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PEREY MARGUERITE (1909-1975)

Physicienne et chimiste française, née à Villemomble et morte à Louciennes, Marguerite Perey obtint en 1929 un diplôme de chimiste et fut engagée par Marie Curie, qui fit d'elle sa préparatrice particulière. Les qualités qui avaient déterminé ce choix se déployèrent au cours d'une étude délicate qui conduisit Marguerite Perey à la découverte en 1939 du premier isotope de l'élément correspondant à la case 87 du tableau périodique de Mendeleïev.

Libérée de toutes obligations professionnelles à la suite de cette découverte, Marguerite Perey put, tout en poursuivant ses recherches, achever une licence et soutenir, le 21 mars 1946, une thèse de doctorat sur l'élément 87. Nommée, aussitôt après, maître de recherche au C.N.R.S., elle occupa, dès 1949, à Strasbourg, une chaire de chimie nucléaire. Mais au moment où s'achevait en 1959 la construction du Centre de recherches nucléaires de Strasbourg-Cronenbourg, elle entrait elle-même dans une longue période de souffrances physiques et morales consécutives aux importantes radiations subies vingt ans plus tôt. Elle allait se voir obligée de ralentir, puis de cesser toute activité. De nombreux témoignages d'amitié et un certain nombre de distinctions l'aidèrent a supporter les épreuves. En 1967, elle participe, à Varsovie, à la célébration du centenaire de Marie Curie, puis, deux ans plus tard à Strasbourg, avec ses élèves, à celle du trentième anniversaire du francium. Elle obtient le grand prix de la Ville de Paris en 1960, puis le prix Lavoisier de l'Académie des sciences, ainsi que la grande médaille de la Société chimique de France. Le 12 mars 1962, elle est élue correspondant de l'Académie des sciences, devenant ainsi la première femme à pouvoir participer aux activités de cette assemblée.

Dès le début de son séjour au laboratoire Curie, Marguerite Perey avait été amenée à étudier un élément encore peu connu, l'actinium 227. Ce radioélément naturel accompagne toujours les terres rares dont il est très difficile à séparer en raison de l'analogie des propriétés chimiques. La concentration de l'actinium dans les terres rares par cristallisation fractionnée (l'échange ionique n'était pas connu) constitue une tâche longue, difficile, ingrate et dangereuse, à laquelle Marguerite Perey a consacré des années de travail. Elle découvre alors une faible anomalie dans l'évolution de l'activité P de l'actinium fraîchement purifié de ses descendants. Le rayonnement P de l'actinium 227 a une énergie si faible qu'il n'avait jamais été observé et le descendant immédiat, le thorium 227, ne devait se former qu'avec une période d'une vingtaine de jours. Or Marguerite Perey décela l'émission d'un rayonnement β énergétique dans les premières minutes qui suivent la fin de la purification de l'actinium. Cette activité tend vers une limite asymptotique en deux heures environ. En janvier 1939, Marguerite Perey montra que cette anomalie était due à la formation d'un corps radioactif de 21 minutes de période, émetteur β, provenant de la désintégration de l'actinium, par une voie latérale que n'affecte que 1 p. 100 du produit mère, alors que 99 p. 100 conduisent vers le thorium.

Cet élément radioactif nouveau qu'elle venait de caractériser par sa période, Marguerite Perey proposa, pour honorer son pays, de lui donner le nom de « francium ».

La découverte du francium fut annoncée à la séance de l'Académie des sciences du 9 janvier 1939 et fit l'objet d'une note dans les comptes rendus, présentée par Jean Perrin et apportant la preuve que le nouvel élément était bien un métal alcalin.

Poursuivant ses travaux sur les propriétés de l'actinium et de ses dérivés, Marguerite Perey établit une nouvelle méthode de fractionnement[...]

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Écrit par

  • : ingénieur E.N.S.M., conseiller technique à la direction des études et recherches d'E.D.F., président du groupement des acousticiens de langue française

Classification

Pour citer cet article

Paul FRANÇOIS. PEREY MARGUERITE (1909-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CURIE LES

    • Écrit par Marcel FRILLEY
    • 4 841 mots
    • 5 médias
    ...à l'élection d'une femme et lui préféra, en 1911, Édouard Branly. Peu après, Marie Curie reçut le prix Nobel de chimie, et c'est près de cinquante ans plus tard que son élève, Marguerite Perey, fut la première femme élue à l'Académie des sciences (en qualité de membre correspondant).

Voir aussi