aux éléments séparatistes des États shans. Devant l'agitation politique qui se poursuit, l'officier s'empare de tous les pouvoirs lors d'un coup d'État militaire, le 2 mars 1962. Président du conseil révolutionnaire (1962-1974) puis président de la république socialiste de l'Union de Birmanie (1974-1981), il conduit son pays sur la « voie birmane vers le socialisme », suspend la vie parlementaire et procède à la nationalisation complète de l'économie. Une politique d'autarcie qui conduit le pays à quitter, en 1979, le Mouvement des non-alignés et à entretenir peu de contacts avec l'étranger. Ne Win, bien qu'anglophone, voyage peu : Chine populaire (1965,1974), U.R.S.S. (1965), Pakistan et États-Unis en 1966, Singapour (1968, 1974), Thaïlande (1973), Cambodge (1976). Venu en France en 1984, il ne se rend pas au rendez-vous prévu avec le président Mitterrand en raison de « conditions astrologiques défavorables ». La politique birmane devient xénophobe et ruine le pays alors que l'instabilité politique des années 1950 n'avait pas fait obstacle à la prospérité de l'économie. En 1987, la Birmanie est devenue si pauvre que les Nations unies l'inscrivent sur la liste des pays les moins avancés.

Le cœur du régime est le Parti du programme socialiste birman (B.S.P.P.) dont Ne Win assume la présidence jusqu'à sa démission le 23 juillet 1988. Tout au long de la dictature, Ne Win fait face à de violentes contestations, de la part des communistes en dépit de son admiration pour le président Mao, comme des minorités ethniques (karen, kachin, shan...) ; il connaît une tentative d'assassinat en[...]

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Écrit par

  • : enseignant à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

Christian LECHERVY. NE WIN MAUNG SHU MAUNG (1911-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BIRMANIE (MYANMAR)

    • Écrit par Denise BERNOT, Pierre-Arnaud CHOUVY, Renaud EGRETEAU, Universalis, Bernard Philippe GROSLIER, Jean PERRIN
    • 31 961 mots
    • 18 médias
    ...fédéralisme. C'est pourquoi il fut amené en octobre 1958 à confier les rênes du pouvoir au commandant en chef de l'armée, le général  Ne Win, qui avait joué un rôle important dans la résistance. Le premier régime militaire dura jusqu'aux élections de février 1960, qui consacrèrent la...
  • NU U (1907-1995)

    • Écrit par Philippe DEVILLERS
    • 1 058 mots
    • 1 média

    Premier ministre de la Birmanie (1948-1956, 1957-1958, 1960-1962).

    Né le 25 mai 1907 à Wakema, petite bourgade du delta de l'Irrawaddy, fils aîné d'un petit commerçant, U Nu avait pu faire des études supérieures et accéder à l'université de Rangoon, dont il sortit diplômé en 1929, mais où il revint...

Voir aussi