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KACHIN

Exode nung - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Exode nung

Appellation d'origine birmane qui désigne une population tribale occupant le nord-est de la Birmanie (où ils sont 400 000 environ) et les aires contiguës de l'Inde et de la Chine (132 143 recensés en 2000). Les Kachin se différencient par les diverses langues tibéto-birmanes qu'ils parlent ; on distingue ainsi les Jingphaw (Chingpaw, Singpho), les Atsi, les Maru, les Lashi, les Nung et les Lisu (Yawin). La Constitution birmane de 1947 (abrogée par le général Ne Win en 1962) a fait de l'État kachin une unité semi-autonome dans l'Union fédérale birmane.

Les Kachin sont des habitants des montagnes, mais leur territoire comprend de petites parties de la vallée fertile habitée par les Shan. Les deux groupes sont économiquement interdépendants. Les Kachin pratiquent la culture sur brûlis ; leur principale production est le riz.

Les unités politiques locales sont les groupes de villages, chaque groupe étant dirigé par un chef héréditaire. Les croyances religieuses concernent des esprits de différentes catégories, avec qui l'on communique par l'intermédiaire des chamanes et des devins.

Une grande partie de la technologie kachin actuelle possède un caractère indonésien. Les techniques et le matériel de tissage, le travail du fer et la culture du riz, ainsi que divers ustensiles ménagers (piston à feu, gong de cuivre), sont connus non seulement des peuples montagnards d'Indochine, de Birmanie et d'Assam, mais également des tribus des collines du Sichuan, de Formose, des Philippines, de Bornéo et d'une grande partie de l'Indonésie.

Dans les collines kachin, on rencontre des cas extrêmes de fonctionnalisme linguistique, alors que dans d'autres parties de la même région les divers sous-groupes kachin adoptent volontiers le parler jingphaw. Ces faits peuvent être considérés comme des indices d'idéologies différentes. Les deux concepts clés de la société kachin, celui du gumsa et celui du gumlao, fournissent les structures politiques élémentaires de cette société.

Le gumsa représente la société à la manière d'un grand État féodal, impliquant une hiérarchie et une intégration politique très poussée. Chaque groupe a des rapports bien définis avec les autres groupes. Il semble y avoir une contradiction dans le système kachin entre l'exercice d'une autorité politique aussi centralisée et la survivance de différences locales en matière de langue. Le gumsa kachin est une organisation de type aristocratique où l'entité politique est représentée par un territoire nommé mung, à la tête duquel se trouve un prince de sang aristocratique que l'on appelle le Duwa et qui porte le titre de Zan.

Le gumlao est une forme extrême de système égalitaire qui ne comporte ni différence de classes ni chefs. Le factionnalisme sévit dans les gumlao, chaque petite unité locale étant une entité politique autonome.

Outre la langue, la variante culturelle la plus manifeste dans les collines kachin est l'habillement. Tous les Kachin, sauf les Lisu, habitent le même type de maison ; ils cultivent la terre de manière à peu près semblable, leurs pratiques religieuses sont sensiblement les mêmes et, dans une large mesure, ils ont un fonds commun de mythes et de traditions. Tous les Kachin admettent l'existence d'un système complexe de clans patrilinéaires segmentés suivant des règles compliquées. Les lignages de système clanique sont répartis à travers la région des collines kachin et s'étendent au-delà des frontières linguistiques et coutumières. Les Kachin attachent beaucoup d'importance aux rapports entre individus.

Dans la société kachin, la mobilité sociale est constante et parfois très rapide : ou bien les détenteurs de postes secondaires et peu prestigieux usent de leur influence pour accéder à des fonctions supérieures dont l'autorité est reconnue, ou bien[...]

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Pour citer cet article

Yvan BARBÉ. KACHIN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Exode nung - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Exode nung

Autres références

  • BIRMANIE (MYANMAR)

    • Écrit par Denise BERNOT, Pierre-Arnaud CHOUVY, Renaud EGRETEAU, Universalis, Bernard Philippe GROSLIER, Jean PERRIN
    • 31 961 mots
    • 18 médias
    Ainsi, la Birmanie centrale est un bassin d'effondrement qui s'étire sur 1 000 kilomètres du nord au sud, des montsKachin au delta de l'Irrawaddy, qui débouche dans le golfe de Martaban. Les monts Kachin, qui vont de l'Arunachal Pradesh indien à l'ouest aux contreforts chinois du plateau tibétain...
  • IRRAWADDY

    • Écrit par Surinder M. BHARDWAJ, Thomas R. LEINBACH, Lewis OWEN
    • 2 014 mots
    • 1 média
    Aujourd'hui, les peuples vivant sur les rives de l'Irrawaddy présentent des cultures très diverses. Le bassin supérieur est surtout peuplé de Kachin, qui pratiquent des cultures itinérantes. Les bassins moyen et inférieur sont dominés par les Birmans, qui cultivent le blé, le coton et des oléagineux...
  • SINO-TIBÉTAINES LANGUES

    • Écrit par Maurice COYAUD
    • 1 542 mots
    ...sept sous-genres : le bodish regroupe 1) le tibétain et le kanauri, 2) le bahing et le vaya, 3) l'abor, le miri, le dafla ; le burmish regroupe 1) le kachin, 2) les langues birmo- lolo (birman, akha, lahu, lisu, etc.), 3) le kukinaga, le lushaï. Enfin le barish regroupe les langues bodo, garo, etc....

Voir aussi